Pas de Ligériens au CES de Las Vegas 2022 : c’est grave docteur ?
« Non », assure Marc Chassaubéné, vice-président de Métropole design et numérique, co-président de la French Tech One Lyon-Saint-Etienne. Michael Ngo, délégué Loire de la Digital League – une centaine d’adhérents dans notre département, essentiellement des entreprises – ne le contredit pas. 130 start-up de la French Tech dont 31 d’Auvergne-Rhône-Alpes sont pourtant du voyage pour s’exposer à ce qui est devenu LE salon mondial de la tech. Lancée hier, la 54e édition du célèbre Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas se tient jusqu’à samedi. Pas forcément incontournable pour le tissu numérique ligérien…
L’un d’eux est de Haute-Savoie. Deux sont du Puy-de-Dôme. Sinon, il y a 15 Rhodaniens et 13 Isèrois. Mais des représentants Ligériens, il n’y en a point. La Région avait publié la liste dès décembre, des 31 start-up qui composent la délégation Auvergne-Rhône-Alpes French tech exposant du 5 au 8 janvier au toujours plus réputé Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas. Au départ consacré aux produits électroniques innovants, il s’agit aujourd’hui DU rendez-vous mondial annuel d’exposition des nouveaux matériels technologiques.
130 start-up de la French Tech sont du voyage cette année sur 2 200 exposants annoncés. Elles étaient 170 en 2020, juste avant la pandémie sur 4 500 exposants. Il était prévisible que les incertitudes liées au Covid allaient réduire les inscriptions par rapport à la dernière année normale. Le rebond de la pandémie n’a pas dû arranger les choses et de grands exposants ont fait défection. Mais si la version 100 % distancielle et réduite de 2021, avait compté une quinzaine de représentants de notre région dont la start-up stéphanoise Plas’tri, celle de 2020 en avait déjà une trentaine aussi. Il y a 2 ans la Loire était présente avec URBS. Pas cette année donc. Inquiétant ?
« Ce n’est pas un signal négatif »
La Loire n’a de toute façon jamais eu plus d’un ou deux représentants à ce salon.
Marc Chassaubéné, co-président de la French Tech One Lyon-Saint-Etienne
« Non. Et ce sera sans doute le cas aussi en 2023. Il ne faut absolument pas y voir un signal négatif », assure sans sourciller Marc Chassaubéné, vice-président de Métropole chargé du design et du numérique. « La Loire n’a de toute façon jamais eu plus d’un ou deux représentants à ce salon, quelques-uns de plus l’année où nous avions envoyé une délégation de Saint-Etienne Métropole », rappelle l’élu qui est aussi co-président de la French Tech One Lyon-Saint-Etienne. Pour rappel, la French Tech se qualifie de « mouvement français des startups ». Un mouvement qui se matérialise sur le territoire français par 13 capitales French Tech et 45 communautés dont trois en Auvergne-Rhône-Alpes.
Parmi ces trois, sous format associatif, la French Tech One Lyon-Saint-Etienne compte aujourd’hui 220 adhérents (contre 180 en octobre et 90 en juin) dont 35 Ligériens (5 de plus qu’il y a trois mois). La structure a pour objectif de fédérer les entreprises innovantes, de véhiculer les différents appels à projets d’Etat pour les startups du territoire et rendre les plus visibles possibles les accompagnements et réseaux existants.
Une période peu favorable pour se lancer
Le tissu des entreprises numériques dans la Loire, est beaucoup plus orienté sur la conception de logiciels.
Michael Ngo, délégué territorial Loire de la Digital League
Pour son vice-président Marc Chassaubéné, si le CES est devenu au fil des ans « the place to be », « il convient d’y venir armé. Il n’y a aucun intérêt d’y être pour y être, surtout au regard des coûts induits. Et s’il n’y a pas de jeune projet mâture pour justifier le déplacement cette année, après avoir subi le Covid, ce n’est pas catastrophique. Nous n’avons sûrement pas à rougir de notre écosystème basé sur l’innovation technologique dans la Loire. Le CES, ce n’est pas la seule vitrine. De belles réussites, comme Keranova lève des fonds sans avoir effectué ce déplacement. »
Adhérent à la French Tech One Lyon-Saint-Etienne, le cluster Digital League représente l’industrie numérique en Auvergne-Rhône-Alpes. Michael Ngo, son délégué territorial pour la Loire (cent adhérents, essentiellement des entreprises, sur les 498 de cette structure) confirme le point de vue de Marc Chassaubéné. Surtout que « la dynamique entrepreneuriale est logiquement moindre en raison du Covid. On est plus dans une phase de consolidation que de lancement. Et cette situation n’est pas propre qu’à la Loire. Alors, non, ce n’est pas un drame. D’autre part, le CES est un salon vitrine de matériel de pointe innovant. Le tissu des entreprises numériques dans la Loire, est beaucoup plus orienté sur la conception de logiciels ».
Une décrue de la présence française avant le Covid
Et là aussi, pas de quoi rougir avec des fleurons comme Astrée Software par exemple, qui n’aurait pas grand-chose à gagner à aller faire un tour dans le Nevada. « Il y a un côté un peu flambeur avec le CES, remarque d’ailleurs Michael Ngo. A titre personnel, ça n’engage que moi, je trouve ça con que toute la tech française aille siéger et se rencontrer à Las Vegas quand on peut se voir et montrer de belles choses en France, en Europe. Mais ça évolue et la salon VivaTech de Paris né il y a 3 ans monte en puissance. »
A titre personnel, je trouve ça con que toute la tech française aille siéger et se rencontrer à Las Vegas quand on se peut montrer de belles choses depuis la France.
Michael Ngo, délégué territorial Loire de la Digital League
Selon nos confrères de Challenges, dans un article paru il y a pile 2 ans, l’obsession française pour le CES de Las Vegas avec une présence « disproportionnée par rapport à son poids dans la tech mondiale » avait entamé sa décrue en 2020 : 420 entreprises françaises étaient dénombrées en 2019 à Las Vegas (toutes ne viennent pas sous l’étendard French Tech) contre environ 300 en 2020. Et « les Régions ainsi que Business France sont devenus plus raisonnables et ont décidé de réduire la voilure du nombre d’entreprises subventionnées pour se rendre au CES. »
« Ce n’était pas inutile d’y être mais… »
Qu’en pense la start-up stéphanoise Plas’tri ? Dernière représentante ligérienne en date au CES (celui distanciel de 2021), l’entreprise a développé un petit scanner visant à permettre aux centres de tri de mieux identifier les composants plastiques dans les déchets afin d’améliorer considérablement leur recyclage. C’est en tant qu’invité que Plas’tri rattaché à la délégation Business France, est venu à Las Vegas après avoir fait partie du top 10 du prix innovation Bercy-IMT 2020.
« Ce n’était bien sûr pas inutile. Cela nous a permis de débroussailler notre stratégie d’expansion, d’identifier des prestataires pour nous potentiels, de comprendre l’écosystème du tri à l’étranger, explique Clara Spetebroodt, co-fondatrice de Plas’tri avec Elliot Bérard. Maintenant, par rapport à notre activité, sans être invité comme ce fut le cas et à choisir, ce n’est surement pas le CES qui me viendrait à l’esprit. Cela reste un rendez-vous au public très très large. Il est plus pertinent pour nous d’être dans des salons spécialisés comme Pollutec à Lyon. » Reste cependant, un apport indéniable du CES, remarque Clara Spetebroodt : en être attire les lumières médiatiques et, derrière, l’attention de potentiels clients…