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Altinnova met les vélos à l’abri depuis Bonson jusqu’à New-York

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Si son irruption outre Atlantique reste encore anecdotique, la PME forézienne, lancée en 2003, surfe sur la demande croissante d’équipements vélos, en particulier de la part des collectivités françaises. Ses abris, stationnements et stations-services qu’elle conçoit, fabrique et installe elle-même, se répandent partout en France. Si ça roule autant pour Altinnova, elle le doit à sa capacité à réaliser du sur-mesure innovant, conciliant les problématiques des cyclistes avec celles de ses clients.

Corinne Verdier, présidente d’Altinnova a fondé l’entreprise avec Julien Lefebvre en 2003. © IF Medias/Xavier Alix

Ce parking là n’est plus utilisable. Les impératifs logistiques croissants ont fini par chasser les voitures des salariés devant le bâtiment de l’entreprise qu’elle a fait construire en 2014 au parc d’activités des Plaines, à Bonson. Altinnova commence à se sentir un peu à l’étroit et songe à une extension. Mais la PME n’en dira pas plus. Ni dans quelles proportions son chiffre d’affaires (CA) a continué de grimper en 2021. Celui de 2020 s’est élevé à 6 M€ contre 4,7 M€ en 2018. La pandémie a eu ici, comme ailleurs, ses impacts organisationnelles et relationnelles. Mais pour ce qui est de l’activité, le contexte lui a été plutôt favorable. A l’issue du confinement, l’équivalent de 6 500 places de vélos lui ont été commandées, essentiellement par les collectivités locales.

38 personnes travaillent actuellement pour l’entreprise. Il faut y ajouter une grosse quinzaine au sein d’Altisteel (1,5 M€ de CA), sa filiale, dont le bâtiment jouxte Altinnova à Bonson. Tôlerie industrielle, elle a été créée en 2016 pour maîtriser l’ensemble du processus de production. Avec son savoir-faire est ses équipements de pointe – découpe laser, pliage numérique, thermolaquage permettant une peinture par poudres sans solvants, plus résistante et nettoyable -, elle commence à se tailler une clientèle autre que sa maison mère. Et participe à un souci global d’éco-conception.

Les origines nordistes d’Altinnova

Abri Cigogne solaire en Bourgogne-Franche Comté. Le principal atout est bien sûr de se protéger du vol et du vandalisme. Photo ©Altinnova

Le chemin parcouru par Corinne Verdier et Julien Lefebvre depuis le lancement d’Altinnova en 2003 est impressionnant. Les deux associés étaient alors encore étudiants ingénieurs à de l’Ecole Centrale de Lille. « On faisait beaucoup de VTT et on a eu l’idée de créer des stations-services pour cycliste assurant le lavage, le gonflage, des réparations… C’est un concept qui n’existait pas du tout, raconte Corinne Verdier. C’est un magasin Décathlon qui a installé notre prototype à Amiens. »

Leurs études terminées, Corinne Verdier, originaire de Saint-Just-Saint-Rambert, et Julien Lefebvre décident d’installer en 2007 leur entreprise à Saint-Marcellin-en-Forez avant de passer la vitesse supérieure à Bonson sept ans plus tard. « Ça aurait pu être du côté de Lyon car nous souhaitions avant tout venir dans la région pour son positionnement géographique, explique Corinne Verdier. Mais il y a eu les opportunités ici, et ça nous convient très bien. Et puis c’est beau le Forez ! » Il y a une quinzaine d’années, le climat autour de la pratique du vélo, les égards que lui accordent les pouvoirs publics commencent à bouger significativement. C’est l’époque où débarque le Vélo’v à Lyon puis dans son sillage, le Vélib’ à Paris.

La Ville de Paris s’est équipée de 50 abris Altinnova en 2020

Tout en poursuivant la production de stations-services, énergétiquement autonomes aujourd’hui, Altinnova est en mesure de proposer des solutions de stationnements et des abris vélos en dur ou déplaçables à loisir, tous sécurisés et en tous genres. Avec la possibilité de gérer leur exploitation (différents modes d’accès et formules d’abonnements), leur maintenance ainsi que le SAV de l’ensemble. Dans son usine, le jour de notre visite, des séries d’abris vélos sécurisés patientent. Sur leurs coques, se lisent les noms de « Paca », « Lille », « Grand Narbonne » ou plus modestement « Lomme », commune associée à Lille.

Les abris parisiens remplaçant des places de parking ont très vite trouvé leurs abonnés. Photo ©Joséphine Brueder / Ville de Paris

Ils sont destinés à des gares où les collectivités – Région, intercommunalités – développent de plus en plus les nœuds multimodaux (la connexion des différents modes de transports), sinon à s’installer dans des lieux stratégiques, dans des zones de loisirs, économiques, résidentielles, se substituant parfois des places de stationnement automobiles. Les Villes, Région et intercommunalité citées ne sont que des exemples. Leur liste est longue. Deux tiers du CA d’Altinnova vient en effet de commandes signées par des collectivités. Citons tout de même les 50 abris connectés de six places installés en 2020 pour la Ville de Paris et dotés de stations de gonflage. Dans ce cas, l’entreprise assure l’exploitation et la maintenance de l’équipement qui fait l’objet d’abonnements personnels permanents pour chaque place. Des abonnements qui ont trouvé preneurs à 100 %…

Le made in Bonson importé dans la Grosse Pomme

Si Altinnova est déjà présent dans 25 pays avec 15 à 20 % de son CA à l’export, l’exemple parisien a attiré l’attention d’une start-up… américaine. Oonee, spécialisé dans l’aménagement urbain vient de commander deux abris à ses couleurs pour expérimenter le made in Bonson à New-York. Ils sont actuellement acheminés de l’autre côté de l’Atlantique. Plus proches de chez nous, Saint-Etienne n’est pas en reste avec ses neufs équipements déployés par Saint-Etienne Métropole : des abris de dix places dont cinq permettant la recharge de vélos électriques, autonomes via l’énergie solaire et géolocalisables (donnant même en temps réel leur disponibilité) avec quelques stations de gonflage en prime. Dans la Loire encore, Savigneux, Montbrison, Saint-Romain-le-Puy, Andrézieux-Bouthéon, Forez Est ou encore Saint-Chamond ont été équipés.

Le modèle new-yorkais installé par la start-up Oonee avec toit végétalisé. Photo ©Oonee.

Autoportants, autonomes si on le souhaite, ouverts ou non, connectés ou non, à étage, à rangements collectifs, sinon individualisés, au design personnalisé, de telle ou telle longueur, avec station-service ou pas : le catalogue épais de l’entreprise présentant plus de cinquante références est trompeur. Ce ne sont que des exemples pouvant être reproduits ou inspirer de nouveaux modèles. La force de séduction d’Altinnova réside dans une capacité à produire du sur mesure de A à Z. Et pas que pour les abris. Son bureau d’études adapte ses standards à la demande. Altinnova – contraction d’Alternative par l’innovation – consacre 250 000 € par an à sa R&D.

« Créer les équipements et les cyclistes viendront »

Abri vélo sécurisé solaire Altao Duplex pour Saint Etienne Métropole. Photo ©Altinnova.

Mais n’y a t-il pas un risque de voir les marché des collectivités et même des entreprises se tarir à force de les équiper ? « Le potentiel reste énorme. Le vélo se développe en France mais on est encore loin de certains pays d’Europe du Nord, répond Fabien Ripaud, responsable marketing et communication. Comme on le lit sur les réseaux sociaux : « créer les équipements et les cyclistes viendront ». »

Qu’il s’agisse des métropoles ou de villes moyennes, Altinnova constate que plus il y a d’offre de solutions répondant aux différents besoins, plus il y a de demandes. « Je vais vous citer l’exemple du territoire couvert par Valence-Romans Déplacements : nous y avions installé en centre ville de Valence plusieurs abris deux places. Cela a créé d’autres demandes : les deux places ont été remplacés par un abri de 10 places et déplacés dans des quartiers pour déployer le service. Et maintenant, les derniers abris posés ont une capacité de 20 places… »

Le Mont Saint-Michel à vélo via Altinnova

La réussite d’Altinnova, c’est aussi de comprendre les besoins des cyclistes. Ce qu’elle fait est produit par et pour des cyclistes. « La philosophie de l’entreprise Altinnova est de mettre le Vélo en Lumière », clame-t-elle comme un slogan. Concrètement, cela donne des solutions, attractives, durables, ergonomiques, dédiées aux différentes pratiques. Exemple : une des solutions les plus simples, des stationnements mobiles que sont les « racks », est conçue pour ne pas abîmer les vélos, loin des vieux systèmes à « pinces » que certains néophytes demandent encore à l’entreprise.

Ces « racks » aussi ont du succès avec la possibilité de les poser temporairement, pour un événementiel ou un test. Altinnova en a récemment installé à la Défense à Paris, à Nantes, Brest et au Mont Saint-Michel dont l’accès à vélos est désormais grandement facilité…

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