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Climat économique : jusque-là, la Loire a tenu le choc

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La direction départementale de la Banque de France a présenté le 21 juillet un point sur la situation économique en Auvergne Rhône-Alpes. Une photographie effectuée à partir de 19 400 bilans reçus fin mai de la part de sociétés de tous secteurs et de toutes tailles. Au regard du contexte, le bilan est plutôt positif. Y compris dans notre département dont les indicateurs se portent souvent même mieux que la moyenne.

La Banque de France à Saint-Etienne. Les études de conjoncture font partie de ses prérogatives. ©If Media/Xavier Alix

Au milieu du flou, du repli et des incertitudes passées et à venir, il y a quelques zones claires qui inviteraient presque à l’optimisme. Au moins à un constat de résistance. C’est l’enseignement d’une photographie de la situation des entreprises en 2020 et début 2021 dont l’auteur est la Banque de France. Elle a été réalisée en Auvergne Rhône-Alpes (AuRa) à partir de 19 400 bilans reçus fin mai de la part d’autant de sociétés. De tous secteurs, elle sont aussi de toutes tailles : 7 900 TPE, 11 000 PME et 500 ETI (entreprises de taille intermédiaire ; 250 à 4 999 salariés) ou grands groupes.

Alors, bien évidemment, 2020 a amené son lot de difficultés. Mais peut-être pas dans les proportions que l’on aurait pu redouter. Dans la Loire, le recul de l’activité – entendre ici le chiffre d’affaires (CA) – a été de – 4,7 % en 2020. Ce qui place le département entre le Puy-de-Dôme (-4,9 %) et l’Isère (-4,5 %) mais sous la moyenne régionale (-5,6 %). Des départements comme le Rhône (- 6,8 %) et surtout, très logiquement, les touristiques Savoie (-7,9 % pour la Haute-Savoie ; – 8,6 % pour la Savoie) ont davantage souffert.

Recul du chiffre d’affaires moyen par département en 2020. Source : Banque de France Observatoire des entreprises.

Le recul du chiffre d’affaires est contrasté

Cela alors que « le repli des CA à l’export en AuRa (-7,8 % après un + 13,9 % en 2019 et + 5,8 % en 2018, Ndlr) n’a pas aidé à la relative résilience d’une Loire assez exportatrice », note Christine Gord, directrice départementale de la Banque de France. On soulignera aussi que 2019 avait déjà vu un essoufflement de la croissance des chiffres d’affaires à l’échelle régionale par rapport à 2018 : + 3,9 % contre + 4,6 %. Mais aussi que le contraste de perte de CA peut être très varié.

Entre un quartile supérieur qui progresse malgré tout de 4,7 % de 2019 à 2020. Et un quartile inférieur où la moyenne de pertes de CA est de 16,5 % ! Et l’impact a été plus fort dans l’industrie (- 7,8 %) et dans les services (- 8,3 %) que dans le BTP (-5,4 %) et même, finalement, dans le commerce (- 2 %). Ce dernier secteur est d’ailleurs même le seul en progression sur sa rentabilité nette (3,5 % contre 3 % en 2019) ! Ailleurs, la rentabilité est stable ou baisse de 0,1 à 0,4 point.

Recul du chiffre d’affaires moyen par secteur en AuRa en 2020. Source : Banque de France Observatoire des entreprises.

La perte d’effectifs est très légère

La perte d’effectifs est finalement de 0,3 % en AuRa en 2020 contre une augmentation de 2,1 % en 2019 et 2,9 % en 2018. Ils reculent d’1 % dans l’industrie, d’1,1 % dans les services, progressent très légèrement dans le BTP (+ 0,2 %) et… le commerce (+0 6 %). Mais il faudra sans doute attendre la fin des aides, le remboursement des PGE (prêts garanti par l’Etat) pour y voir plus clair. D’autre part, le terme commerce regroupe une multitude de réalités divesres que l’étude ne peut pas mettre en évidence : y a-t-il eu une forte progression du e-commerce, par exemple, au détriment de petits commerces physiques ?

D’une manière globale, en AuRa, les PGE ont alourdi le rapport entre endettement financier et fonds propres passé de 39,5 % en 2019 à 69,4 % en 2020. Mais le 9 juillet, lors d’un point préfectoral consacré à France Relance dans la Loire, Christine Gord soulignait qu’une bonne partie de l’afflux de trésorerie n’avait pas été forcément utilisé. La sollicitation des PGE a souvent été un réflexe. Ce que confirme une donnée nationale où l’on constate que l’explosion de la dette à partir du 2e trimestre 2020 jusqu’à ici correspond à une augmentation presque proportionnelle du volume de trésorerie.

Une capacité de remboursement moindre

Reste que logiquement, la capacité de remboursement des dettes à la physionomie quasi identique en 2018 et 2019 (pour une durée 2 ans et un mois) s’allonge dans le temps : elle passe de 2 ans et un mois à 3 ans et 5 mois. 24 % des entreprises sont au dessus de 7 ans (15 % en 2019), 16 % entre 3,5 et 7 ans (9 % en 2019) et donc 60 % en dessous de 3,5 ans (76 % en 2019). L’allongement touche tous les secteurs (la hausse est plus forte dans le BTP et les services) et les amène vers une relative uniformisation : de 3,2 ans dans le BTP en moyenne à 3,7 ans dans l’industrie.

Pour revenir à la Loire, les cotations des entreprises sur l’encours des crédits mobilisés par les PME sont plutôt rassurantes. La Banque de France les note sur une échelle allant de « 3++ » pour les mieux cotées à « 9 » pour les pires, soit 11 classes de risques. « Non pas dans l’objectif de permettre aux entreprises de rassurer leurs partenaires financiers, avertit Christine Gord. Mais afin de s’assurer de la robustesse du système bancaire français, évaluer si les risques pris sont trop forts. »

Mais un endettement qui n’inquiète pas trop

Source : Banque de France. Observatoire des entreprises.

Dans la Loire, environ 85 % des entreprises sont dans un situation d’encours jugées a minima correcte (« 5 + » c’est le cas de 26,5 %). C’est à peine moins bien que le niveau régional mais un peu mieux que le niveau national. Si la Loire place, en pourcentage, moins d’entreprises dans d’excellentes notations (« 3++ » et 3+ ») par rapport à la région et le national, elle en a plus dans les classes « 3 », « 4 + » et « 4 » que la moyenne française et même nettement plus que la région en « 4 + ».

Le nombre de dossiers de médiation du crédit déposé mensuellement à la Banque de France (c’est une de ses prérogatives) était quasi nul début 2020. Cela avait déjà commencé à remonter en février avant d’exploser en avril mai (approchant des 40 dossiers). La courbe suivait avec un décalage d’un mois celle tout aussi explosive de la région (550 en mai) puis la même décrue estivale et une relative stabilisation automnale : une dizaine de dossiers dans la Loire, une centaine dans la région. Avant une remontée fin novembre et décembre plus rapide dans la Loire : une quinzaine de dossiers. La remontée ne s’est pas confirmée sur les cinq premiers mois de 2021 avec une nouvelle décrue régionale comme départementale : moins de dix dossiers en avril, cinq tout au plus en mai.

Le surendettement des ménages recule par rapport à 2019

Côté impayés et défaillances, on constate dans les deux cas des reculs marqués (glissement annuel du cumul sur 12 mois) depuis le printemps 2020. Dans la Loire encore plus qu’en France et dans la région. Sur les défaillances notamment (- 47,8 % contre -34,6 % en France), la Banque de France avertit :  « Cette baisse n’indique pas une réduction du nombre d’entreprises en difficulté mais à la fois l’impact qu’a eu la période de confinement sur le fonctionnement des juridictions commerciales et les évolutions réglementaires qui modifient temporairement les dates de caractérisation et de déclaration de l’état de cessation de paiement. Elle s’observe dans tous les secteurs, toutes les catégories d’entreprises. Sans que cela puisse être analysé d’un point de vue économique. »

Source : Banque de France. Observatoire des entreprises.

Si on se penche sur le surendettement des ménages, les dossiers déposés en juin dernier dans la Loire (124) sont en forte augmentation : + 36,2 % par rapport à juin 2020 (91). Une donnée qu’il convient sans doute là aussi, de relativiser en attendant les chiffres du second semestre. En 2020, le nombre de dépôts de dossiers avait considérablement chuter durant le confinement par rapport à 2019. Avant de brusquement remonter et suivre une courbe plus conforme à l’année précédente. D’ailleurs, ces nouveaux dossiers de juin 2021 sont inférieurs de 12,1 % à ceux de juin 2019 (-12,1 %). Et leur nombre cumulé sur le premier semestre est en recul de 10,3 % par rapport à celui de 2019.

Retour à « la normale » dans six mois ?

Source : Banque de France. Observatoire des entreprises.

Pour revenir, à l’échelle régionale, les dirigeants estiment globalement que l’activité devait restée dynamique. Et ainsi poursuivre sa progression pour atteindre, aussi bien dans l’industrie que dans les services marchands un niveau très proche de « la normale ». A l’échelle nationale, le retour estimé à un niveau d’activité économique est en avance par rapport aux projections précédentes puisqu’il est attendu pour le 1er trimestre 2022. Un optimisme qui est cependant menacé par les pénuries d’approvisionnement (en particulier dans le gros œuvre dans le BTP), voire de main d’œuvre.  

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