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vendredi 19 avril 2024
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Lactips passe un cap en signant au Japon et prépare une nouvelle levée de fonds

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La jeune entreprise ligérienne qui vit ses derniers moments de start-up, a officiellement inauguré son site industriel de Saint-Paul-en-Jarez où elle est installée depuis un an. Son innovation – permettre de produire de l’emballage plastique sans plastique, à partir d’une protéine de lait – continue à attirer les financements. Elle vient, enfin, de signer un contrat majeur au Japon avec le fournisseur d’un très gros acteur de l’alimentation.

Alexis von Tschammer, directeur général de Lactips, Frédéric Prochazka, co-fondateur et directeur scientifique et Bertrand Dupeyroux, vice-président ventes et marketing. ©If Média/Xavier Alix

La « vallée de la mort » ne semble pas les inquiéter plus que ça. On ne parle pas du Gier. Mais d’une expression d’entrepreneur : la phase qu’une start-up vit entre l’application de son innovation et le moment où elle commence à couvrir ses dépenses par des revenus. Il faut dire que Lactips a de la ressource et aperçoit le bout de ce parcours avec des perspectives qui promettent question fertilité. L’entreprise ligérienne connaît actuellement sa dernière phase de développement en tant que « start-up passée à la phase industrielle ». Le 7 septembre, elle a officiellement inauguré son usine implantée à Saint-Paul-en-Jarez.

Un investissement de 6 M€ qui a consisté à reconvertir et agrandir un site agroalimentaire (France Crème, fermée en 2018) qu’If Saint-Etienne avait déjà pu visiter au printemps dernier. Nous avions alors publié un portrait complet de l’entreprise qui emploie déjà près d’une soixantaine de personne. Lactips est en fait installée depuis un an dans ces 4 200 m2 qui lui permettent d’anticiper son développement – avec toujours une grande partie réservée à sa R&D – et d’aller, potentiellement, jusqu’à six lignes de production pour une capacité maximale de 10 000 tonnes de ses fameux granulas contre 1 500 actuellement.

Le plastique sans plastique, c’est fantastique

Les granulas de Lactips, les CareTips®, ont le même aspect que ceux actuellement utilisés par la plasturgie.

Pour rappel, ces granulas, biosourcés, baptisés CareTips®, obtenus à partir d’une protéine de lait, la caséine à la suite des travaux de Frédéric Prochazka, chercheur de l’université Jean-Monnet et co-fondateur de Lactips en 2014, peuvent se substituer à ceux utilisés par l’industrie plastique en ayant le même aspect et en s’insérant parfaitement dans les process existants. De quoi obtenir de petits objets par injection (des tees de golf par exemple), des films (ceux enveloppant les tablettes vaisselle ou de lessive), des emballages (induction des papiers alimentaires), tous solubles dans l’eau et 100 % biodégradables.

Interrogé sur les conséquences que pourrait avoir un recours massif à la caséine comme substitut du plastique sur la vente de lait alimentaire, Bertrand Dupeyroux, vice-président ventes et marketing se veut rassurant : la caséine est déjà exploitée industriellement et le volume de lait ainsi dévié (parfois impropre à la consommation) restera très marginal, même en poussant le potentiel au maximum. Les applications possibles liées aux propriétés de ses granulas restent en effet concentrées dans les domaines cités plus haut, une part très relative – quelques milliers de tonnes – des 400 millions de tonnes de plastique produites par an dans le monde. Chiffre qui a doublé en 20 ans. Mais entre la prise de conscience générale des immenses dégâts causés par le plastique et une législation toujours plus contraignante pour les entreprises, l’innovation de Lactips est pertinente, bienvenue et très attractive.

Une quarantaine de recrutements d’ici 5 ans

Une grande partie de l’équipe de Lactips le soir de l’inauguration du site de Saint-Paul-en-Jarez. Photo Lactips.

Elle lui a valu de nombreux trophées et labels, la capacité à lever 20 M€ auprès de différents financeurs (en trois fois : 2015, 2018 et 2020) ainsi que l’attention de géants internationaux de l’alimentation et cosmétiques, qui aident à la poursuite de ses recherches dans l’objectif que leurs fournisseurs rendent leurs emballages plus propres. Côté débouchés, Lactips produit et livre déjà des clients mais n’a pas encore franchi le cap de la rentabilité. Celui-ci est visé pour 2025. En signant cet été un approvisionnement en granulas avec le Japonais Itochu qui fournit en emballages un très gros acteur local de l’alimentaire – Ajinomoto –, Lactips s’en est rapprochée.

Même si, malgré nos questions, aucun chiffre n’a été communiqué sur ce qui est, désormais, le contrat le plus significatif de sa jeune histoire. Idem, d’ailleurs, pour le chiffre d’affaires (CA) actuel et le montant visé par une nouvelle levée de fonds devant intervenir d’ici quelques mois. Lactips espère atteindre environ une dizaine de millions d’euros de CA d’ici 5 ans et va recruter, d’ici, là une quarantaine de profils, en grande partie pour assurer sa production.

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