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jeudi 25 avril 2024
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Mécanique : Microrectif & Micromec font la chasse aux incertitudes

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Tout en renforçant leurs capacités pour le secteur aéronautique vers lequel elles sont le plus tournées, les deux sociétés sœurs stéphanoises Microrectif & Micromec investissent 2,6 M€ pour diversifier leurs portefeuilles. La première exerce dans la rectification et la métrologie pour réaliser des pièces mécaniques de haute précision. La seconde l’appuie avec son équipement et savoir-faire en tournage et fraisage. Bref, de l’industrie mécanique de pointe à la stéphanoise. Exit l’ambiance Zola.

Gérald Chatain dans les locaux de Micromec, société au service de sa « grande sœur » Microrectif. © XA / IF SaintEtienne

« Non, désolé. Il ne faut pas prendre en photo cette pièce-là… Et… Non, celle-ci non plus, navré. » On ne peut pas en vouloir à Gérald Chatain. Il en va de la crédibilité des deux sociétés sœurs qu’il dirige. Lors des rares visites qu’il accorde au sein de leurs murs communs, à deux pas de Geoffroy-Guichard, des pièces « sensibles » sont parfois retirées de la vitrine d’exposition. Tout dépend du contexte. Mais la confidentialité sera toujours une priorité.

Et s’il cite Airbus ou encore Safran parmi les grands comptes pour lesquels Microrectif & Micromec, – propriétés depuis 2000 de JMGC participations, holding familiale des Chatain – travaillent, son PDG préfère rester discret sur le portefeuille client. On ne saura donc pas à qui était destinée cette pièce d’une précision extrême : un composant d’un satellite spatial qui a réclamé la bagatelle de… 550 heures de travail ! Entrer chez Microrectif & Micromec, c’est passer en revue des dizaines de machines-outils haut de gamme.    

Microrectif possède le moyen de mesure de métrologie 3D le plus précis de la planète

Le modèle Xenos ? En France, aucune autre machine n’est certifiée pour des mesures tridimensionnelles. Nous avons obtenu son exclusivité.

Gérald Chatain, président de Microrectif & Micromec

« Nous usinons ici des pièces d’une précision pouvant attendre 0,2 microns et possédons un laboratoire de contrôle de métrologie aux précisions atteignant les quelques nanomètres d’incertitude. Notre équipement et le savoir-faire de nos équipes nous permettent d’atteindre ces précisions extrêmes », explique Gérald Chatain.

Microrectif est même le premier atelier de production au monde à posséder le moyen de mesure de métrologie 3D le plus précis de la planète. « Seuls des organismes publics et laboratoires étrangers possèdent l’équivalent. » Derrière ses vitres maintenant une température constante, excluant, une fois activée, une présence humaine perturbatrice de thermomètre, le modèle Xenos de la société Zeiss éradique la contre-mesure. « En France, aucune autre machine n’est certifiée pour des mesures tridimensionnelles. Nous avons obtenu son exclusivité. Elle vient d’être renouvelée », précise Gérald Chatain.

Outillages, prototypes, éprouvettes, petites séries, pièces étalons, calibres de contrôles… C’est une expertise en usinage et rectification de très haute précision – dont elle se dit le leader national – pour des pièces mécaniques que propose Microrectif, 40 collaborateurs (contre 18 en 2011). Elle est appuyée par la vingtaine de salariés de Micromec pour exercer les opérations de fraisage et tournage. Derrière les masques des salariés affectés au pilotage de chaque machine qu’ils bichonnent, des visages souvent jeunes se devinent. Ici, la moyenne d’âge ne dépasse pas la mi-trentaine.

80 % de l’activité concernent des réalisations de moins de dix pièces

Le groupe aime former à la base. Puis conserver son personnel. Celui-ci n’a pas pour mission de fabriquer « nos propres produits. Nous travaillons ceux de nos clients à partir de leurs plans, résume Gérald Chatain. Il s’agit à 60 % de prestations de service. Et à 40 % de fabrication. On nous confie le façonnage de pièces « critiques » qui pourront par exemple ensuite être reproduites en plus grande série. En fait, notre tâche consiste souvent à préparer ces dernières. »  

Le parc de machines du groupe est impressionnant. Ici, chez Microrectif.

80 % du chiffre d’affaires concerne des réalisations impliquant moins de dix pièces. Et même 30 % de l’activité moins de trois. Une production de grande série, ici, correspond à 500 pièces. Un véritable banc d’essai, une contribution externalisée à la R&D, souvent pour des grands comptes. Il s’agit de laboratoires de recherches, du secteur médical, du nucléaire, de l’armement, de l’automobile, de l’aérospatial ou encore, voire surtout, de l’aéronautique. Ce dernier domaine pèse à 50 % dans le chiffre d’affaires du groupe. Alors, forcément, la crise sanitaire a apporté son lot de turbulences au carnet de commandes.

Microrectif et Micromec lance Rebond 2021 : un plan d’investissement pour se diversifier

Face au contexte sanitaire, nous avons heureusement les reins solides et le redémarrage en Asie a aidé. On a limité les dégâts.

Gérald Chatain, président de Microrectif & Micromec

Même si les grands groupes ont continué à le soutenir le plus possible pour ne pas perdre l’expertise d’un sous-traitant capital. Reste que le contexte délicat de l’automobile dès 2019 enchaîne avec celui du Covid pour l’aviation, secteur jusque-là très porteur, a fait chuter un CA qui avait atteint pour Mircorectif plus de 8 M€ à la clôture de mars 2019 (alors en progression de + 14 %). Il était tombé à 6,5 M€  en mars 2020 et s’est stabilisé sur le dernier exercice. « Nous avons heureusement les reins solides et le redémarrage en Asie a aidé. On a limité les dégâts. Et nous ne sommes complètement arrêtés qu’une seule journée, le 17 mars 2020. Le chômage partiel n’est resté en moyenne qu’à 8 %. Nous espérons un retour à la normale fin juin. »

Face aux manques de certitudes dans l’automobile et l’aéronautique, le groupe a décidé de se lancer dans le projet « Rebond 21 ». Un plan d’investissement qui a obtenu le soutien de l’Etat via France relance. 2,6 M€ seront investis pour étendre les 2 800 m2 de locaux existants. De quoi accueillir cinq nouvelles machines de production. Elles permettront d’étendre les activités autour du nucléaire et de l’armement. La création de ces 400 m2 et leur mise en route doit débuter d’ici la fin de l’année pour se concrétiser mi 2022. Cinq à dix emplois devraient être créés d’ici 3 ans.

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