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mardi 17 septembre 2024
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Doizieux : comment cette créatrice de kimonos a habillé Sofiane Pamart ?

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Depuis son atelier de Doizieux, Sylvie Bourgougnon réinvente le kimono. Ses pièces uniques, réalisées à partir de tissus inutilisés, ont été jusqu’à séduire le pianiste Sofiane Pamart, qui a ainsi donné un coup de projecteur au savoir-faire local.

Sylvie Bourgougnon a fait le choix d’utiliser les tissus dormants pour ses créations. ©JT If Saint-Etienne

Si Sylvie Bourgougnon crée des kimonos, ce n’est pas par hasard, bien au contraire. « On me pose souvent la question. Quand j’ai commencé à chercher des tissus, j’ai fait la connaissance d’un tapissier stéphanois qui avait des tissus de démonstration de forme rectangulaire qu’on ne pouvait pas couper sans abîmer le motif. Tout de suite, l’idée du dos de kimono m’est apparu. D’autant plus qu’au Japon, le dos du kimono est encore plus important que l’avant. J’aime sa forme intemporelle, son côté multiculturel qui me permet de m’affranchir des codes japonais, de pouvoir les porter ouverts comme des manteaux ». Récemment, en rangeant, elle a retrouvé un petit kimono que sa mère lui avait confectionné lorsqu’elle avait cinq ou six ans. C’est d’ailleurs de cette dernière que lui vient sa créativité…

Imposer sa griffe

« C’était une créatrice et une artiste sans qu’elle le sache. J’ai fait beaucoup de choses avec elle en étant enfant comme de la peinture sur soie, du tissage, de la couture… ». Toutefois, la vie l’a mené à s’orienter vers une tout autre voie professionnelle. Il y a quelques années, elle apprend à coudre dans une MJC auprès de Sofiane Aïssi. Ce dernier lui apprend à prendre conscience de ses appétences et de ses capacités, notamment en ce qui concerne le mariage des tissus. Puis, elle se réalise une formation professionnelle dans le cadre d’une reconversion. Très vite, elle ressent l’envie de travailler dans la mode, mais loin de la fast-fashion qu’elle a en horreur.  « Je me suis intéressée à la mode éco-responsable et je me suis dit c’est ça ma voie : c’est de créer quelque chose qui a un sens ». Pour ce faire, elle opte pour l’utilisation de l’existant.

©JT If Saint-Etienne

Trésors cachés

Elle crée sa marque, Griffe de Louves, en 2022. Puisque l’on est dans un territoire textile, elle a l’idée d’utiliser des tissus existants dans la création contemporaine. « Je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de tissus dormants, d’une qualité qu’on ne retrouve pas aujourd’hui. C’est le cas dans des entreprises qui ont fermé notamment, ou qui n’utilisent plus ces rouleaux. J’ai découvert le Jacquard, la passementerie… Ça explique que je fais des pièces uniques, car j’ai de petits morceaux de tissus. J’aime bien cette idée d’avoir un vêtement unique aussi, et refaire plusieurs fois la même chose est moins intéressant pour moi en tant que créatrice ». Depuis un peu plus d’un an et demi, elle a intégré un atelier de la Turbine Créative, à Doizieux. Il s’agit du tiers-lieu de l’association des Nouveaux Ateliers du Dorlay. L’objectif est de dynamiser l’artisanat textile dans cette vallée.

Kimono sur mesure

Alors après avoir cherché un local à Saint-Etienne, sans succès, elle apprend que cet atelier est disponible et franchit le cap. Elle travaille avec Caroline Juy, une couturière stéphanoise. Et Sylvie Bourgougnon l’assure, il faut croire en ses rêves. C’est cette philosophie qui l’a mené jusqu’à habiller le pianiste Sofiane Pamart, bien qu’au départ, elle ne pensait pas créer une gamme pour hommes. Puis elle a eu des demandes, alors elle a commencé à faire quelques recherches sur Internet. « J’ai découvert qu’il y avait un pianiste qui portait des kimonos extrêmement bien. La façon dont il en parlait, expliquant que ça accompagne son mouvement au piano, me touchait beaucoup. Je me suis dit, ‘ce serait fou que Sofiane Pamart porte un kimono Griffe de Louves’. Mon deuxième kimono homme a été pensé pour lui. J’ai beaucoup analysé la façon dont il s’habillait, et je me suis lancée sur un tissage Jacquard des années 90. Comme il est né dans cette décennie, j’ai trouvé le clin d’œil sympa ».

©JT If Saint-Etienne

Transformer l’essai

Elle y ajoute un col en jean pour un aspect plus décalé et prend un billet pour le concert du pianiste à Vienne, à l’été 2023. A l’issue de la représentation, elle profite d’une séance de dédicaces pour lui offrir le kimono. « L’été même, il l’a porté au théâtre de Mons ainsi qu’au festival de Montreux. Et il le portait super bien, il avait l’air très à l’aise dedans ». Un joli coup de pub pour la créatrice qui confie qu’elle aimerait travailler avec lui, mais observe qu’il porte moins de kimonos et évolue vers d’autres styles. Désormais, Sylvie Bourgougnon doit convaincre les visiteurs à franchir le cap. « Il faut qu’ils viennent jusqu’ici et peut-être qu’ils osent aussi. Les gens associent le kimono au judo, ou à un vêtement de cérémonie. Ça peut l’être dans le sens où une de mes clientes en a acheté un pour le mariage de sa fille. Ils s’imaginent que ça va faire folklorique. Certains le portent rarement et le mettent en tableau le reste du temps. Du coup, je vais lancer un petit guide pour voir comment porter le kimono ». Les gammes commencent au prix de 250 euros.

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