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mardi 15 octobre 2024
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Irène Breuil : « Plus de 80% des chefs d’entreprise ligériens annoncent un chiffre d’affaires à la baisse »

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L’économie et les entreprises ligériennes ont été fortement impactées par la crise liée au coronavirus. Mais dans quelles proportions ? Peut-on envisager une relocalisation ? Éléments de réponse avec la présidente de la délégation Loire de la CCI Lyon Métropole Saint-Étienne Roanne, Irène Breuil.

Irène Breuil, présidente de la délégation Loire de la CCI Lyon Métropole Saint-Etienne Roanne

Quel impact a eu la crise liée au Covid-19 sur les entreprises ligériennes ?

Du côté de la CCI, nous avons noté un impact sévère sur le chiffre d’affaires des entreprises, dans l’ensemble des activités. Plus de 80% des chefs d’entreprise ligériens annoncent un chiffre d’affaires à la baisse. Les commerces et les CHR (Cafés Hôtels Restaurants) connaissent une trésorerie fragile. Le niveau de cette dernière est également jugé difficile, voire très difficile par 30% des dirigeants. Cette proportion atteint 50% pour les commerces et 70% pour les CHR. Enfin, on voit aussi des investissements en net recul. Cela se traduit par un report ou une annulation de l’investissement programmé avant la crise. 8% des dirigeants qui maintiennent leur projet, 19% qui décident de le reporter et 11% de l’annuler. Ces chiffres correspondent aux données récoltées par la délégation Loire de la CCI auprès d’un peu moins de 500 chefs d’entreprise.

« La crise a obligé nos entrepreneurs à se réinventer, à être plus agiles, à trouver des solutions d’urgence. »

Concernant l’emploi, les perspectives sont-elles meilleures ?

À propos de l’emploi, la CCI a mené une enquête du 18 au 20 mai auprès de 300 entreprises qui montre que 3 entreprises sur 4 ont recours au chômage partiel, 1 salarié sur 4 est encore en télétravail en totalité ou partiellement, 16% des entreprises ont des salariés en arrêt de travail. On voit également des conséquences à propos des recrutements, 9% les reportent et 8% les annulent. 5% des entreprises interrogées ont décidé de suspendre le recours à l’intérim. Seuls 10% des interrogés pensent augmenter leurs effectifs.

« En tant que chef d’entreprise, on sait qu’il est important de ne pas être dépendant ni d’un fournisseur, ni d’un client. »

Selon vous, cette crise peut-elle engendrer une relocalisation de la production et des achats pour les entreprises ligériennes ?

Ce n’est jamais simple de changer ses fournisseurs. En tant que chef d’entreprise, on sait qu’il est important de ne pas être dépendant ni d’un fournisseur, ni d’un client. Il faut toujours avoir un plan B. Je le vois dans mon entreprise travaillant dans le secteur textile. Je n’avais, à une époque, que des fournisseurs français. J’ai dû basculer sur la Turquie car les Français se sont arrêtés de travailler… Je pense que tous les chefs d’entreprises savent cette importance de ne pas être dépendant pour ne pas mettre en péril son activité. Dans la pratique, c’est un petit peu plus compliqué. Par contre, la crise a obligé les entrepreneurs à se réinventer, à être plus agiles, à trouver des solutions d’urgence. Il est important de parler de relocalisation, mais on ne peut pas être très tranchant sur cette dépendance vis-à-vis de l’étranger. Il est difficile de la gommer complètement, et ce n’est pas forcément souhaitable. Je trouve que sur notre territoire, on a parlé beaucoup des circuits courts, de développement durable et d’économie circulaire. Je pense qu’il faut pousser encore davantage et ne pas s’arrêter au milieu du gué. Notre territoire est courageux et inventif. Je crois beaucoup dans les capacités de ce dernier à rebondir et trouver de nouvelles opportunités en terme de développement commercial mais aussi dans le sourcing.

« Notre territoire est courageux et inventif. Je crois beaucoup dans les capacités de ce dernier à rebondir et trouver de nouvelles opportunités. »

Du côté de la CCI, comment favorisez-vous cela ?

Nous avons mis en place une bourse d’entraide*. L’objectif de ce projet est de mettre en relation les entreprises du territoire, dans un but de collaboration afin de préserver leurs activités et de favoriser les circuits courts dans un premier temps. Cela nous a permis de trouver des solutions. Je pense à l’exemple d’un producteur de lait de chèvre bio ayant un stock sur les bras qu’il ne pouvait écouler et pas suffisamment de place pour le conserver. Grâce à la bourse d’entraide, on a pu lui trouver une entreprise proche de la sienne, possédant des chambres froides. Cette plateforme permet aux entreprises de déposer des offres ou des demandes, ensuite un expert de la CCI recherche les synergies possibles entre les entreprises dans nos bases de données géolocalisées et les met en relation. Cette initiative n’en est qu’aux prémisses. Cela ne suffira pas pour parler de plan de relocalisation mais elle permet de sensibiliser les chefs d’entreprise à entamer une réflexion sur leurs sources d’approvisionnement et à créer de nouveaux liens en local. Il arrive qu’on aille chercher des choses loin alors qu’une entreprise proche peut répondre aux besoins. Il est important que l’on travaille ensemble ! En tant que présidente de la CCI, je suis assez confiante à propos de notre territoire. Je pense que cette crise aura du positif en repositionnant des choses et en amenant de nouvelles réflexions. Nous avons eu très peur de voir nos activités s’arrêter mais nous possédons cette agilité et cette capacité de rebondir. Bon nombre d’entreprises ont su se repositionner et répondre aux besoins du marché dans un laps de temps très court. J’espère surtout que tout cela n’était pas un one shot et que la réflexion va se poursuivre sur une partie de relocalisation.


La CCI a également mis en place une plateforme d’aide : CARE.

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