Adetests mise un peu plus sur l’épreuve du feu
Filiale du groupe national Emitech, spécialiste de l’essai d’équipements et produits industriels, comme l’est Lefae avec qui elle partage ses locaux couramiauds à Stelytec, la société Adetests met à l’épreuve du feu, de l’eau, des vibrations ou encore des températures extrêmes, bref malmène – c’est le but ! – les matériaux et matériels confiés par ses clients. Parmi eux, ceux de la défense tendent à prendre une place toujours plus forte à la faveur du contexte et d’un agrément pour les essais pyrotechniques officiellement validé au printemps.
Dans ces 2 000 m2, se testent aussi bien « des jouets que des missiles », pouvait-on lire en 2019 chez nos confrères du Progrès à la faveur d’une visite presse organisée par le groupe Emitech à la suite de son installation à Saint-Chamond. « Atypiques », c’est le moins que l’on puisse dire pour qualifier les activités d’Adetests. Et peu soupçonnables aussi, derrière les murs d’un site qui semble bien tranquille et que rien ne distingue des autres implantations à tendance industrielle de la zone Stelytec de Saint-Chamond. Murs que la société partage depuis 5 ans avec Lefae, autre filiale d’Emitech d’une dizaine de salariés, précédemment implantée à Chaponost dans l’Ouest lyonnais.
C’est un ex de Giat Industries, où il était responsable de laboratoire d’essais d’environnement climatiques et mécaniques, Michel Gilbert, qui a créé, en se positionnant justement sur ce créneau, Adetests en 2005 avant son intégration au sein du groupe Emitech (600 collaborateurs, 18 sites, 70 M€ de CA en 2023) en 2010 quand ses locaux se situaient encore à Saint-Etienne. Michel Gibert est parti à la retraite il y a 2 ans et Maxime Ridel lui a succédé comme responsable du centre. « Nous avons évidemment des domaines communs avec Lefae mais il s’agit bien d’une filiale distincte davantage tournée vers les essais pour les secteurs aéronautique – où nous nous positionnons aussi – et automobile. » Le développement de nouvelles batteries a tendance à faire grimper le chiffre d’affaires (CA) de la société sœur entre 2022 et 2023, à 2,3 M€. Celui d’Adetests, 3,2 M€ en 2023 pour une quinzaine de collaborateurs, est davantage stagnant ces dernières années.
Variété des profils clients et des produits
La « faute », sans doute au repli de la dimension R&D dans l’industrie au profit du développement post-covid des sites de production. La petite entreprise a heureusement pour elle cette capacité à travailler pour une grande variété de profils, sous-traitants ou pas : aussi bien des PME, que des start-ups ou des grands comptes nommés par exemple Safran, Thalès ou KNDS (ex Nexter côté français) dont le site couramiaud KNDS CBRN (ex NBC-Sys) fabricant, entre autres mais en particulier de masques à gaz pour l’Armée française, est aussi client de longue date. Il a d’ailleurs carrément implanté dans les locaux d’Adetests dans le cadre d’un partenariat une zone, en location, d’essai pour sa R&D. Variété aussi dans la finalité des tests afin de qualifier, valider les produits : cahier des charges avant mise sur le marché d’un équipement destiné à l’industrie, sinon vendu directement aux consommateurs ; assistance à la R&D ; vérifications de routine de produits finis ou, au contraire, à la suite d’un problématique pour en identifier la cause, etc.
Ce n’est pas pour rien qu’Adetests était une nouvelle fois représentée en juin à Paris à Eurosatory 2024, LE salon de référence mondial le secteur de la Défense et de la Sécurité. Adetests est clairement l’unité d’Emitech la plus tournée vers la Défense. Son activité relève désormais à environ 70 % d’une finalité à visée militaire, proportion qui a tendance à s’accentuer au regard du contexte de réarmement. Sa forêt d’équipements qui peuplent son site, vibrateurs et chambres où prennent place les matériaux avec des volumes variant d’1 à 7 m3, se joue deux grandes familles de tests. Pour environ 40 % de son activité, ils sont d’ordre « climatiques » : résistance à la variation de températures extrêmes de – 80° C à + 180° C (avec la capacité de les faire évoluer au rythme de 10° par min), aux rayonnements solaires, à l’équivalent d’un brouillard salin. La résistance des affichages de sécurité, des combinaisons, des cadrans d’avion et autres lunettes militaires y est par exemple soumise.
Pyrotechnique de destruction et de rupture
L’autre grande famille de tests (60 % de l’activité actuelle) relève du « choc ». De nature vibratoire et pyrotechnique. « Il s’agit souvent de simuler la résistance des stocks de produits lors de leurs transports en camion afin de garantir leur non-dégradation, étaye Maxime Ridel. Il y a aussi bien sûr la capacité à encaisser les chocs vibratoires reçus par un équipement électromécanique lors d’un tir par exemple. » Au niveau pyrotechnique, il s’agit de celle « des actionneurs industriels où les effets pyrotechniques vont servir à actionner des vérins, des poussoirs, des systèmes de largage, pour le spatial par exemple ou de déblocage d’éjection. » Et il y a, enfin, « la pyrotechnique de destruction et de rupture qui concerne les explosions qu’on va retrouver notamment dans le domaine militaire avec des équipement sur missile, voire sur fusée pour le domaine aérospatial. » Dans ce dernier domaine, Adetests vient de passer un cap.
C’est en réponse à un client qui avait besoin d’externaliser ses campagnes d’essais sur équipements pyrotechniques qu’Adetests a en effet lancé en 2021 son étude de faisabilité et sécurité dans ce domaine (plus de 150 000 € d’investissement tout de même), le laboratoire disposant au préalable des moyens dédiés à cette typologie d’essais. « Ce type de demande était croissante, c’est pourquoi nous avons décidé d’entamer les démarches afin de nous mettre en conformité avec la législation qui est très spécifique », expliquait déjà Maxime Ridel il y a quelques mois dans un communiqué de son groupe annonçant la validation de son agrément technique après avoir suivi un cahier des charges pointilleux et mis en place des procédés et de nouvelles installations tout aussi exigeantes en la matière. Le responsable du centre espère voir cette activité précise continuer à progresser et dépasser les 200 000 € de CA en 2024, soit plus de 6 % du CA actuel.
Nouvelle piste de développement, pas forcément guidée elle par le secteur militaire elle mais encore suscitée par les besoins exprimés de clients : la connectique des équipements informatiques. L’intensification de leurs arrachages et accouplements à répétition valent bien aussi de les connecter à de plus scrupuleux essais de résistance.