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vendredi 29 mars 2024
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Covid : Souchon Boissons trinque aussi

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Si bars et restaurants ne peuvent plus travailler, leurs fournisseurs aussi. Leader en sud Loire parmi les grossistes en boissons, Souchon Boissons Services espère passer ce cap. Comme ses concurrents, son activité cumule, depuis mars 2020, six mois et demi de néant ou presque…

Les bars et restos restent désespérément vides, comme ici rue des Martyrs de Vingré à Saint-Étienne, au grand dam de Souchon Boissons © NB / IF Saint-Étienne

Une bulle d’oxygène. Un décret daté du 28 janvier accorde, aux entreprises de catégorie « S1 bis » une aide équivalente aux « S1 » tout court. Jusque là, seules les sociétés fermées administrativement, celles de la seconde catégorie, avaient droit à 20 % du chiffre d’affaires habituel du mois en cours. Un fonds, qui plus est, rétroactif sur décembre et janvier.

La mise en ligne du service pour capter les demandes s’est certes fait attendre jusqu’au 10 février. Mais « cela devrait nous permettre de passer les mois à venir, souffle Philippe Souchon. Et éviter des décisions difficiles. Nous n’avons pas encore licencié. Jusque-là, nous puisions dans notre trésorerie. Mais ce n’est pas éternel. Heureusement que nous sommes bien installés. » Philippe Souchon dirige avec ses frères ce groupe fondé à Firminy en 1922 par leur arrière-grand-père.

« Tout le monde est actuellement en chômage partiel »

Le groupe compte aujourd’hui dans ses rangs Gévaudan Boissons à Mende (Lozère), Udivel au Puy-en-Velay et Souchon Boissons Services basé à La Ricamarie. C’est là que se situe le siège de l’entreprise, leader dans le sud Loire et l’est de la Haute-Loire. 70 de ses 105 collaborateurs y travaillent. Chauffeurs-livreurs, techniciens, commerciaux… « Tout le monde est actuellement en chômage partiel à degrés divers. »

Le bilan de l’année 2020 ? 40 % du chiffre d’affaires évaporés. Celui-ci s’élevait à environ 20 M€ en 2018/19. « En arrêt, comme toute l’économie, nous avions passé le printemps avec philosophie. Parce que l’on pouvait compter sur notre solidité, le chômage partiel et le PGE. Mais notre activité est intimement liée aux cafés-hôtels-restaurants, les CHR. » À 85, voire 90 %. Souchon leur fournit toutes sortes de boissons, alcoolisées ou non. Ainsi qu’une assistance technique pour l’entretien du matériel. Le tirage des bières pression par exemple.

Désormais, l’activité n’atteint même pas 10 % du volume habituel

Dès octobre, « restrictions et couvre-feu ont brusquement fait reculer notre chiffre de 50 % par rapport à la même période en 2019. » Depuis le 2e confinement, bars et restaurants n’ont toujours pas rouvert. Désormais, l’activité n’atteint même pas 15 % du volume habituel. « On cumule six mois et demi comme ça depuis mars 2020. Pendant ce temps, il faut continuer à payer nos charges. On a beaucoup parlé de la catastrophe que cela représente pour les CHR. Et à très juste titre. Ils sont aidés depuis la fin 2020 et c’est très bien. »

À Saint-Étienne, le 19 janvier, nous avions prévu une opération escargot.

Philippe Souchon, codirigeant de Souchon Boissons Services

Mais il a fallu du temps « pour qu’un métier de l’ombre comme le nôtre, tout aussi touché par le contexte sanitaire obtienne une aide équivalente. Les entreprises de plus de 50 salariés comme nous n’avaient même pas droit au forfait de 10 000 € mensuels. » Prévu le 19 janvier à l’initiative de la Fédération Nationale des Boissons, un mouvement national a finalement été annulé. Le gouvernement ayant assuré l’ouverture complète aux aides.

Des stocks qui approchent la date limite

« À Saint-Étienne, nous avions prévu une opération escargot sur trois axes avec des confrères ou des cavistes fournisseurs de restaurants. Puis un rassemblement en centre-ville. Reste que nous souffrons toujours d’une absence totale de vision sur une date de reprise. C’est aussi dur pour nos employés que nos clients avec qui nous avons tissé des liens. Comme au sein de notre entreprise où il y a 15 ans d’ancienneté en moyenne. »

Ce qui inquiète aussi Philippe Souchon désormais, ce sont ses stocks. Au sein de ses trois entrepôts respectifs, des milliers de bouteilles approchent de la date limite. Non de péremption. Mais de « durabilité minimale ». Entendre de garantie gustative. « Mais pas sûr que les gens en voudront. » Et cette fois-ci, il ne pourra pas se permettre de tout donner. Comme il l’a fait précédemment avec des hôpitaux ou des Ehpad.

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