Agroalimentaire : un consortium pour nourrir la formation dans la Loire
Afin d’alimenter en recrues qualifiées dont manque une industrie qui pèse son poids sur l’économie de la Loire, les clusters du secteur locaux et régionaux – Pôle Agro 42 et Ifria Auvergne-Rhône-Alpes – et des organismes de formation – Greta CFA Loire, lycée Etienne Mimard, Campus Agronova (Précieux), IUT de Saint-Etienne – avec l’appui de Saint-Etienne Métropole veulent développer des nouvelles formations répondant aux besoins. Déjà sur la table en en attendant d’autres : le BTS en alternance Bioqualim, à l’œuvre depuis septembre.
L’industrie agroalimentaire : combien de divisions dans la Loire ? Selon la dernière édition des Chiffres clés de la CCI – celle 2024 – qui présente des données épousant la nomenclature officielle des activités française (NAF 2008) associant l’agro-alimentaire – pour une raison qui nous échappe – à la transformation du tabac, 8 505 salariés du privé travaillaient, hors intérim, au 31 décembre 2022 dans la « fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac ». Soit 17,2 % des postes fournis par l’industrie (représentant environ un quart de l’emploi salarié total dans la Loire) dans le département. Loin derrière la métallurgie mais loin devant le 3e secteur, le textile. C’est dire l’importance de l’agroalimentaire pour la Loire.
Ce que ne dément pas un autre document – et donc basé sur une autre méthodologie / typologie – malgré des chiffres, différents, plus précis mais quelque peu plus modestes (nous doutons que ce soit l’industrie du tabac dans la Loire qui fasse la différence…) : celui réalisé par le pôle Intelligence Economique et Territoriale (IET) d’Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises avec la participation de l’Association régionale des Industries agroalimentaires en Auvergne-Rhône-Alpes (Aria). Selon ce document, un « portrait de filière » publié en octobre 2024, Les Industries agroalimentaires en Auvergne-Rhône-Alpes, les 99 établissements (correspondant à 66 entreprises différentes) localisés dans le département de la Loire emploient 6 242 salariés. Ils génèrent 3,243 Md€ de chiffre d’affaires, en progression de 10 % entre 2021 et 2022 puis de 12 % entre 2022 et 2023. De la TPE artisanale ou même le volet transformation d’une Gaec comptant quelques salariés à la présence d’un ou plusieurs établissements d’ETI ou même plus (le groupe Nestlé est aussi présent dans la Loire, via une usine à Veauche) en passant par les PME indépendantes. Les profils et productions des entreprises sont extrêmement variés.
Question d’image ?
A l’image des entreprises ligériennes ou altiligériennes qui viennent de recruter en alternance les six premiers étudiants du BTS Bioqualim lancé en septembre dernier dans la Loire : Café Chapuis (30 salariés à Saint-Etienne), AFFrais (230 salariés à La Talaudière), Salaisons du Lignon (216 à Saint-Maurice-sur-Lignon), Les Confituriers du Vieux Chérier (12 à Pouilly-les-Nonains), Gaec La Ferme Pays (6 salariés à Vergezac), Maison Collet (130 répartis sur trois sites ; siège social à Renaison). Question d’image ? Celle parfois fortement écornée par des exemples médiatisés, certes aussi détestables que spectaculaires, mais qui ne sont très loin d’être la règle, insistent des chefs d’entreprises locaux… Comme la métallurgie qui le souligne depuis des années via l’UIMM, cette industrie aussi a du mal à recruter. En particulier en ce qui concerne les postes toujours plus qualifiés de (à ne pas confondre avec celui d’opérateurs) de conducteurs de ligne et techniciens de maintenance réclamant toujours plus de compétences, dans un contexte d’innovation pour conserver les marges, donc d’exigence plus poussée de modernisation, de qualité et précision des process.
« Certes, nos petites entreprises ne peuvent pas payer autant que des grands groupes. Mais eux aussi ont du mal sur le recrutement. Voire davantage et avec un fort turnover. Ce que nous garantissons bien dans nos structures familiales, c’est une autre ambiance, une réelle RSE… », argue Philippe Doron associé gérant des Confitures du vieux Chérier. Plus de sens sans doute aussi à l’œuvre du quotidien. Le dirigeant de la tout juste PME était présent à Saint-Etienne ce vendredi 10 janvier derrière les murs du lycée professionnel Etienne-Mimard à l’invitation de Saint-Etienne Métropole. Parce que la collectivité continue à vouloir développer et multiplier les formations étudiantes sur son territoire – en espérant voir les formés rester – avec cet objectif, rappelé par Charles Dallara, conseiller métropolitain stéphanois délégué à l’enseignement supérieur : « Atteindre les 40 000 étudiants sur l’agglomération à l’horizon 2035. Nous en sommes à 30 000 contre 20 000 en 2014. » Le constat des manques de manœuvre qualifiée dans le département a été relayé auprès de la Métropole il y a environ 2 ans par le Pôle Agro 42 qui fédère la plupart des entreprises du secteur dans le département.
D’autres formations à venir
L’enjeu est d’autant plus crucial lorsqu’on lit que 41 % – ce chiffre-là est régional – des salariés de l’industrie agro-alimentaire ont plus de 45 ans en Auvergne-Rhône-Alpes. De quoi susciter à la jonction des planètes, la création de nouvelles formations via ce qui est appelé un « consortium » réunissant outre l’intercommunalité, les clusters du secteur locaux et régionaux que sont le Pôle Agro 42 et Ifria Auvergne-Rhône-Alpes et les organismes de formation que sont le Greta CFA Loire, le lycée Etienne-Mimard, le campus Agronova (Précieux), IUT de Saint-Etienne. L’avant dernier cité qui dépend du ministère de l’Agriculture et forme dans le Forez, près de Montbrison, entre autres, mais déjà dans le domaine de l’industrie agroalimentaire vient d’investir dans un plateau technique à plus de 20 000 € afin d’assurer en partie la formation des six premiers étudiants du BTS Bioqualim lancé en septembre dans le cadre de ce consortium. Un BTS en alternance donc dans les entreprises et dont le volet théorique est pour l’autre partie accueilli par le lycée professionnelle Etienne-Mimard.
La formation doit répondre aux besoins les plus urgents et aurait déjà les moyens d’accueillir davantage de jeunes candidats, au moins une dizaine supplémentaire. Si besoin, elle pourrait élargir encore son nombre de places. Le diplôme – un BTSA exactement – d’un niveau présenté comme jusque-là inexistant dans la Loire – vise à « certifier des techniciens supérieurs dans le domaine de la transformation des aliments, que ce soit au sein de grandes entreprises, dans des petites entreprises voire dans une structure fermière (commercialisation en circuit court) ». De son côté, le Greta CFA (qui dépend de l’Education nationale) doit lancer dans son domaine, en mars un « titre professionnel », toujours en lien avec les besoins du secteur. D’autres formations et diplômes devraient être mis en place via ce consortium, comme un Bac pro « Pilote de ligne », en attente, faute d’avoir séduit des candidats cette année. L’IUT pourrait, elle, mettre en place à terme, une licence commercialisation alimentaire, toujours via ce partenariat.