Saint-Étienne
mercredi 13 novembre 2024
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Brèves

A chaque chiot son pleur et un besoin, démontre la recherche stéphanoise

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Une chienne et sa portée de chiots Beagle. @Romane Philippe ; photo transmise par l’université Jean-Monnet

Et de deux. Après une publication en 2022 dans la britannique Proceedings of the Royal Society B, c’est la non moins prestigieuse revue officielle de l’Académie nationale des sciences des États-Unis, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) qui a récemment mis à l’honneur les recherches de l’Enes autour du pleur des chiots. On ne présente plus l’Enes, ce laboratoire de l’université Jean-Monnet de Saint-Etienne, un des principaux de la planète consacré à la communication animale et habitué de ce type de publications prestigieuses, graal de la reconnaissance et de la visibilité scientifiques. Après avoir exploré en quoi et pourquoi l’humain est émotionnellement sensible aux pleurs des chiots, les dernières études soutenues par l’ANR et menées à Saint-Etienne par Mathilde Massenet, David Reby et Nicolas Mathevon (en collaboration avec l’Université du Québec, à Chicoutimi, le CNRS, l’école vétérinaire Maison-Alfort et l’INRAE), portaient sur la question suivante : au-delà du fait évident d’attirer l’attention, quelles informations les chiennes extraient-elles des pleurs de leurs chiots ?

Une signature vocale individuelle !

4 400 cris produits par plus de 200 chiots Beagle issus de 40 portées différentes ont été enregistrés. « Des analyses acoustiques fines leur ont ensuite permis de montrer que les pleurs contiennent une signature vocale propre à la portée, et, au sein de chaque portée, une signature individuelle… un peu comme si chaque chiot avait un « nom de famille » et un « prénom » ! », explique l’université Jean-Monnet dans un communiqué. Mathilde Massenet, qui a piloté l’ensemble des analyses, ajoute que « ces différences concernent notamment la fréquence fondamentale des pleurs, un paramètre important lié à la hauteur perçue, plus ou moins aigüe ou grave, des vocalisations. Chaque portée possède sa propre gamme de fréquences au sein de laquelle, les chiots relativement plus petits émettent généralement des vocalisations plus aigües ». Ce qui suggère que les pleurs des chiots peuvent transmettre aux mères des informations importantes leur permettant d’identifier acoustiquement leurs chiots et d’évaluer ce dont ils ont besoin.

Les scientifiques ont vérifié cette hypothèse avec des expériences de repasses acoustiques durant lesquelles ils ont présenté aux mères des signaux modifiés avec des méthodes de resynthèse acoustique. Leurs observations sont claires : les chiennes utilisent la hauteur des pleurs pour identifier leurs chiots et évaluer leurs conditions physiques, apportant plus de soins maternels en réponse aux cris de leurs propres chiots particulièrement lorsque ces derniers sont modifiés pour simuler les cris d’un chiot relativement petit de leur portée. « De nombreuses mères apportaient même le haut-parleur dans le nid avec les chiots, montrant qu’en l’absence d’indices olfactifs, les pleurs peuvent à eux seuls déclencher des réactions maternelles extrêmement fortes, ajoute David Reby, responsable de cette étude. Ce comportement assez surprenant nous interroge sur la capacité des mères à former une représentation mentale de leurs petits et ouvre de nouvelles perspectives de recherche en cognition animale ».

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