A Saint-Etienne, les allégories Métallurgie et Rubanerie ont retrouvé leurs socles
Retirées de leur piédestal respectif il y a environ 6 mois, les deux statues du XIXe siècle, symboles de la prospérité de Saint-Etienne, étaient en rénovation. Les voilà de retour, depuis mercredi, de part et d’autre des marches de l’hôtel de ville.
Il y avait au moins une parité déjà respectée à la fin du XIXe siècle à Saint-Etienne. A gauche, face aux escaliers, Métallurgie. A droite, Rubanerie. Homme et femme, 2,7 m et 3,6 t dans les deux cas. Les deux socles de l’industrie stéphanoise et de sa prospérité initiale, personnifiés et comme divinisés à l’Antique, par ces deux statues symboliques, ont retrouvé mercredi leur place et un peu de leur stature, de part et d’autre des marches de l’hôtel de ville. Elles l’avaient quitté il y a six mois, pour bénéficier de la cinquième rénovation de leur histoire après la remise à neuf de 1949, 1973, 1994 et enfin, 2009 liée à la réfection du perron. A l’époque, le parti pris après étude des couches de peintures successives et relevant la présence de feuilles de cuivre, a été la teinte en oxyde de cuivre donnant cette couleur bleue horizon qui n’aurait pas juré avec un uniforme de poilu (à revoir en illustration de cet article).
A l’issue de leur rénovation 2022/2023 confiée à l’entreprise spécialisée Socra installée à Périgueux, elles auront une teinte plus sombre, parait-il plus proche de celle originale, façon « fonte de fer bronzée ». C’est dans cette matière qu’elles ont été coulées (pas à Saint-Etienne mais en Haute-Marne), d’abord le viril mais ingénieux penseur qu’est Métallurgie en 1872. Puis trois ans après, Rubanerie, jeune fille brandissant et tenant les attributs symboliques de l’industrie de la soie. Le tout pour une somme de 25 000 francs financée non par la communauté mais par un don testamentaire d’Hippolyte Royet (1788-1853), maire d’un Saint-Etienne, ville champignon de 1819 à 1830 puis à nouveau quelques mois en 1848. C’est à ses mandats que l’on doit la construction, à partir de 1822, de l’hôtel de ville alors surmonté d’un dôme.
Une rénovation à 60 000 €
Dans son testament, il désigna les sculpteur Etienne Montagny pour la réalisation de deux statues et lègue pour cela à la Ville 20 000 francs, complétés ensuite par sa sœur. Cette fois-ci, ce sont 60 000 € qui ont été consacrés à leur rénovation. Le retour des deux statues a donné lieu à une soigneuse opération mercredi. Leurs socles respectifs, d’ailleurs récemment tagués lors des manifestations contre les retraites, auront aussi droit à prochain lifting. Probable que la municipalité attende que les colères de mars, voire d’avril, soient passées… A propos de dégradation, la Daphné changée en Lauriers, en bronze doré, ressuscitée (l’originale avait été envoyée par le régime de Pétain, histoire d’aller contribuer à l’effort de guerre nazi) l’an passé par un moulage effectué par l’entreprise Rosini et qui avait repris la place de l’originale en ornant une fontaine de la place Jean-Jaurès, souffre déjà d’une coulure disgracieuse marron-rouge.
Si quelques naïfs pieds nickelés ont aussi essayé de récupérer un peu de sa dorure en la grattant, renseignement pris, il s’agit du résultat d’une problématique difficile à résoudre : saletés et feuilles mortes viennent se coincer dans l’espace entre ses épaules et ses cheveux. Créant, quand il pleut (oui, ça peut arriver), cette trace par réaction chimique. Un nettoyage devrait l’atténuer prochainement. Mais pas de miracle à attendre.
Sources historiques : Dossier documentaire Villes et Pays d’Art et d’Histoire transmis par la Ville de Saint-Etienne.