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Le savoir-faire étincelant d’IBF à L’Horme

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Cette modeste PME du Gier – 18 salariés – de la métallurgie se dit la seule à détenir, en France, le savoir-faire qui lui permet de fabriquer ses couronnes et brides roulées soudées par étincelage. De quoi lui donner de très sérieuses perspectives de développement…

Dans les ateliers d’IBF, avenue Berthelot à L’Horme. ©If Média/Xavier Alix

Ça roule et ça tourne pour IBF. Ne demandez pas ce que signifie le sigle. Son propriétaire, Philippe Bouchand, qui en a fait l’acquisition en 2019 a beau eu chercher, l’explication se perd dans les méandres d’une histoire, probablement débutée par une forge dans les années 1860 spécialisée dans le cerclage métallique des roues de chariots… 160 ans plus tard, bien du métal a coulé dans ses moules, avenue Berthelot à L’Horme, au milieu d’une zone qui, en plein cœur de la petite ville, concentre encore, malgré les saignées économiques, une activité sidérurgique qui respire encore. En face d’IBF, il y a SAG (avec qui la société partage une partie de son histoire) et à quelques dizaines de mètres, d’un côté, deux sites de Setforge, de l’autre AT2T.

Une empreinte locale qui ne laisse pas indifférents Philippe Bouchand et ses employés : « Il y a une filiation forte, un attachement des salariés à cette boite. Il faut le saluer. Les arrières-grands-parents de certains ont travaillé ici. C’est LEUR entreprise et ce n’est pas étranger à leur motivation. Un de nos anciens responsables est à la retraite depuis 3 ans. Si on doit faire appel à ses conseils, il vient immédiatement. » Usineur de formation, salarié pendant 30 ans, Philippe Bouchand, était précédemment responsable fabrication au sein de Rafer à Saint-Chamond. Se sentant mûr pour l’entrepreneuriat, « je cherchais une entreprise au savoir-faire particulier et ne pas avoir à me battre à coup de centimes sur chaque pièce façonnée ». Il a trouvé IBF, reprise dans un premier temps à 75 % à son ancien propriétaire (la famille Dazin) pour une transition de 3 ans qui s’est achevée en février.   

IBF produit ses « cercles » à partir de barres entièrement transformées. Économique. ©If Média/Xavier Alix

+ 40 % de chiffre d’affaires en 2022

La particularité d’IBF : fabriquer des couronnes et brides roulées soudées par étincelage, brutes ou ensuite usinées selon la demande. Traduction : des pièces de jonction, en forme de cercles, destinés, notamment à des ensembles de production et pouvant atteindre un diamètre extérieur de 2,35 m (contre 250 mm pour les plus petites) pour une épaisseur de 15 cm et 10 cm de haut ainsi qu’un poids de 850 kg. Elles sont faites à partir d’acier, d’inox ou d’acier réfractaires et hyper résistantes aux hautes pressions. Avec cet atout majeur vis-à-vis de la consommation de matières premières et donc des prix pratiqués : elles ne sont pas taillées dans des énormes plaques de métal mais réalisées à partir de barres entièrement transformées, chauffées à 1 000° puis enroulées dans un anneau, soudées en quelques minutes et, enfin à peine rabotées avant d’être usinées si besoin. Une « alternative à la forge et l’oxycoupage », décrit la PME qui met en avant des délais très courts : « Nous livrons des brides brutes en 15 jours, là là où certaines forges mettent 8 à 12 semaines. »

Ce marché de niches trouve ses débouchés dans le transport par câble, la tuyauterie industrielle, la chaudronnerie, l’agroalimentaire, l’industrie pharmaceutique, l’armement, l’énergie hydraulique ou encore le nucléaire. Sous-traitant, IBF l’est de 1er rang dans le dernier secteur, sinon de 2e, 3e ou même 4e niveau selon les clients finaux.  L’entreprise en a 1 200 dans ses carnets, à 80 % français, pour 300 actifs par an en moyenne. Partie en 2019 d’1,7 M€ de chiffre d’affaires pour 11 salariés, IBF a retrouvé des marges bénéficiaires et compte aujourd’hui 18 collaborateurs (+ 4 recrues cette année) pour un chiffre d’affaires 2022 qui devrait se conclure à 3,7 M€. La progression sera ainsi de près de 40 % par rapport à 2021 et s’explique davantage par la conquête croissante de marchés que par l’inflation des matières premières.

Une certaine filiation et attachement motive le personnel d’IBF. ©If Média/Xavier Alix

Un déménagement envisagé

Elle trouve aussi son origine dans les 325 000 € investis, au total, dans son process sur les trois derniers exercices auxquels s’ajoutent 350 000 cette année. Si 100 000 € sont consacrés au « décarbonage » du processus de fabrication (passer à un roulement à froid pour réduire la consommation de gaz), la plus grande partie de la somme est consacrée à l’acquisition de machines développement d’un nouveau process, héritage en voie d’amélioration d’un client italien, qui doit lui permettre de produire début 2023 des brides rectangulaires et carrées. Un marché conséquent pour équiper de couvercles des cantinières est d’ailleurs en jeu. Une diversification qui a lui a valu l’appui de la Région Aura à hauteur de 49 000 € dans le cadre son dispositif « Pack reloc » destiné au développement et à l’emploi industriel (IBF devrait encore recruter quelques personnes l’an prochain) ainsi que la visite mardi, d’Aline Mouseghian, conseillère régionale locale.

IBF va poursuivre ses investissements. Pas que dans le « décarbonage » où d’autres projets sont nécessairement dans les tuyaux (le gaz lui coûte actuellement 90 à 100 000 euros par an sur un contrat bloqué 4 ans et signé début 2022) mais aussi pour tenter de décrocher un marché majeur auprès d’une multinationale en quête d’un sous-traitant capable de lui fournir des pièces très précises dans l’objectif de générer plus efficacement de l’hydrogène. S’il est signé, ce marché ferait passer IBF dans une autre dimension en multipliant son chiffre par 3, sinon 4. Le déménagement de l’entreprise installée dans une location de 2 000 m2 aux ateliers éclatés, déjà envisagé et discuté avec Saint-Etienne Métropole, deviendrait alors indispensable.

En 2022, d’ici la fin de l’année, IBF aura transformé 500 t d’acier et 400 d’inox. ©If Média/Xavier Alix
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