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Neyret : le métier tissé au fil du temps

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Implantée depuis 1823 à Saint-Étienne, l’entreprise familiale Neyret a su se renouveler et évoluer avec son temps. Fleuron du savoir-faire stéphanois, elle bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance à l’international et travaille avec les plus grands noms du textile. Le PDG actuel, Benoit Neyret, représente la huitième génération à la tête du fabricant de rubans et d’étiquettes. Il a accepté de revenir avec nous sur l’histoire de l’entreprise, et d’évoquer ses perspectives en matière de développement.

Neyret
Aujourd’hui, Neyret compte 1 000 salariés à travers 8 pays dans le monde. © Neyret

Jean-Baptiste Neyret a fondé l’entreprise de rubanerie éponyme en 1823. À l’époque, la société prend ses quartiers place du peuple, à Saint-Étienne, et connaît un gros essor au 19e siècle, à l’époque où la ville est la capitale incontestable du ruban avec l’anglaise Coventry. Très vite, l’entreprise Neyret utilise la technologie Jacquard afin de créer des images tissées en soie. Elle développe ainsi une expertise forte en tissage de haute qualité utilisée principalement à l’époque pour confectionner des images liturgiques, ainsi que des décorations civiles et militaires. Avec le temps, Neyret se développe et se lance dans la griffe tissée, afin d’investir le marché de l’impression et du tissage d’étiquettes. C’est un succès qui amène déjà l’entreprise à travailler avec de grands noms français comme La Redoute ou la Camif.

Tisser des liens avec le luxe

Mais au début des années 90, la confection textile s’externalise. Un choix qu’a toujours refusé de faire l’entreprise, qui fabrique à Saint-Étienne et Grammond. À la place, elle va frapper à la porte des maisons de luxe. « Comme on savait faire des rubans, on s’est mis à en faire pour l’emballage des produits de luxe », raconte l’actuel PDG Benoit Neyret, huitième génération à la tête de l’entreprise familiale.

Au début des années 2 000, Neyret part à la conquête de l’international et les étiquettes qu’elle propose deviennent intelligentes. « L’industrie du luxe marche très bien, en particulier les marques françaises. Nous continuons aujourd’hui à vendre l’étiquette Jacquard, mais aussi des modèles qui permettent d’avoir accès à la traçabilité, à la gestion des stocks, à la composition et la provenance du produit. Ce sont les cartes d’identité numériques du produit, qui suivent son cycle, depuis sa confection jusqu’à son éventuel recyclage. » Cette technologie représente une solution contre un enjeu majeur des marques de luxe : la contrefaçon.

L’entreprise est très engagée dans la formation professionnelle et l’insertion. © JT

L’avenir et ses enjeux

C’est pourquoi Benoit Neyret axe notamment le développement de la société sur les services numériques, avec une innovation technologique forte qui permet d’intégrer des marqueurs aux tissages, tout en conservant le savoir-faire inhérent au Jacquard. Il entend également poursuivre la création de packaging éco-conçus, en coton biodégradable, certifiés Gots (Global organic textile standard). Il s’agit d’un label exigeant parmi de nombreuses autres dans l’entreprise comme Ecotec, Iso 9001 ou encore Iso 14 001 (management environnemental, ndlr).
« Nous sommes le seul producteur Européen de cette taille et le numéro un mondial sur les solutions de packaging textile. » C’est pour le rester à l’avenir que l’entreprise est engagée dans une démarche RSE avec des produits recyclables et à base de matières recyclées.

Au-delà de son engagement environnemental, le PDG affiche un engagement sociétal. « Nous sommes très attachés aux valeurs industrielles, au monde ouvrier. C’est pourquoi on est engagé dans la formation professionnelle, la montée en compétences par le mérite, le travail. » En parallèle de la gouvernance de l’entreprise, Benoit Neyret est actif auprès du Groupement d’Employeurs pour l’Insertion et la Qualification qui permet une retour à l’emploi pour 70 personnes chaque année dans le département, est administrateur de l’association Envie Loire et enfin trésorier du Centre forézien d’action sociale.

« L’industrie a été décriée, Saint-Étienne aussi et c’est injuste. »

Benoit Neyret, PDG du groupe éponyme.

L’industrie comme réponse

En 2019, Neyret a fait l’acquisition de son concurrent Seram. « C’est l’une des nombreuses belles réussites industrielles de la Loire. » Et pourtant, cette industrie stéphanoise et les métiers qui s’y rapportent ont été beaucoup dévalorisés. « Les filières professionnelles l’ont été en général, et ce n’est pas un bon choix. L’industrie a été décriée, Saint-Étienne aussi et c’est injuste. Car ceux qui ont la chance de ne pas s’être trompés en sont très heureux. La Loire regorge de salariés qui ont envie de travailler Mais les formations en tissage et impression textile n’existent plus. Ainsi, l’entreprise forme elle-même ses salariés, ce qui a un coût. « Mais c’est aussi une vraie co-construction avec eux. Avec un emploi en CDI à la clé, à temps plein. Les conditions de travail dans l’industrie sont moins précaires que dans les services à la personne et sont qualifiants sur la durée. Les métiers y sont plus polyvalents que l’on pense. Pour moi, l’industrie est la meilleure des réponses. » Des emplois accessibles à des profils pas ou peu formés et diplômés. Neyret a d’ailleurs été labellisée France Relance il y a quelques mois et son PDG en est convaincu : « la Loire a beaucoup d’atouts. »

Lorsqu’il a repris l’entreprise en 2012, elle réalisait un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros, qui s’établi aujourd’hui à 45 millions d’euros.

neyret
Neyret confectionne des étiquettes connectées, qui sont de véritables cartes d’identité du produit. ©Neyret

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