Musée d’Art moderne : les raisons de sa fermeture
On ne s’y attendait pas. Lundi, au détour d’un communiqué invitant à profiter des expositions en cours, nous apprenions, comme tout le monde, la fermeture pour une année entière du MAMC+, le Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole, à compter du 11 avril. De lourds travaux de rénovation intérieurs sont en effet nécessaires empêchant toute ouverture au public. Voici lesquels et ce qu’ils vont coûter…
« Ce n’est jamais facile, ni agréable de communiquer sur une telle annonce. Mais il fallait bien commencer à avertir le public », relève Marc Chassaubéné, vice-président en charge de la culture de Saint-Etienne Métropole. « Venez profiter des expositions avant la fermeture pour travaux », clamait lundi un communiqué du Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole destiné au grand public. Rien à voir cependant avec des mesures d’économie de fonctionnement que devrait subir la Métropole en raison de l’explosion des coûts énergétiques ou de l’inflation en général, comme sa Ville centre a déjà commencé à en déployer. Il s’agit, au contraire, d’y effectuer de lourds travaux de rénovation intérieurs pour un montant de 3 M€ TTC.
Car avec ses 35 ans d’âge (il a ouvert le 10 décembre 1987), le bâtiment accuse l’œuvre du temps », constate Marc Chassaubéné. On se souvient des décrochages, il y a quelques années, de ses lettres géantes fixées sur sa façade ou de ces carrés noirs qui la composent, particulièrement visibles depuis l’A72. Pas vraiment la meilleure des publicités. Or, souvent présenté comme le petit dauphin, dans son domaine, de Beaubourg en France, il s’agit d’un des lieux touristiques les plus fréquentés de la Loire ainsi qu’une des « vitrines » mises en avant par Saint-Etienne Métropole. « Des travaux d’entretien, nous en avons réalisé régulièrement depuis 2014 pour des centaines de milliers d’euros cumulés, veut cependant rappeler Marc Chassaubéné. L’étanchéité du toit par exemple. Mais ce que l’on entreprend là, est d’une toute autre ampleur, colossal même. »
Sécurité, conservation : une mise à jour indispensable
Dommage pour la fréquentation des lieux qui, en 2022, n’a pas encore atteint – « La complexification d’organisation des sorties diminue le public scolaire » – mais s’est rapprochée de celle d’avant Covid, soit autour de 50 000 visiteurs contre 62 235 en 2019, 28 360 en 2020 et 29 206 en 2021. Mais Saint-Etienne Métropole n’a pas le choix. L’intercommunalité lancera en effet à partir du 11 avril prochain une vaste mise à jour des systèmes de sécurité mais aussi de conservation – gestion des températures, hydrométrie, etc. – indispensable à un musée de ce calibre. « Les normes dans ces deux domaines évoluent très régulièrement. On ne peut pas toujours suivre à chaque fois mais il était grand temps de se mettre à jour, notamment vis-à-vis des assurances, précise Marc Chassaubéné. En outre, nous sommes labellisés musée de France, la collection est d’ordre nationale et inaliénable. On ne peut pas, légalement, la vendre, ni la détruire. C’est bien sûr une évidence mais la loi en elle-même nous oblige à la bonne conservation des œuvres. »
Les normes dans ces deux domaines évoluent très régulièrement. (…) Il était grand temps de se mettre à jour.
Marc Chassaubéné, vice-président à la Culture de Saint-Etienne Métropole.
Rappelons que certaines de 20 000 œuvres du musée, sans oublier celles temporaires liées aux expositions en cours (300 à 400 par an), valent jusqu’à plusieurs dizaines de millions d’euros. Si cela avait été un temps envisagé, après analyse, la nature des travaux, qui amène de nombreuses nuisances (sonores, poussières) et oblige des ouvertures sur l’extérieur, empêche de laisser ouverte ne serait-ce que de manière tournante, une partie des 3 000 m² d’espaces d’exposition. Ni même les bureaux du personnel d’ailleurs. Sols, cimaise et centrales climatiques vont en effet être réhabilités, voire entièrement remplacés. L’aspect extérieur du musée, lui, n’évoluera pas. Et le musée devrait rouvrir fin avril ou début mai 2024.
Réouverture obligatoire en mai 2024
« Il faudra être dans les temps : on n’a pas le choix, nous avons déjà une programmation fixée à partir de cette période, précise Marc Chassaubéné. Ce genre d’interventions qui oblige à une longue fermeture est toutefois assez courant dans les grands musées. Le meilleur exemple, c’est Beaubourg qui s’apprête à fermer 4 ans. » Le transfert d’une partie des œuvres du musée – elles ne sont pas toutes stockées sur place, un grand nombre l’étant dans deux autres réserves : à la Cité du design et Metrotech -, des ouvrages en consultation bibliothèque Jean-Laud (40 000 !) a déjà commencé. Saint-Etienne Métropole souhaite cependant continuer à faire vivre le musée hors des murs. Il a été demandé aux équipes d’en profiter pour aller à la rencontre de nouveaux publics, scolaires notamment ou dit « empêchés » : personnes en ehpad et/ou en situation de handicap.
Des actions de médiation qui doivent trouver un écho dans chacune des 53 communes de la Métropole. D’autre part, « les visiteurs retrouveront également le musée sur le site de la Cité du Design dans le bâtiment de la Platine » pour une exposition qui doit préfigurer l’idée de la Galerie nationale du design dans le cadre du projet Cité du design 2025. Le plus important reste cependant à venir pour le MAMC+ : le dossier de son extension, qui pourrait donner lieu à un investissement conséquent et même très très conséquent s’il obtenait le soutien de l’Etat, devrait prochainement être mis sur la table métropolitaine…