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jeudi 25 avril 2024
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Montbrison lance une enquête préalable à un nouvel espace muséal GéGé

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Alors que l’ex-site de production de Moingt, fermé en 1979, fait l’objet d’un programme de reconversion immobilière, la Ville de Montbrison a confié à une sociologue une « grande enquête » visant à recueillir des témoignages d’ex travailleurs de l’entreprise et/ou usagers de GéGé. Une contribution capitale à la modernisation muséographique des 150 m2 du musée d’Allard consacrés aux jouets made in Forez.

Les jouets GéGé ne se limitaient pas qu’aux poupées. © Poupées Gégé – Musée d’Allard – Forez Tourisme

Il y a sans doute une belle petite carte à jouer. « Des musées ou des espaces de musées consacrés aux jouets ? Non, effectivement, il n’y en a vraiment pas légion en France. Certains spécifiquement consacrés aux poupées ont d’ailleurs récemment fermé. Comme celui de Guérande (Loire-Atlantique, Ndlr) il y a quelques années. Globalement, l’Histoire du jouet est une thématique peu abordée, peu explorée en France par rapport aux Anglo-Saxons. » Béatrice Guillier, sociologue, sait de quoi elle parle. Recrutée début mai par la Ville de Montbrison – avec le soutien financier de la Région et de l’Etat – pour une mission spécifique qui va durer jusqu’en décembre, elle n’a d’ailleurs pas attendu d’obtenir cette mission pour se pencher sur GéGé.

Le travail de recherche qui vient de lui être confiée sera, pour elle, l’apport final à sa thèse – « Une famille en celluloïd. Etude de la culture matérielle des petites filles en France (1946-1974) » – menée au sein de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris. Pour la Ville de Montbrison, ses travaux serviront de matière première à la modernisation muséographique des 150 m2 de son musée d’Allard consacrés aux jouets GéGé. Difficile de trouver un meilleur CV répondant à l’appel à projets lancé par la municipalité : pour ne parler que formations, en plus d’équivalences obtenues auprès de la Sorbonne (licences de lettres modernes, Histoire de l’art et d’archéologie), s’y lisent des diplômes en Histoire de l’art puis de muséologie tamponnés par la prestigieuse Ecole du Louvre avant ce parcours au sein de l’EHESS agrémenté de collaborations avec la BNF et donc, cette orientation, sur l’univers des jeux d’enfance.

Une histoire marquante des 30 Glorieuses

https://www.youtube.com/watch?v=qntknpgZ8zE

Ceux de GéGé, entreprise fondée en 1933 plus exactement à Moingt, par Germain Giroud (1911-1991) ont particulièrement marqué l’après-guerre : version 1.0 de la société de consommation selon l’angle jouets ayant intégré l’utilisation du plastique. Et pas qu’avec des poupées, bien que cette production ait représenté environ 60 % du chiffres d’affaires des établissements GéGé avec ses musts comme la fameuse Caroline (inspirée de la princesse de Monaco). Mais la marque GéGé, c’était aussi des trains, des jeux scientifiques et éducatifs (le Petit physicien, le Petit biologiste etc.), de construction ou encore les premières voitures télécommandées dotée de commandes… à fils, comme celle avec laquelle le maire Christophe Bazile se revoit « jouer dans le salon » familial. Comme lui, des milliers de Foréziens se souviennent des jouets en soi. Mais finalement, comme de nombreux autres Ligériens et Français tout court.

Les établissements GéGé qui avaient d’autres sites de production qu’à Moingt ont évidemment marqué l’économie locale (et pas que dans la Loire) et donc la sociologie du territoire. Mais aussi l’enfance de toute une génération ayant grandi durant les 30 Glorieuses. Fréquenté par environ 10 000 personnes par an, le Musée d’Allard avait ajouté en 2006 à ses sections consacrées à l’Histoire naturelle et aux Beaux-arts, une exposition permanente baptisée « Jouets, jouez, etc. ». Occupant 150 m2 sur 800, plus de 600 « items », c’est-à-dire des poupées ou autres jouets sur une réserve de plus de 1 000 éléments (dont certains ne sont pas des « GéGé » comme cette collection de poupées du monde) y sont depuis exposés derrière les vitrines éclairées par des néons, le parti pris étant de rappeler les grands magasins de l’époque, le développement de la société de consommation. Mais le traitement des usages mêmes et d’infinis aspects sociologiques liés y est, en revanche, plus que limité.

Trente témoignages à recueillir en France

On peut espérer la réalisation d’une nouvelle muséographie durant l’année 2025en tout cas avant la fin du mandat.

Christophe Bazile, maire de Montbrison

Aussi, il convient, 17 ans plus tard d’approfondir, de moderniser et enfin rendre plus ludique, interactif la muséographie de cet espace. L’apport d’une base « immatérielle » manquante grâce aux témoignages, recueillis et analysés par Béatrice Guillier dans les mois qui viennent sera le socle à ce remaniement. Cela parallèlement à des initiatives entreprises par le musée d’Allard comme celle d’une recherche iconographique. A la suite des appels lancés ou qui seront lancés via l’ensemble des canaux de communication locaux et nationaux (relais via le dispositif Cœur de Ville, réseaux sociaux bien sûr, encarts presse, médiatisation comme celle-ci), Béatrice Guillier espère ainsi s’entretenir avec au moins une trentaine de personnes de la Loire ou d’ailleurs d’ici la fin de l’année.

Il faudra qu’une moitié d’entre eux ait travaillé au sein des établissements GéGé, eux qui ont employé jusqu’à 1 000 personnes dans le pays à leur apogée. « Nous espérons les premiers retours solides destinés à une présentation préalable des travaux de Béatrice Guillier et ce que nous pourrons en faire pour fin 2024-début 2025 (cela devrait ainsi correspondre à la livraison des travaux sur l’ex site de production, Ndlr), annonce Christophe Bazile. Derrière, après l’avoir déjà fait pour les autres collections du musée, on peut espérer la réalisation d’une nouvelle muséographie durant l’année 2025. En tout cas avant la fin du mandat. C’est un investissement dont le montant sera de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’euros. »   

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