Lactips annonce avoir levé 16 M€
L’innovation de la start-up industrielle implantée à Saint-Paul-en-Jarez – produire de l’emballage plastique sans plastique, via un « polymère naturel » à partir d’une protéine de lait, la caséine – continue d’aimanter les financeurs. Après avoir capté 20 M€ via trois levées de fonds distinctes depuis sa naissance en 2014 puis, plus récemment, obtenu le soutien financier de France 2030 via la BPI (déjà très investie dans le projet) ou encore accentué son partenariat avec l’ETI finlandaise Walki, Lactips annonce ce jour avoir obtenu 16 M€ sur une seule nouvelle tournée de table.
En « topant » à l’été 2022 avec le Japonais Itochu – qui lui-même approvisionne en emballages un très gros acteur local de l’alimentaire Ajinomoto –, sur une fourniture de ses granulas naturels révolutionnaires, Lactips disait s’être significativement rapprochée de la rentabilité. Il s’agissait alors du plus gros client de sa jeune histoire. Mais la rentabilité, elle, reste toujours attendue pour fin 2025, sinon 2026. Pas de péril en la demeure : c’est le propre d’une histoire économique de ce genre, celle d’une start-up portant une innovation majeure mais au long cheminement financier avant d’engranger les bénéfices. Mais Lactips n’est pas une start-up encore cantonnée au seul stade de la R&D, bien que celle-ci continue à s’activer derrière ses murs. Dans son usine de 4 200 m2 implantée à Saint-Paul-en-Jarez ouverte en 2021 – une reconversion pour 6 M€ investis du site de France Crème fermé en 2018 – fonctionne déjà une ligne de production.
Une soixantaine de collaborateurs s’active déjà aussi sur place. Taillé pour monter jusqu’à une production de 10 000 t par an, le site est en mesure de produire actuellement et toujours annuellement 1 500 t de ces granulas obtenus à partir d’une protéine de lait, la caséine, l’équivalent d’un polymère 100 % biosourcé, 100 % biodégradable. Ils peuvent se substituer à une partie de ceux utilisés par l’industrie plastique en ayant le même aspect et, ce n’est pas rien, avec l’atout de s’insérer facilement dans les process existants en substituant aux granulas obtenus à partir du pétrole. De quoi obtenir de petits objets par injection (des tees de golf par exemple), des films (ceux enveloppant les tablettes vaisselle ou de lessive), des emballages (induction des papiers alimentaires), tous solubles dans l’eau. Et même des cocons biodégradables capables de protéger les jeunes plants d’arbres contre les agressions physiques ou climatiques.
Le volume de production doit doubler d’ici fin 2026
Nous avons eu l’occasion de présenter à plusieurs reprises son innovation, son site, son projet économique né il y a 10 ans, tous accouchés des recherches menées à l’université Jean-Monnet par l’enseignant-chercheur stéphanois Frédéric Prochazca, co-fondateur, de nos jours derrière le poste de directeur scientifique. Preuve du sérieux et des espoirs que porte cette innovation, la start-up industrielle collectionne depuis ses débuts, outre les trophées, les soutiens financiers privés, parapublics et partenariats avec de grands groupes, voire très grands groupes. Elle est déjà ainsi parvenu à lever 20 M€ auprès de différents financeurs (en trois fois : 2015, 2018 et 2020) ainsi qu’à attirer l’attention de géants internationaux de l’alimentation mais aussi des cosmétiques, qui aident à la poursuite de ses recherches dans l’objectif que leurs fournisseurs rendent leurs emballages plus propres. Ces partenariats se réalisent parfois directement avec les producteurs d’emballage, comme Itochu donc, voire des recycleurs de gros calibre.
Dernièrement, Lactips a annoncé aller plus loin avec l’ETI finlandaise Walki group (1 700 collaborateurs dans le monde, 627 M€ de CA), présentée comme un « leader de la transformation des emballages plastiques » et avec qui la société ligérienne travaille depuis 2022. Début novembre, les deux partenaires annonçaient la conclusion d’un accord de coopération (Joint Development Agreement – JDA) dans le but de créer, grâce à l’innovation de Frédéric Prochazca, « des emballages alimentaires entièrement biodégradables sans impact sur la recyclabilité des papiers et cartons enduits ». Il y a un peu plus de deux mois encore, Lactips annonçait investir prochainement environ 10 M€ afin de doubler d’ici fin 2026 ses capacités de production et donc passer à une capacité de 3 000 t de granulas. Investissement rendu possible par une aide publique, celle accordée aux lauréats du programme gouvernemental France 2030 « Première usine » via Bpifrance (qui n’a pas précisé le montant exact pour Lactips, seulement le total de cette 6e vague, soit 42,8 M€ accordés à 12 projets).
Des ambitions commerciales en Europe, au Japon et aux Etats-Unis
Ce mercredi 27 novembre, nouvelle étape et pas la moindre annoncée par communiqué à défaut d’obtenir, cette fois-ci, un échange direct avec les dirigeants pour répondre à toutes nos interrogations : une levée de fonds d’un montant de 16 M€. « Ce nouveau tour de table, soutenu par le fonds SPI, géré pour le compte de l’Etat par Bpifrance dans le cadre de France 2030, marque l’entrée au capital de Swen Blue Ocean et GO Capital au travers de son fonds Impact Océan Capital, ainsi que de Sogive. Avec cette levée de fonds, Lactips dispose des ressources nécessaires pour réaliser ses ambitions et devenir un acteur international de premier plan. Cette levée permettra à la société d’accélérer son développement commercial en Europe et poursuivre son ouverture aux États-Unis et au Japon afin de renforcer sa présence sur ces marchés stratégiques. » Autres objectifs annoncés : poursuivre ses efforts de recherche et développement afin d’élargir sa gamme de produits, améliorer leurs performances et réduire leur impact environnemental. Et enfin, continuer à investir dans son outil industriel pour soutenir sa croissance et optimiser ses capacités de production.
Avec cette levée de fonds, Lactips dispose des ressources nécessaires pour réaliser ses ambitions et devenir un acteur international de premier plan.
« Nous sommes ravis de franchir cette nouvelle étape dans le développement de Lactips. L’entrée de fonds à impact à notre capital est une véritable reconnaissance de notre potentiel de croissance sur le long terme et de notre engagement en faveur d’un développement responsable et d’une transition écologique globale. Nos actionnaires historiques ont également à nouveau confirmé leur attachement à Lactips. Ces partenariats de long terme nous donnent les moyens de réaliser nos ambitions », déclare Alexis von Tschammer, DG actuel de Lactips. Il y a 2 ans, Lactips disait espérer atteindre environ une dizaine de millions d’euros de CA (celui actuel n’est pas communiqué) d’ici 2027/2028 et recruter dans le même laps de temps une quarantaine de profils, en grande partie pour assurer sa production.