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dimanche 19 janvier 2025
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Le MedTechLab devrait faire son lit vis-à-vis de l’industrie

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Liées par convention depuis 2018 autour de l’innovation dans le domaine de la santé des seniors, l’école des Mines de Saint-Etienne et Aésio Santé ont créé la plateforme de recherche MedTechLab : un laboratoire de 200 m2 abrité au sein du Campus Innovation Santé, dans le périmètre du CHU. Sa qualification par l’Etat de « Tiers-lieu d’expérimentation » et la somme allant avec doivent lui permettre de franchir un cap vis-à-vis de l’industrialisation des innovations qui y sont développées.

L’appartement expérimental du MedTechLab au campus Innovation Santé (hébergé dans le périmètre du CHU). ©If Saint-Etienne / Xavier Alix

1,2 million d’euros obtenus auprès de l’Etat. Voilà de quoi sécuriser son financement au moins jusqu’en 2027. La somme servira à enrichir ses capacités – entre autres, mais en particulier, humaines – à transférer ses innovations technologiques aux industriels, les adapter à leurs contraintes. Comme nous l’avions rapidement relayé en février dernier, le MedTechLab a été désigné lauréat comme 24 autres candidats du pays de l’appel à projets gouvernemental intitulé « Tiers Lieu d’Expérimentation ». Ce dernier s’inscrit dans la stratégie nationale d’accélération « Santé numérique » du plan France 2030. C’est la capacité, encore rare, expliquent ses protagonistes, et l’Etat lui-même, à fédérer autour d’un même site de recherche technologique des acteurs aussi variés que complémentaires qui lui a valu d’obtenir la qualification et la subvention allant avec.

A commencer par ses deux membres fondateurs (le MedTechLab a été créé il y a 7 ans déjà) : l’école d’ingénieur des Mines de Saint-Etienne et Aésio Santé, l’activité « offre de soins » (200 établissements en France) du groupe Aésio, parallèle à celle de mutuelle / prévoyance. Mais s’y sont aussi associés depuis, outre la « branche » R&D dite « Nouvelle Technologies » d’Aésio Santé, le Gérontopôle Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que l’association Aloess. Cette dernière, basée au Chambon-Feugerolles, propose un accueil de jour pour les personnes atteintes de troubles cognitifs (maladie Alzheimer ou maladies apparentées) et du répit pour les aidants, amenant ainsi son savoir-faire dans la prise en charge relationnelle d’une des catégories de publics visées par les innovations du MedTechLab. D’autres partenaires, comme le CHU de Saint-Etienne naturellement et la Faculté de Médecine de Saint-Etienne sont et seront associés aux travaux.

Lits « intelligents » et dépistage précoce des troubles cognitifs

Le 19 novembre, les membres du consortium et l’Etat étaient représentés pour mettre en lumière le MedTechLab. ©If Saint-Etienne / Xavier Alix

Leurs représentants respectifs s’étaient réunis le 19 novembre pour signer symboliquement un accord de « consortium » en présence du sous-préfet Hugo Le Floc’h, en charge entre autres des dossiers économiques pour les services de l’Etat de la Loire. L’occasion, surtout, de placer sous les projecteurs ce qui se joue ici depuis plusieurs années derrière les murs de ce laboratoire mutualisé. Celui-ci a d’ailleurs deux co-directeurs : Vincent Augusto, côté Mines et Guillaume Gardin, côté Aésio. Selon ces derniers, son mode de fonctionnement n’aurait encore que quelques équivalents en Europe. Hébergé au sein du Campus Innovation Santé, dans le périmètre du CHU, une dizaine d’équivalents temps plein travaille déjà dans ces 200 m2 de « living lab ». Dont environ 70 consacrés à un appartement grandeur nature permettant de tester, souvent sur des vrais patients en conditions réelles, les avancées technologiques issues de cette collaboration, sinon confiées par des entreprises, finançant ainsi aussi la plateforme, pour leur développement. Exemples ? « L’Eslib », décrit comme « un lit intelligent (dit Visiona) équipé d’un capteur ballistocardiographique (BCG). »

L’étude menée actuellement à propos de Visiona « évalue l’efficacité d’un capteur BCG sur un lit médicalisé pour analyser le sommeil, comparé au polysomnographe (considéré comme test de référence), transformant le lit en système d’analyse du sommeil non invasif ». Autre développement en cours : le projet « Ana ». Mené en collaboration avec la start-up Dynseo, il vise à « repérer les troubles cognitifs des séniors au stade précoce via une application sur mobile, un serious game, qui permet de réaliser de façon ludique les tests habituellement utilisés lors d’une consultation mémoire. Cette innovation permettra de faciliter l’accès à un repérage précoce et de proposer une prise en charge adaptée dans les territoires où la démographie médicale est en difficulté ». L’obtention du statut de « Tiers Lieu d’expérimentation » doit contribuer au financement spécifique de ces deux projets. Mais pas seulement.

Cinq nouvelles recrues

Pour Vincent Augusto et Guillaume Gardin, être lauréat signifie en effet être plus visible « auprès des acteurs publics et des industriels : nous pourrons répondre à des Appels à Projets publics auxquels nous ne pouvions pas prétendre et nous serons référencés par l’ANS (Agence du Numérique en Santé) et l’ANAP (Agence Nationale d’Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux) qui pourront désormais flécher les industriels vers nous. Par ailleurs, cette reconnaissance est un virage stratégique qui va nous permettre de nous structurer et de passer à la phase d’étude clinique des preuves de concept clinique de nos projets. Nous pourrons désormais proposer aux industriels un service complet du concept à la réalisation du produit minimal viable, en passant par la formation ». Jusqu’ici, le MedTechLab réalisait des concepts, des études de faisabilité technique et scientifique et des études d’usage.

Grâce aux financements obtenus, son living lab proposera également des études cliniques, des analyses médico-économiques, des études de marché, jusqu’au développement d’un produit minimum viable. Pour acquérir les compétences nécessaires à ce développement, le MedTechLab a complété son équipe en 2024 d’un manager business-marketing de solutions numériques, d’un chef de projets cliniques et même d’une juriste spécialisée en affaires réglementaires pour les dispositifs médicaux ou encore d’un développeur informatique sans oublier un médico-économiste. Cinq recrues pour autant de nouvelles expertises venant compléter celles déjà existantes au sein du living-lab en design, ingénierie des systèmes, management de projets, méthodologie des essais cliniques, sociologie, qualité, ergonomie.

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