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mardi 23 avril 2024
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Fabricant de fours industriels, Heat Concept fait dans la croissance externe

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La petite PME couramiaude qui travaille sous les noms d’Elti et Rey, vient de racheter l’entreprise Thermidor située à Romans-sur-Isère. Comme elle, l’entreprise drômoise conçoit et fabrique des fours industriels pour une multitude de secteurs. Principal objectif pour Heat Concept : développer ses capacités en SAV et maintenance.

Dominique Brenans, dans les ateliers d’Heat Concept, ZI du Coin à Saint-Chamond. © If Média / Xavier Alix

Ils ne sont pas légion, en France, dans ce métier. Pas de groupes, ni même d’ETI et très peu de « grosses » PME, paraît-il. « La plupart des concepteurs et fabricants de fours industriels faisant dans le traitement thermique comme nous, ne compte que quelques dizaines de collaborateurs, souvent moins. C’est aussi une question de souplesse et d’adaptation à des demandes très variées, sur mesure, sans grandes séries et enfin, liée à une forte variabilité des commandes d’une année à l’autre », note Dominique Brenans, directeur et copropriétaire d’Heat Concept à Saint-Chamond. Des « concurrents », son entreprise en a un de moins depuis ce printemps. Pour un montant qu’elle ne souhaite pas communiquer, la PME couramiaude – qui compte une vingtaine de salariés – a investi dans le rachat de Thermidor, société à peine plus petite qu’elle, implantée à Romans-sur-Isère (Drôme). Heat Concept conserve huit postes (sur 13) sur place, conformément à la volonté des vendeurs et de leurs ex-collaborateurs.

Face à un marché « hyper cyclique », portant sur des équipements de longue durée (20, 30 ans de durée de vie) où l’obsolescence programmée n’a heureusement pas percée, Heat Concept cherche davantage de certitudes. Avec ce rachat, la holding couramiaude qui recouvre les marques de fours qu’elle conçoit et fabrique – Elti (plutôt électrique) et Rey (plutôt gaz) –, cherche à compléter ses marchés, ses savoir-faire et dégager du temps pour à la SAV et à la maintenance de ses produits. Marchés davantage prévisibles. Propriété de Dominique Brenans et de deux autres ex-collègues, comme lui, d’Elti, Heat Concept qu’ils ont créée à eux trois il y a 11 ans, chapeaute donc les Établissements Loire Thermie Industrielle (Elti), fondés à Saint-Chamond en 1972 par un industriel italien, le docteur en métallurgie Oddino Dorigo.

Une fournée de références impressionnante

Ce dernier avait par la suite décidé d’aller bien plus loin que son simple bureau commercial d’origine vendant du made in Italie, en lançant une production adaptée au marché industriel régional, dotée de son bureau d’études dès les années 80. A l’activité d’Elti, Heat Concept a ajouté au moment de sa création les fours et brûleurs Rey, société centenaire jusque-là stéphanoise. En 2011, la 3e génération familiale à sa tête représentée par Jean-Jacques Rey (par ailleurs ex-élu stéphanois) avait revendu cette partie de son activité pour se consacrer au seul génie climatique. Aujourd’hui, fort de cet ensemble, Heat Concept et « ses 10 000 fours industriels et de laboratoire vendus à travers le monde depuis 1922 », affiche une liste de références impressionnante dans une foule de secteurs : armement ; aéronautique / aérospatial ; nucléaire ; automobile ; ferroviaire ; travaux publics ; bijouterie / orfèvrerie / coutellerie / lunetterie ; traitement thermique à façon ; outillage ; enseignement / formation ; forges ; verrerie, électrique / électronique ; loisirs et sport.

Dominique Brenans, dans les ateliers d’Heat Concept, ZI du Coin à Saint-Chamond. © If Média / Xavier Alix

Parmi les centaines de sociétés qui sont ou ont été clients, se lisent des noms comme Thalès, Obut, Industeel, Valeo, Airbus, Safran, Dassault, le CEA, Framatome, SNCF, Nexter, Verney-Carron, Mirku ou encore Toyota… Elles peuvent choisir au sein d’une trentaine de gammes avec ou sans traitement thermique, d’air ambiant ou sous atmosphère contrôlée mais qu’il convient, « la plupart du temps d’adapter à la demande, précise Dominique Brenans. Nous faisons énormément de sur-mesure. Nos fours, nous les concevons, notre bureau d’études compte quatre personnes et les élabore selon les demandes du client, quitte à le conseiller rigoureusement sur la faisabilité des exigences et les évolutions nécessaires lorsqu’elles s’avèrent inadaptées aux réalités ». En visitant les 2 000 m2 de la ZI du Coin, à Saint-Chamond, on croise aussi bien des petits fours de 3 ou 4 litres commandés par des laboratoires universitaires qu’une alignée de tubes gigantesques (40 mètres mis bout à bout) destinés à l’industrie médicale, la production de seringues en l’occurrence.

Des pièces variant de 2 000 € à 1 M€

D’un modeste four vendu 2 000 €, Heat Concept peut ainsi passer à des unités qui se négocient à 1 M€. « En termes de poids, on a pu monter, à 8 tonnes sur certaines pièces, et, en hauteur, aller jusqu’de 8 mètres de haut. Bien sûr, les réalisations les plus imposantes, sont souvent achevées et/ou montées sur place, chez le client, explique Dominique Brenans. Mais – cela, même si sur certaines tâches lambda, ou au contraire, sur certains projets spécifiques, nous faisons appel à des intervenants extérieurs –, nous maîtrisons toute la chaîne de production dans nos ateliers : de la conception à la peinture en passant par la mécanique, la chaudronnerie, la fabrication des résistances électriques et la fumisterie – réfractaire. » Jusqu’à la maintenance et le SAV – 15 % environ de l’activité – sur laquelle Heat Concept comptait jusque-là deux personnes entièrement dédiées. Avec le rachat de Thermidor, qui continuera à fabriquer en synergie avec Saint-Chamond, elles devraient être cinq ou six avec l’objectif de passer rapidement à 20 %.

De quoi se diversifier – à ce sujet, Heat Concept compte aussi une activité purement commerciale en étant le distributeur du fabriquant de fours à pizza Alfa depuis 7 ans – en répondant aux demandes croissantes d’accompagnement de la clientèle et ainsi donner plus de lisibilité à son chiffre d’affaires (CA) si variable. « Notre « normale » tourne autour de 2,5 – 3 M€ par an pour Heat Concept (Thermidor a réalisé en 2022 1,2 M€, Ndlr). En 2021, on est monté à quasiment 3,5 M€ avant de retomber autour de 2,6 l’an passé. Mais ce n’est pas le signe de pertes de marchés, de toute façon, encore une fois, très cycliques dans notre domaine d’activité : un seul gros contrat concrétisé ou repoussé à notre échelle peut faire considérablement varier le CA. On retrouve ça sur l’export (les produits d’Heat concept se retrouve dans une quarantaine de pays) qui peut passer de 10 à 50 % de l’activité d’une année à l’autre. »

Le contexte énergétique ? Il y a ceux qui repoussent un investissement certes. Mais il y a aussi ceux qui l’accélèrent ou en prennent la décision à cause du même contexte.

Dominique Brenans, directeur d’Heat Concept

Et comme avec l’épreuve précédente qu’a été le Covid – plutôt bien franchie par Heat Concept, contrairement, d’ailleurs, à Thermidor – l’activité n’a pas été à l’heure du bilan financier impactée, à ce stade, par le contexte énergétique. « Parce qu’il y a les deux cas de figure, explique Dominique Brenans. Ceux qui repoussent un investissement en raison de la situation certes. Mais il y a aussi ceux qui l’accélèrent ou en prennent la décision à cause du même contexte. Les solutions techniques d’économie que nous proposons déjà depuis des années sont d’ailleurs davantage sollicitées qu’il y a quelques années… » Ni les solutions gaz, ni celles à l’électricité (déjà majoritaire en général dans les montants produits par le CA) n’en ont tiré pour l’instant une ascendance l’une sur l’autre.

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