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Le football à « Sainté », le basket à « Saint-Cham » (1/2)

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Inimaginable il y a 20 ans, sauf pour ceux qui l'ont pensée, l'ascension du Saint-Chamond Basket est le fruit d'un patient travail en coulisses. Ici en ce début de saison à la halle Boulloche contre Denain © Laurent Peigue pour SBC Vallée du Gier

C’est avant tout le fruit d’un travail titanesque, d’une addition de bons choix, tous effectués aux bons moments. Le tout « shooté » par une bonne étoile. Qui aurait imaginé, il y a 20 ans, que le Saint-Chamond Basket, alors nouveau venu au 4e échelon national, allait patiemment mais sûrement devenir un solide pensionnaire de Pro B ? Au point de se voir bientôt accorder une salle de 4 000 places et de songer à viser plus haut… Retour sur ce qui a permis au SCB de devenir le second club de sport collectif  de la Métropole stéphanoise.

« Il y a de la place dans cette agglomération pour une autre équipe de très haut niveau que l’ASSE. » Septembre 2014. Roger Paour, qui a succédé, trois ans plus tôt, à la présidence historique de Serge Richier, s’adresse à un parterre dense d’institutionnels, d’entreprises, d’élus et de journalistes au Technopole de Saint-Étienne. La teneur professionnelle de la soirée, son ampleur, ses annonces et son audience avaient de quoi surprendre quiconque n’était pas au fait des ambitions du club.

Que cette présentation ait lieu dans la capitale de la Loire et non à Saint-Chamond ne tenait pas au hasard. Le président du Saint-Chamond Basket Vallée du Gier, alors bon élève de Nationale 1 (3e échelon), martelait ce soir-là que la Pro B était à portée de tir pour son club, voire même, la Pro A à terme. À condition de réfléchir à l’échelle métropolitaine. Six ans plus tard, force est de constater que c’est exactement ce qui s’est passé et qui continue à se passer.

© Laurent Peigue pour SBC Vallée du Gier

Une stabilité dans la gouvernance

Maintenus de justesse en Pro B en 2016 puis à nouveau en 2017, les Couramiauds ont, depuis, disputé les play-offs 2018 et 2019. Avec une 4e place à l’interruption de la saison 2019/20, le soutien ancré des collectivités et du privé, la création d’une salle de 4 000 places assurée, l’horizon semble dégagé et les fondations assez solides pour que ne se répète pas un scenario à la Case rugby ou Sem basket.  « C’est le résultat d’un travail de fond, construit depuis la N2 qui nous a menés là. Nous nous étions alors dit qu’il y avait quelque chose à faire, se souvient Serge Richier, président de 1982 à 2011, encore vice-président aujourd’hui. Je dis « nous » car je ne suis pas le seul à avoir orchestré cette ascension. Je pense à Didier Quiblier, Bernard Karsenti et Roger Paour, actuel président et d’autres encore… » De la transformation du SCB, il faut aussi en retenir la stabilité : seulement deux présidents en 37 ans et quatre entraîneurs en 21 ans…

Des finances solidifiées, pas à pas

« Nous ne présentons jamais un budget sans avoir l’assurance que 90 % des recettes, au moins sont là. Trop de clubs du haut niveau amateur partent sur des saisons avec 30, 40, voire 50 % de revenus virtuels, constate S. Richier. Cela mène souvent à la catastrophe en se mettant la corde au cou. » Question argent, l’année 1999 aura fait date pour le club. Elle marque l’arrivée d’un véritable « starter » financier : le groupe Zannier. Sa signature permet alors au club, promu en Nationale 2, de passer d’un budget de 70 000 à 160 000 euros. Il entraîne dans son sillage, et à force de travail, un accroissement continu des finances, année après année : 200 000 € en 2001/02, 320 000 pour la première en N1 en 2002/03, 469 000 en 2007/08 et 638 000 en 2010/11…

Cette dernière saison, le club redescend en N2. Si le SCB marque alors le pas sportivement, ce ne sera pas le cas… financièrement : « Zannier a maintenu son aide au même niveau. Un message fort qui a rassuré les autres partenaires. On a ainsi pu présenter un budget de 566 000 € pour notre retour en N2. » Plutôt conséquent à ce niveau. Ce qui n’est pas étranger à une remontée immédiate. « Nous sommes restés peut-être trop prudents, trop dans l’idée du maintien, avant cette descente. Même en augmentation, le budget était resté le 13e puis 14e de N2. Nous avons décidé d’être plus ambitieux tout en restant raisonnés », explique S. Richier.  En N1, l’exigence financière se fait en effet à chaque saison toujours plus forte. Mais le SCB parvient à suivre le rythme pour maintenir ses finances à la 10e ou 11e place de la division : 660 000 € en 2012/13,  815 000 € en 2013/14, 904 en 2014/15, année de la montée en Pro B. À l’étage supérieur, malgré un bond à 1,4 M€ en 2015/16, le SCB est logiquement dans les petits budgets, le 16e sur 18.

© Laurent Peigue pour SBC Vallée du Gier

Le retrait de Kidiliz surmonté

En 2017/18, nouveau propriétaire de Zannier, rebaptisé Kidiliz, l’actionnaire chinois Zhejiang Semir Garment se désengage. Le coup est dur. Mais pas de quoi contrer les plans. Le SCB en a désormais suffisamment sous la raquette. La mutuelle Aésio (ex Eovi MCD) reprend le flambeau comme sponsor principal. Environ 150 partenaires soutiennent aujourd’hui à divers degrés le club et 60 % des recettes viennent du secteur privé. Une proportion saine à ce niveau, en progression par rapport à il y a 5 ans (50 % alors) qui n’enlève rien aux soutiens conséquents des Villes de Saint-Chamond, Rive-de-Gier, de la Métropole et du Département. Et la prudence reste de mise : il a fallu attendre la Pro B pour voir un poste non sportif salarié au sein d’un club qui peut compter sur le travail dévoué d’environ 90 bénévoles. Aujourd’hui, ils sont 3,5 équivalents temps plein, commerciaux avant tout, en plus des 20 contrats purement sportifs. Avec 1,8 M€ en 2019/20, le budget était le 13e de Pro B. Mais comme en N1, le statut sportif a lui progressé beaucoup plus vite. Il faut dire que là, ce n’est pas qu’une question d’argent…

Le (bon) choix des hommes

Il travaille aujourd’hui à l’étage supérieur, au sommet de la Pro A, comme directeur du développement de l’Asvel. Nordine Ghrib y a avant assuré diverses autres fonctions, y compris comme adjoint puis entraîneur principal de l’équipe 1. Son précédent club ? Saint-Chamond où il a entraîné durant près de 5 ans l’équipe 1. « Il est arrivé en 2000/01. Il y a eu un avant et un après son passage, estime Serge Richier. Il a donné une orientation plus professionnelle sur notre façon de travailler, touche par touche. » Pas seulement sur le parquet (qui n’en est alors pas encore un) : « On peut citer la création de vestiaires dignes de ce nom, de tout ce qui touche à la logistique, au matériel ou encore au niveau du suivi médical, raconte Bernard Karsenti, bien placé pour le savoir avec sa double casquette de médecin et dirigeant du club. Une vision adaptée, structurante. On a essayé de répondre au mieux. C’était essentiel pour attirer les recrues que nous souhaitions. »

Cet embryon de professionnalisme, couplé à une politique de recrutement spécifique a, en effet, contribué à convaincre des joueurs venus du monde pro à rejoindre les rangs amateurs couramiauds. Xavier Boivin en est le parfait exemple. Formé à l’Asvel, joueur de Pro B et même Pro A (à Bourg-en-Bresse), cet ailier n’était pourtant pas encore trentenaire et aurait pu poursuivre au haut niveau quand il décide de rejoindre le SCB en 2001/02 alors en N2. « Il avait une formation d’ingénieur et réfléchissait déjà à la suite. Notre réseau nous a permis de lui présenter en parallèle du basket, trois propositions professionnelles. Il a ainsi pu intégrer l’entreprise Clextral où il a largement fait son chemin. » Travail + basket : la formule va attirer dans les filets du club d’autres joueurs – Ludovic Patey (Zannier), Alexis Merle (Caisse d’Épargne) pour citer d’autres exemples de cette époque – pouvant prétendre évoluer à un niveau supérieur.

© Laurent Peigue pour SBC Vallée du Gier

Le tournant Thinet

C’est un autre gros poisson, entraîneur celui-là, que le club parvient à faire venir pour la saison 2010/11 : Alain Thinet. Ce Ligérien d’origine fut un joueur de Pro A (Vichy) et Pro B (Roanne) avant d’opérer comme entraîneur dans ces mêmes divisions de 1988 à 2009. En 2010, il était à Nyon, « en première division suisse, trois fois notre budget, se souvient Serge Richier. Il avait envie de revenir dans la région mais avait trois propositions de poste : Le Puy, Saint-Chamond et… Lille qui pouvait le payer deux ou trois fois plus que nous. Mais c’est nous qu’il a choisis. » Alain Thinet, c’est pour Bernard Karsenti, « le coach qu’il fallait pour poursuivre notre structuration. Il est plein de mesure et permet d’attirer des personnalités qui enrichissent encore notre fonctionnement. » Et pourtant, sa première saison correspond à la relégation du club en N2.

« Nous avions fini 14e sur 18 avec 15 victoires et il n’avait pas vraiment mis sa patte à l’effectif. Cela aurait été injuste de l’écarter », explique Serge Richier. À l’instar d’Antonetti à l’ASSE fin 2002, le maintien du coach se révèle une décision de sang-froid plus que pertinente. « Titre de champion de N2 aux dépends des favorissimes Monégasques, Trophée Coupe de France, engouement du public (qui compte dans ses rangs un groupe de supporters depuis 2006/07, les Reds Cats, NDLR) : la saison 2012/13 fut incroyable », en sourit encore Bernard Karsenti. Au point de revenir en N1 avec une carrure et des objectifs d’une autre dimension…

Prochain épisode de notre dossier : le développement métropolitain du SCB Vallée du Gier

Le football à « Sainté », le basket à « Saint-Cham »

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