Irène Breuil : « Faire que l’écosystème local n’oublie pas qu’il y a une CCI à Saint-Etienne »
Irène Breuil vient d’être réélue présidente de la délégation de Saint-Etienne de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne. Elle représentera également la Loire au sein du bureau de la CCI de région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette cheffe d’entreprise nous explique les enjeux de ses nouveaux mandats et les projets qu’elles souhaitent mener à bien. En premier lieu : rappeler l’existence d’une CCI à Saint-Etienne.
Vous venez d’être réélue à la tête de la délégation de Saint-Etienne de la CCI métropolitaine Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne. Quels sont les objectifs de votre nouveau mandat qui s’ouvre ?
Mon premier souhait est que l’écosystème local n’oublie pas qu’il y a toujours une CCI à Saint-Etienne. Certes elle a fusionné avec celle de Lyon, mais elle existe toujours. C’est un point important. Nous repartons sur un autre mandat avec de nouveaux élus. Nous avons 70 % de renouvellement avec une équipe très motivée, composée à 40 % de femmes. Je suis très enthousiaste, nous avons un programme chargé car les entreprises ont plus que jamais besoin de nous, dans un contexte sanitaire et économique toujours très délicat. Parmi les objectifs menés, nous avons la mise en place du Comité de développement territorial, le CDT, qui a pour but de renforcer le travail de proximité auprès des entreprises, de faire émerger des projets structurants pour le territoire et de fédérer un maximum d’acteurs autour de ces derniers.
Comment ce CDT va-t-il se formaliser ?
Nous aurons des réunions d’acteurs autour de thématiques. Cela va dans le sens de la déclinaison de notre mandat autour de plusieurs axes. Tout d’abord, une orientation vers l’animation territoriale en fédérant autour de nos partenaires, de l’écosystème ligérien. Ensuite, nous allons continuer de travailler sur le plan de relance. L’objectif est d’aller chercher le milliard ligérien du plan national. La Loire héberge 108 lauréats de ce plan de relance, ce qui démontre le dynamisme des acteurs autour de ce sujet. Ce plan permet à nos entreprises d’investir, de lever des fonds, mettre en place des investissements qu’elles avaient dû décaler… Nous avons également l’objectif de trouver de nouveaux leviers de compétitivité pour nos entreprises. Pour le moment, nous en avons identifié trois : le e-commerce, le design et l’industrie du futur. Concernant le premier, nous accompagnons la transition digitale des TPE/PME, avec de surcroît le salon Click’n’Shop dont nous organisons la troisième édition en mars 2022 au stade Geoffroy-Guichard. Ensuite, le design, car nous sommes dans une ville de design par excellence. Notre objectif est de sensibiliser les entreprises aux enjeux et aux bénéfices du design pour leur activité. Nous interviendrons notamment pendant la Biennale 2022. Enfin, nous travaillons sur l’industrie du futur avec GoFab. L’enjeu est ici de sensibiliser les structures aux mutations de l’industrie du futur. GoFab est un salon qui se déroule tous les deux ans mais nous avons également un cycle de conférences annuel sur ce thème.
Nous repartons sur un autre mandat avec de nouveaux élus. Nous avons 70 % de renouvellement avec une équipe très motivée, composée à 40 % de femmes.
Vous disiez qu’il est important de rappeler l’existence d’une CCI à Saint-Etienne. Les entreprises locales font moins appel à la CCI qu’auparavant ? Elles se tournent davantage vers Lyon ?
Il y a eu fusion pour créer la CCI métropolitaine Lyon Saint-Etienne Roanne, première CCI territoriale de France. Mais il y a bien toujours une CCI à part entière à Saint-Etienne. L’objectif pour nous est de fédérer l’ensemble des acteurs économiques et politiques atour des projets de la CCI de Saint-Etienne. La CCI de Saint-Etienne existe et est là pour répondre aux besoins du développement économique du territoire stéphanois. Depuis le début de la crise Covid, nous avons eu 6 000 entreprises, sur les 30 000 que compte le territoire, qui ont fait appel à leur CCI. Cela démontre l’importance de notre structure.
Vous aviez appuyé, lors de la présentation de votre candidature pour un nouveau mandat à la tête de la CCI de Saint-Etienne, sur le fait que les CCI avaient été très impactées par la baisse des dotations liées à la taxe pour les frais de chambre (TFC). Est-ce que cet impact se ressent encore ?
Nous avons vu 75 % de nos ressources supprimées en cinq ou six ans. C’est énorme ! J’ai envie de dire qu’aujourd’hui c’est intégré dans notre fonctionnement. Les CCI se sont transformées. Nous avons engagé il y a trois ans un plan de réorganisation, qui s’est accéléré ces deux dernières années.
Paradoxalement, la crise sanitaire a plutôt eu un impact positif sur les CCI. Elle a eu le mérite de pointer du doigt l’importance des corps intermédiaires.
La crise sanitaire n’a pas eu d’effet négatif à ce niveau pour les CCI ?
Paradoxalement, la crise sanitaire a plutôt eu un impact positif sur les CCI. Elle a eu le mérite de pointer du doigt l’importance des corps intermédiaires. Les CCI ont été identifiées très rapidement comme le lien entre l’Etat et les chefs d’entreprises de chaque territoire. Sur le territoire métropolitain qui compte 153 000 entreprises, et la CCI a recensé près de 40 000 qui ont fait appel à elle. Cette crise nous a également permis de montrer notre agilité. Nous avons monté en cinq semaines la plateforme CARE qui recensait toutes les aides auxquelles avaient droit les entreprises.
Vous avez également été élue représentante de la Loire à la CCI de région. Qu’est-ce que ce rôle engage pour vous ? Y-at-il des enjeux particuliers pour la Loire ?
C’est bien d’être présent dans cette CCI de région. Les CCI de région ont une importance, notamment celle d’Auvergne Rhône-Alpes qui regroupe les 13 CCI régionales. Même si notre CCI est métropolitaine, je pense qu’il est bien que la Loire soit représentée au bureau régional pour voir ce qui s’y passe. Mais mon dossier reste le territoire et la proximité en priorité car il est important que les entreprises locales reviennent en proximité avec nous. Je sais que nous sommes en phase là-dessus avec CCI France et la CCI de région. C’est une stratégie commune à toutes les CCI.
Vous avez été soutenue par la CPME et le MEDEF dans votre candidature. Ce dernier a regroupé ses deux entités dans la Loire pour créer le Medef Loire. Quelle est votre réaction sur ce point ?
Je pense que c’est mieux pour le territoire. Mais cela ne change pas fondamentalement mon rôle de présidente de la CCI ou bien mes relations avec le MEDEF.