Saint-Étienne
vendredi 13 décembre 2024
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Avec « Globalisto », les artistes africains donnent le monde à voir différemment

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Jusqu’au 16 octobre 2022, le Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne propose une exposition venant en résonance avec la Biennale design et son continent invité d’honneur : l’Afrique. « Globalisto, une philosophie en mouvement » plonge le visiteur dans une découverte du travail de 19 artistes africains, de différentes générations, en l’invitant à regarder le monde différemment. Avec en toile de fond l’idée d’un monde sans frontières.

Au premier plan, oeuvre de Porky Hefer

« Nous avons la volonté que le musée soit plus inclusif, explique Aurélie Voltz, directrice du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne. Sur les 20 000 oeuvres présentes dans nos collections, 93% ont été créées par des hommes occidentaux… Une caractéristique que l’on retrouve dans l’histoire des musées des Beaux-arts européens et américains. Pour faire écho à la Biennale et parce que l’Afrique est le continent invité de cet événement, nous voulions ouvrir une porte vers une nouvelle conception de la programmation et des expositions. Il est temps de s’ouvrir à d’autres cultures et formes d’art. » Ainsi, l’institution stéphanoise a fait appel à Mo Laudi, artiste sud-africain multidisciplinaire maniant la musique comme les arts plastiques, pour être le commissaire de l’exposition « Globalisto, une philosophie en mouvement ». Une présentation qui permet de découvrir le travail de 19 artistes africains, activistes, philosophes, poètes ou conteurs, de différentes générations, styles et notoriétés.

Voir le monde sous différentes perspectives

Pour Mo Laudi, Globalisto est une « nouvelle philosophie, donnant à voir le monde sous différentes perspectives  » et notamment du point de vue panafricain. Avec l’objectif de bousculer les idées reçues, de questionner le visiteur sur sa propre place par rapport à la post-colonisation.

Ainsi, on se retrouve confronté aux oeuvres du Congolais Sammy Baloji, né en 1978 et interrogeant sur les conséquences de la période coloniale et suggérant que le travail de décolonisation n’est pas terminé.

On s’arrête devant « Cape II », œuvre de Sam Gilliam (artiste décédé le 25 juin dernier) acquise en 1971 par le musée stéphanois – restant aujourd’hui le seul musée français à posséder une œuvre de l’artiste. Un travail qui se rapproche du mouvement Supports/Surfaces où l’artiste décloisonne la toile en la libérant de son châssis et qui exprime le combat pour les changements sociaux à une époque où les personnes noires n’étaient pas considérées comme légitimes pour exercer dans l’art abstrait.

On reste également devant l’oeuvre de Dread Scott, « Quelle est la façon convenable d’exposer un drapeau américain ? », qui invite à fouler la bannière étoilée. Une création qui a fait grand scandale outre-Atlantique et qui est pour la première fois visible hors du sol américain.

On observe avec attention « Song of the Pick », toile de l’un des artistes sud-africains les plus importants, Gerard Sekoto, né en 1913 à Bothshabelo et qui, selon Mo Laudi, est un peu le « père de cette exposition ».

On découvre « Khtbtogone », le récit vidéo de Sara Sadik, artiste née à Bordeaux en 1994, qui met en avant la question de la représentation de la jeunesse diasporique d’Afrique du Nord en France via l’histoire d’un jeune issue des quartiers populaires marseillais qui s’apprête à faire sa demande en mariage. Une aventure qui l’amènera à se découvrir davantage et à se libérer.

Enfin, on tarde forcément dans l’avant-dernière salle où se côtoient les « portraits-monuments » de héros imaginaires de Raphaël Barontini, le nid à taille humaine de Porky Hefer ou l’oeuvre « Restitution : renommer la collection » du commissaire lui-même, restituant son ressenti par rapport au mouvement de libération des Sud-Africains.

« Globalisto, une philosophie en mouvement » à découvrir jusqu’au 16 octobre 2022 au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole


A découvrir également au MAMC cet été :

  • « Méta-photographie » du photographe Thomas Ruff, exposition retraçant 40 ans de carrière de ce photographe allemand. Visible jusqu’au 28 août 2022
  • « Double Je », exposition consacrée à la donation de quelque 180 œuvres au musée de la part de Liliane et Michel Durand-Dessert, galeristes et collectionneurs. Visible jusqu’au 18 septembre 2022.
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