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mercredi 24 avril 2024
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Dans la Loire, la métallurgie recrute à tour de bras et le fait savoir

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Malgré une contraction de ses effectifs dans la Loire en 2020, pandémie oblige, le secteur annonce qu’il aura besoin de bras et de cerveaux indissociables dans les années à venir. Les perspectives de la métallurgie sont bonnes. Encore faut-il parvenir à recruter. Le CFAI de Saint-Etienne va d’ailleurs s’étendre d’ici 2 ans, annonce l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM).

Les perspectives d’activité de la métallurgie (12 % de l’emploi privé dans la Loire) sont plutôt rassurantes. Photo © IF Média/Xavier Alix.

Les dégâts auront été finalement assez limités. En 2020, l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Loire a enregistré une perte de 360 emplois. Ce n’est pas rien. Mais c’est à relativiser quand on sait que le département totalise, tous secteurs confondus, une perte de 3 110 postes (710 dans l’industrie). Et surtout que l’UIMM Loire comptait, dans ses rangs, en 2019 pas moins 24 500 salariés pour 1 220 entreprises*. Soit 12 % de l’emploi salarié privé ligérien.  Et 50 % de l’industrie.

« On s’en sort plutôt bien. Sans gros plans sociaux, sans fermetures en série même si des sociétés souffrent à la marge, constate Philippe Rascle, président de l’UIMM Loire. C’est parce que le tissu de nos entreprises est essentiellement composé de PME et TPE. Leur agilité leur permet davantage d’adaptation. Il ressort d’ailleurs de la crise une volonté d’aller plus loin dans la diversification de leurs débouchés (à l’image de Microrectif, Ndlr). C’est aussi bien sûr grâce au plan de relance. Et les aides de l’Etat ont bien joué leur rôle : PGE (prêts garantis par l’Etat), chômage partiel, report de charges, etc. »

Dans la Loire, 19 % des effectifs de la métallurgie à la retraite en 2027

Alors certes, l’échéance de ces dettes et la fin des perfusions accordées par Bercy amènent à penser que le premier trimestre 2022 devrait s’accompagner de quelques turbulences, prévient Philippe Rascle. Surtout dans un contexte de difficultés croissantes autour des pénuries de matières premières. Mais à l’échelle du secteur, selon l’UIMM, tout porterait à croire que les recrutements vont reprendre dans la Loire. Au point de redouter un manque de main d’œuvre qui, pour le coup, freinerait, paradoxalement cette croissance.

« Les perspectives économiques sont globalement bonnes. Les 360 personnes qui ont perdu leur emploi, ne devraient pas avoir de mal à en retrouver un dans la métallurgie (s’il s’agit de leur ex entreprise, ils sont d’ailleurs légalement prioritaires, Ndlr).», explique à IF Saint-Etienne Philippe Rascle. Des carnets de commande plutôt bien fournis donc. Mais aussi une pyramide des âges qui devrait amener 5 % des effectifs – tous types de postes confondus – à partir à la retraite (soit 1 220 personnes) en 2022. Et même 19 %, soit  4 500 postes « libérés », en 2027 !

Rien qu’en 2021, 1 680 postes sont à pourvoir

On souffre toujours d’une image vieillotte. Mais la métallurgie en 2021, c’est du numérique, c’est de la fabrication additive, c’est du high tech ! 

Philippe Rascle, président de l’UIMM Loire

Mais dès 2021, selon l’observatoire de l’UIMM Loire, 60 % de ses entreprises membres comptent recruter. A commencer par des opérateurs et techniciens de production, des chaudronniers. Mais aussi des commerciaux, des opérateurs régleurs, des techniciens de conception et autres de maintenance. 1 680 postes sont à pourvoir. Et un sondage effectué lors du 3e confinement montre que 88 % des entreprises ont déjà eu des difficultés à recruter en 2021 contre 66 % en 2017. En 2020, seulement 80 % des postes proposés ont trouvé preneurs. Les entreprises de moins de 10 salariés et de Loire Sud, celles fabricant des produits informatiques et électroniques ont le plus de mal.

Top 7 des postes à pourvoir chez les membres de l’UIMM et difficultés de recrutement prévues.

Peut-être en raison de clichés qui ont la dent dure, se navre Philippe Rascle. « On souffre encore d’une image vieillotte de l’industrie, de métiers difficiles. Encore plus dans la Loire avec le souvenir d’une époque révolue dans les familles. Les jeunes sont aujourd’hui davantage attirés par la réalisation d’applications, les métiers du web. Mais la métallurgie en 2021, c’est du numérique, c’est de la fabrication additive, c’est du high tech ! »

Une 3e centre de formation créé à Valence

Et, mécaniquement, via l’offre et la demande, des salaires qui ont tendance à monter. « Pour un poste manuel qualifié, il est courant qu’une personne avec une dizaine d’années gagne 3 000 € », assure André Bonnavion, responsable du pôle formation de l’UIMM Loire. La formation : l’une des raisons d’être de l’organisation patronale. Un pan entier qui doit permettre à ses membres l’approvisionnement en ressources humaines.

Outre un AFPI destinée formation continue des salariés, l’UIMM compte ainsi un CFAI à Saint-Etienne avec environ 900 apprentis. Tandis que 300 autres se forment aussi à tous les métiers de la branche à Roanne depuis 2015. En partenariat avec les organisations de la Drôme et de l’Ardèche, l’UIMM Loire vient d’investir dans 3e centre à Valence qui a effectué sa première rentrée en 2020 avec 65 apprentis. Ils devraient être 400 d’ici 2026. Un bâtiment ex-nihilo a été créé pour 10 M€ avec le soutien de l’UIMM nationale et de la Région (1,5 M€).

Le centre de formation aux apprentis commun aux UIMM Loire, Drôme et Ardèche ouvert à Valence en 2020.

Extension en perspective pour le CFAI de Saint-Etienne

Au total, certains apprentis étant formés chez des partenaires, comme à Saint-Etienne, l’Enise par exemple, l’UIMM Loire totalise, pour l’heure, 1 300 apprentis sortant de ses formations par an. Ce sera bientôt plus. Mais cela en fait déjà le second acteur en la matière de la région AuRa. Il faudra sans doute, à terme, tendre vers les 2 000 pour éviter une menace de regroupement. Par exemple avec un voisin du côté du Rhône. Car « la législation sur l’apprentissage pousse à la constitution de grands ensembles », précise André Bonnavion.

C’est dans cette perspective, d’ailleurs, que « bien trop à l’étroit dans nos murs, nous allons lancer un projet d’agrandissement du CFAI de Saint-Etienne, annonce Philippe Rascle. Cette extension sera effective d’ici 2 ans. Nous pourrons ainsi accueillir 300 apprentis supplémentaires. » Entre Saint-Etienne, Roanne et Valence, à terme, la barre des 2 000 devrait être atteinte.

Un bus high tech de promotion affrété par l’UIMM

Philippe Rascle présentant le bus itinérant de promotion des métiers de l’IUMM.

Afin de promouvoir ses métiers auprès des demandeurs d’emplois et à la racine, des collégiens, lycéens et leurs parents, l’UIMM développe toute une batterie d’actions de découverte, d’événements, forums et autres job datings. Sans compter un escape game thématique. Ou encore le fait que c’est la Loire qui dispose de la chaîne Youtube spécialisée dans la métallurgie la plus regardée de France. Dernier né de la démarche promotion, un bus itinérant high tech doté d’un simulateur virtuel de soudure, truffé d’écrans et de gadgets à même de capter l’attention adolescente, voire adulescente.

Il est opérationnel depuis mars. Et a été acheté en commun avec l’UIMM de Savoie à un membre ligérien : l’entreprise Euromag à Panissières, fabricant véhicules-magasins. Pour ce qui est de vendre les métiers de la métallurgie, le planning de rentrée du bus de l’UIMM, est, lui, déjà bien rempli. Il ne se limitera pas aux établissements scolaires, allant faire la tournée de nombreux événements du département, comme la Foire de Saint-Etienne par exemple.  

Ce bus itinérant propose un simulateur virtuel de soudure.
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