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jeudi 28 mars 2024
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Avec 100 recrutements sur Saint-Chamond, Linamar passe la vitesse supérieure

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Sous-traitant automobile implanté à Saint-Chamond depuis 2015, le site ligérien du groupe international canadien a obtenu un marché de taille de la part du constructeur Stellantis, géant issu de la fusion il y a 2 ans de Fiat Chrysler Automobiles et PSA. De quoi donner lieu à un investissement aussi monstrueux que rare dans l’industrie – 30 M€ – et à la création d’une centaine de postes d’ici la fin de l’année.

Au-delà d’assurer de nouvelles lignes de production, c’est en investissant sans cesse dans son process que Linamar est parvenue à maintenir son activité. ©Linamar/Johan Meallier

C’est entendu : le monde de la sous-traitance automobile est impitoyable. Malgré la plus que féroce concurrence asiatique, malgré le contexte international, malgré l’explosion des coûts énergétiques, bref, malgré tout, le site ligérien de Linamar est toujours là. Mieux : il trace sa route. En 2014, entre deux tours des élections municipales, Saint-Etienne Métropole annonçait dans un communiqué le regroupement à Saint-Chamond de deux sites distincts du groupe canadien situés boulevard Thiers à Saint-Etienne (Linamar Famer Rivoire) et Saint-Romain-en-Gier (Linamar Famer Industrie). Le groupe canadien avait choisi une partie des immenses tènements laissés vides par la disparition de Giat, au sein d’une encore bien plus vaste Zac en reconversion alors déjà baptisée Novaciéries.

Aboutissement de longues négociations – initiées dès 2010, elles s’étaient même invitées plus tard à la table de Bercy ! –, l’implantation avait alors était alors présentée comme le moyen de « pérenniser les 232 emplois existants » des deux ex-sociétés, alors plutôt en difficulté au sein d’une galaxie Linamar qui compte de nos jours environ 26 000 salariés et 60 usines dans le monde dont 4 en France (7,6 Md€ de chiffre d’affaires en 2018). Une bouffée d’air et des économies d’échelle oui, mais assorties d’un plan de développement et de modernisation pour le fabricant de pièces de moteurs et de transmissions. L’inauguration officielle du site en 2016 avait, en effet, été l’occasion de présenter un objectif de 80 M€ de chiffre d’affaires (CA) et de 75 postes supplémentaires dans les 2 ans. La nouvelle usine construite sur 20 000 m2 de surface dans lequel le groupe canadien avait investi 7 M€ était d’ailleurs calibrée d’emblée pour.

Un avant et un après 2022 pour Linamar

L’équipementier automobile avait subi des pertes de marché significatif en 2017 mais était parvenu à rebondir et se maintenir avant même ce gros contrat. ©Linamar

C’était sans compter la perte de marchés cruciaux en 2017. Un coup très dur pour l’activité du site qui a cependant su se maintenir les années suivantes autour de 35 M€ de CA pour environ 200 postes dont une vingtaine d’intérimaires (les effectifs étaient montés jusqu’à 240 personnes, intérimaires compris). Il alimente depuis régulièrement en pièces moteurs et transmissions quatre constructeurs d’automobiles et de camions. « Depuis cette annulation de commandes en 2017, nous étions – hormis l’année Covid (- 20 % de CA en 2020) – très stables sur notre activité, grâce en particulier à deux nouveaux dossiers. Environ 600 000 pièces sortent de nos lignes chaque année pour une répartition du chiffre 50/50 % entre véhicules légers et poids-lourds », observe Cédric Febbraro, directeur du site et qui était déjà celui – « mutualisé » – des deux ex-sites fusionnés.

A peu près toutes les marques de Stellantis sauf Maserati sont concernées.

Cédric Febbraro, directeur du site Linamar Saint-Chamond

Pour rester compétitif, l’équipementier avait même remis sur la table 3 M€ en 2021 afin de moderniser son process, dossier retenu par le plan de soutien d’Etat France Relance, puis à nouveau 2 M€ en 2022. Aussi capitaux qu’ils soient vis-à-vis de la concurrence, ces 5 M€ apparaissent désormais bien dérisoires au regard des 30 qui seront cette fois investis par le groupe entre la fin de l’année passée et celle qui vient de commencer. Car il y aura en effet un avant et un après 2022 avec un gigantesque dossier qui est « tombé d’un coup ! Nous avons réussi à décrocher l’an passé six nouvelles références en transmission à produire pour Stellantis, confronté aux nouvelles réglementations, et donc destinées à équiper ses nouveaux modèles de véhicules hybrides rechargeables ou non rechargeables, explique Cédric Febbraro. Le groupe qui devient ainsi notre 5e client, s’approvisionnait jusque-là au Japon avec des produits « génériques », clé en main. En faisant appel à nous, il passe à des pièces à assembler dans ses usines mais plus économiques. A peu près toutes les marques du groupe, sauf Maserati sont concernées. »

70 nouvelles machines d’ici la fin de l’année

Cinq lignes de production vont s’ajouter aux huit déjà existantes. Les 70 nouvelles machines-outils ont commencé à être livrées fin 2022. ©Linamar

Linamar n’est d’ailleurs pas le seul sous-traitant à avoir obtenu un part du nouveau gâteau. Mais là, contrairement à une facture d’électricité multipliée par 4 chez ce gros consommateur, le contexte international va dans le bon sens puisqu’il incite à diversifier les sources d’approvisionnements par sécurité. Le marché décroché est d’ailleurs tellement conséquent que deux des six références obtenues ont été confiées à « l’usine sœur » de Montfaucon-en-Velay, en Haute-Loire, qui elle aussi va recruter une centaine de personnes. A Saint-Chamond, côté matériel, cinq nouvelles lignes de production vont s’ajouter aux huit existantes. Elles sont en cours d’installation dans l’usine depuis la fin 2022. L’opération correspond à l’arrivée de près de 70 nouvelles machines d’ici la fin de l’année.

Des centres d’usinage, tours, tailleuses, graveurs laser, rectifieuses cylindriques, rectifieuses denture, superfinition mais également des automates, des convoyeurs et une trentaine de robots pour déplacer les pièces dans le flux de production « ainsi que des moyens de contrôle manuels et automatiques (dimensionnels, optiques, engrènement) pour les contrôler qui constituent l’industrialisation en cours ». De quoi doubler le volume de pièces produites d’ici un an ainsi que, d’ici 2026, le chiffre d’affaires, d’ailleurs déjà significativement reparti de l’avant en 2022. Linamar Saint-Chamond vise ainsi les 80-100 M€ dans 3 ans. Ça ne se fera pas non plus sans de « l’humain ». Le recrutement induit est en effet tout aussi conséquent, a fortiori, pour une entreprise du secteur industriel.

Recruter : le nouveau challenge de Linamar

Néophytes ou déjà qualifiés : Linamar a besoin d’une grande variété de profils. ©Linamar/Johan Meallier

Opérateurs, régleurs, conducteurs de ligne, mais aussi qualité, contrôle, automatismes, logistique et maintenance : « On recrute sur tous les postes », synthétise Cédric Febbraro. Même si on peut presque parler de relocalisation industrielle, pour un marché auparavant aux Japonais mais sous une autre forme et que l’on aurait typiquement imaginé passer à la Chine il y a quelques années, la Région Aura ne soutiendra pas l’investissement au titre de son dispositif « Pack reloc ». En revanche, elle le fera sur la formation des nouveaux venus ou de ceux déjà là et donc promus dans le cadre de l’opération. La collectivité va ainsi prendre en charge 50 % des 500 000 € qui y seront consacrés. Linamar doit en effet désormais gagner un nouveau pari, aux allures presque kafkaïennes comme le subissent de nombreux pans de l’industrie : parvenir à recruter massivement d’ici la fin de l’année pour honorer son carnet de commandes dans un contexte de pénurie de main d’œuvre.

La clé, c’est avant tout d’être motivé : c’est en forgeant qu’on devient forgeron. 

Cédric Febbraro, directeur du site Linamar Saint-Chamond

L’entreprise assurera la presque totalité des formations sur place. Elles peuvent aller de 15 jours à un an en fonction des postes. « Nous sommes ouverts à tous les profils, même quelqu’un qui n’a jamais travaillé dans l’industrie, précise Cédric Febbraro. Il faut juste avoir conscience que nous sommes en 3×8 et qu’il y a donc aussi du travail de nuit, ce qui n’est pas évident pour tous, souvent difficile physiologiquement même pour les seniors. Mais la clé, c’est avant tout d’être motivé : c’est en forgeant qu’on devient forgeron. » Pôle emploi, la Mission locale, l’Enise pour les ingénieurs (des conventions de partenariat vont être nouées avec ces dernières) et l’Afpi, le pôle de formation de l’UIMM Loire doté de son CFA, ont été sollicités pour aider Valérie Mignot, responsable RH du site depuis 4 ans à mener à bien ce recrutement XXL.

Une vague de promotions en interne

Il est pour l’instant abouti à hauteur de 30 %. La plupart des nouveaux chefs de projets et ingénieurs déjà recrutés, Linamar s’attaque désormais, essentiellement, à la production. La nouvelle fabrication doit démarrer en mars mais elle va monter peu à peu en puissance tout le long de l’année 2023. Au-delà des nouvelles recrues, sans oublier la titularisation d’intérimaires actuels, « cela représente aussi pour nos collaborateurs en CDI de belles opportunités d’évolution, souligne Valérie Mignot. Entre l’an passé et cette année 2023, 42 personnes vont ainsi obtenir une promotion, devenant, pour beaucoup, conducteurs de ligne avec des diplômes certifiés reconnus par la métallurgie grâce aux formations dispensées sur place par l’Afpi. Il y a aussi certaines promotions plus spécifiques. Je pense par exemple à un opérateur qui va devenir technicien à la suite d’une formation d’un an. »

Si 10 % des postes à pourvoir sont très techniques, le gros des troupes à pourvoir concerne cependant les postes d’opérateurs régleurs (à 1 800 € bruts par mois, hors primes) même si qualité et maintenance ne sont pas en reste. Un « parrain » est affecté à chaque nouvel arrivant dont le parcours d’intégration sera régulièrement supervisé, évalué et suivi via des questionnaires dont un anonyme.  

Si vous êtes intéressés par le recrutement de Linamar, vous pouvez consulter les postes sur www.linamar.com, rubrique carrières et même directement contacter le site saint-chamonais par courriel : Lsc-rh@linamar.com .

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