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mercredi 9 octobre 2024
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A Saint-Etienne, la professionnelle Sylvie Deluz danse l’hiver à… 83 ans !

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Chorégraphe et fondatrice de la Cie Minuit, la Stéphanoise Pauline Bayard travaille à sa nouvelle création : Rouge (s), les 4 Saisons à partir de Vivaldi mais revisité par Max Richter. Une œuvre où cinq femmes racontent leur ressenti, leurs corps à chaque stade de la vie. Sylvie Deluz incarne l’hiver. Pauline Bayard a convaincu cette danseuse professionnelle de remonter sur scène à… 83 ans. Nous avons pu assister à l’ultime répétition de son solo La chambre de Sylvie associée à l’œuvre principale.   

Sylvie Deluz le 8 juin, à la galerie Ceysson & Bénétière. © If Média/Xavier Alix

Elle a 28 ans et fait danser tous les âges. Chorégraphe, férue de théâtre, photos et cinéma, Pauline Bayard a été formée à plusieurs arts et les rend de nos jours indissociables à travers ses créations privilégiant « la mise en scène des corps ». Après plusieurs années à Paris, la Stéphanoise qui fut membre des Orteils de Sable, compagnie de danse enfants de l’école de Mireille Barlet, a senti en 2020 qu’il était temps de revenir à Saint-Etienne pour Minuit, compagnie qu’elle a créée actuellement soutenue par la Ville de Saint-Etienne au titre de son émergence et abritée à la Comète. Elle y prépare ainsi sa prochaine création : Rouge (s), les 4 Saisons, à partir de de Vivaldi mais revisité par Max Richter. Son œuvre raconte le point de vue de femmes à différents stades de la vie : leurs désirs, leur transmission, leurs relations intra-familiales, leur ressenti vis-à-vis de l’évolution de leur corps…

Un projet que l’on pourra voir dans sa finalité sur les scènes professionnelles à la rentrée. Cependant, des dizaines de Stéphanoises, elles aussi de tous les âges, dès 14 ans, ont pu participer au projet à travers des stages de danse autour de cette même œuvre proposée en collaboration avec l’École de l’Oralité. Comme un prélude, une restitution se déroule ce vendredi 16 juin avec une vingtaine d’entre elles, pour une représentation transgénérationnelle où danseront aussi bien des Josiane que des Fantine, Camille ou Dounia. Autre prélude, passé celui-là, la représentation unique à ce stade de La chambre de Sylvie, qui avait lieu jeudi dernier à la galerie Ceysson & Bénétière dans le cadre du Festival Nouveaux Rêves. Un solo découlant directement de la séquence « hiver » de Rouge (s), les 4 Saisons donné par Sylvie Deluz, âgée de… 83 ans !

Ce que raconte la Chambre de Sylvie

Disons-le : à If, cela a attisé notre curiosité et nous avons ainsi pu assister au « filage », entendre ultime répétition, et le filmer l’après-midi précédent la représentation. Mais aussi échanger avec Sylvie Deluz, toujours enseignante à l’école de danse (et pour tous les âges) « Archipel » de Montpellier où elle est installée avec son mari depuis 1975. Cette professionnelle originaire de Paris danse depuis ses 4 ans et n’était pas montée sur scène depuis ? « Et bien, depuis… Je ne sais plus exactement, je dirais 7 ou 8 ans. J’ai arrêté de l’être régulièrement vers la cinquantaine. Sans frustration non, car on voit bien que l’on perd le niveau et puis se consacrer à enseigner, transmettre, faire réaliser des ballets, de belles chorégraphies, c’est bien aussi. Me voir vieillir, ce n’est alors pas un problème ? Bien sûr que si que c’en est un !, répond-elle à notre maladresse avec le sourire. On a moins d’énergie, ça grince partout ! »

C’est vrai qu’il y a un mouvement, une tendance actuellement à faire appel aux vieux danseurs en se disant qu’ils peuvent encore apporter quelque chose.

Sylvie Deluz

C’est d’ailleurs en grande partie cela que raconte La chambre de Sylvie et « l’hiver d’une femme » qu’elle incarne pour Rouge (s), les 4 Saisons. Dans le solo, se succèdent des phases exprimant le ressenti, la prise de conscience du vieillissement, l’impact physique de celui-ci. Puis, à travers des mouvements plus rapides, plus intenses, les souvenirs joyeux, l’euphorie encore possible, ces sentiments et ces désirs qui ne font que peu de cas de l’âge. Avant que ce dernier ne la rattrape et fasse lâcher le corps. Bien sûr, elle ne peut pas aligner le rythme et l’intensité de Fanny, 25 ans, printemps de Rouge (s), les 4 Saisons. Mais cela reste pour nos yeux 100 % néophytes bluffant. « Je demande à Pauline d’y aller doucement sur ses ambitions mais elle en a bien conscience. On ne se connaissait pas, c’est elle qui m’a appelée pour me proposer le projet. J’ai accepté, maintenant, il faut assumer. »

Un record français ?

La chorégraphe part dans la quête peu évidente d’une danseuse de plus de 80 ans prête à rechausser les chaussons. On lui parle alors de Sylvie Deluz. L’envie est la plus forte. Une conversation suffit à convaincre la créatrice du Théâtre et studio de danse Iseion, qui a longtemps travaillé au sein de la compagnie Jeanine Solane avant de voler de ses propres ailes. Le début d’une prolongation de carrière inattendue ? « Soyons réaliste : ce ne sera pas éternel. On va déjà assurer ce qui arrive, après on verra. C’est vrai qu’il y a un mouvement, une tendance actuellement à faire appel aux vieux danseurs en se disant qu’ils peuvent encore apporter quelque chose plutôt que d’être mis au panier. Mais je ne peux pas vous dire si je bats un record français. Je sais que l’américaine Martha Graham, elle, est parfois remontée sur scène jusqu’à près de 90 ans…» C’est bien sûr, si elle en veut, tout le mal qu’on lui souhaite.

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