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mardi 23 avril 2024
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Un chiot qui pleure, ça vous attriste ? Les scientifiques stéphanois disent pourquoi

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Photo d’illustration.

La recherche stéphanoise est, une fois de plus, honorée par une découverte du laboratoire Enes1, l’un des principaux de la planète consacré à la communication animale, auquel If Saint-Etienne a consacré un portrait en mars 2021. Les résultats d’une nouvelle étude du laboratoire de l’université Jean-Monnet ont en effet été publiés ce mercredi 27 avril dans la revue Proceedings of the Royal Society B : Biological Science. Entendre un chiot pleurer induit une forte réaction émotionnelle chez les humains. Pour la plupart, il est très difficile de rester indifférent et la réaction naturelle sera de vérifier si ce petit animal mignon et sans défense a besoin d’aide.

Pourquoi ? C’est l’objet de l’étude menée par Mathilde Massenet, doctorante de l’Enes supervisée par les professeurs David Reby et Nicolas Mathevon, en collaboration avec d’autres instituts et universités français et étrangers2. Les scientifiques se sont concentrés sur un aspect de ces cris, des perturbations vocales ou « phénomènes non linéaires ». Ces irrégularités sont responsables de la rugosité qui caractérise les vocalisations de détresse animales, dont les cris des… bébés humains. Mais affectent-elles réellement notre perception de la détresse des chiots ? Les chercheurs ont utilisé des méthodes innovantes de synthèse sonore pour créer des pleurs de chiots auxquels ils ont ajouté différents niveaux de phénomènes non linéaires.

Tout est dans le chaos !

Chiots Beagle, âgés de 8 semaines, semant le chaos à cor et à cri. ©Mathilde Massenet

Ils ont joué ces stimuli acoustiques à plus de 400 auditeurs humains, dont des éleveurs canins et des vétérinaires, et leur ont demandé d’évaluer le niveau de détresse qu’ils percevaient. Ils ont constaté que les auditeurs étaient sensibles aux propriétés acoustiques des pleurs car ils percevaient des niveaux de détresse plus élevés dans des cris plus chaotiques. Les professionnels, déclarant utiliser régulièrement les pleurs des chiots pour évaluer leur  besoins, ont développé une oreille plus fine car ils prêtaient aussi attention à des perturbations plus subtiles, appelées sous-harmoniques et bandes latérales. Cela suggère que « notre sensibilité à la rugosité des pleurs des chiots est plus développée chez les auditeurs expérimentés afin d’ajuster les soins qu’ils leurs prodiguent », explique Mathilde Massenet.

Les bébés humains aussi ?

Des travaux à venir pourraient évaluer si la domestication a favorisé l’utilisation de phénomènes non linéaires comme moyen d’exploiter l’attention humaine, « en examinant par exemple si les louveteaux produisent aussi des cris avec un tel niveau de rugosité », annonce David Reby. « En effet, ces mêmes irrégularités vocales sont également utilisées par les parents humains pour détecter la détresse et la douleur dans les pleurs de leurs bébés », ajoute Nicolas Mathevon, qui dirige par ailleurs un projet sur la fonction des cris des bébés.

1 Equipe de neuro-ethologie sensorielle.

2 Université de Lund (Suède), Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, France), école vétérinaire Maisons- Alfort (France), et soutien financier de l’ANR (IDEXLyon Fellowship attribué à David Reby) et de l’Institut Universitaire de France (attribué à David Reby et Nicolas Mathevon). L’étude fait partie d’un projet plus large visant à améliorer notre compréhension de la communication vocale chien-humain.

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