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mardi 16 avril 2024
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Saint-Etienne Métropole : cette taxe permettra de doubler les fonds contre les inondations

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Elle justifie à elle seule une bonne partie de la hausse de la fiscalité annoncée début septembre par Saint-Etienne Métropole. La création d’une taxe propre à la Gemapi, « Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations », doit permettre de prendre davantage en compte cette nouvelle compétence transférée par l’Etat en 2018. « Davantage » : car cela fait plus de 15 ans que la collectivité assume en fait les travaux de prévention contre les inondations sur son territoire…

L’argent public injecté sera-t-il suffisant pour lutter contre un risque toujours croissant ? Ici sur l’A47 en décembre 2003.

« Le transfert officiel par l’Etat de la Gemapi ? Pour nous, cela ne change pas vraiment grand-chose », note Julien Luya. Le maire de Firminy est le vice-président de Saint-Etienne Métropole (Sem) chargé des contrats de rivière, de la gestion des milieux aquatiques et de la prévention des inondations (Gemapi). Il note que si des territoires, souvent ruraux, ont dû, parfois, du jour au lendemain se lancer dans la création de toutes pièces cette gestion, « notre contexte est radicalement différent. Cela fait plus de 15 ans que nous nous en occupons via les contrats rivière ».

L’Ondaine, le Furan et le Gier font l’objet d’une gestion directement portée par Saint-Etienne Métropole. La Coise et Mare/Bonson concernent aussi son territoire mais relèvent d’autres collectivités. Chacune de ces rivières dispose de contrats spécifiques successifs depuis le milieu des années 2000. Signés pour plusieurs années, ils donnent lieu à environ 4 à 5 M€ par an d’investissement. Tandis que le fonctionnement induit tourne pour Saint-Etienne Métropole autour d’1,5 M€ avec une trentaine d’agents affectés, des techniciens aux chargés de mission.

80 % de l’investissement des contrats rivière

Les aménagements paysagers et la restauration avérée de la biodiversité dans ces rivières ravagées par deux siècles d’industrialisation sont les aspects les plus visibles de ces travaux engagés depuis bientôt une génération. Pourtant, 80 % de l’investissement de ces contrats peuvent être reliés à lutte contre les inondations même si les deux aspects se rejoignent souvent. Des aménagements qui consistent à élargir et approfondir le lit des rivières, créer des berges en pente douce, multiplier des plantations… Voire permettre l’extension temporaire des eaux dans des nouveaux parcs urbains, l’un des volets très notables, par exemple, de la réhabilitation à venir de la friche Duralex à Rive-de-Gier.

L’inauguration, samedi, de la découverte de la rivière Ondaine liée à l’aménagement de la voie verte entre La Ricamarie et le Chambon-Feugerolles est, à ce sujet, l’aboutissement d’une étape parmi tant d’autres de cette prise en charge croissante de la part des pouvoirs publics. Et pas la moindre au regard des 3,8 M€ consacrés à ce seul aménagement. Côté Gier, à l’entrée sud du quartier saint-chamonais du Creux, vers la piscine à vague, la découverte de la rivière en 2018-2019 est un autre exemple aussi récent que significatif.

« Gier, Ondaine ou Furan : tout le monde est concerné »

Sans les travaux réalisés chaque année, il est très probable que des épisodes terribles comme celui de 2008 se seraient reproduits.

Julien Luya vice-président de Saint-Etienne Métropole chargé des contrats de rivière et de la Gemapi

On peut aussi évoquer de ce côté là de Saint-Etienne Métropole, les réalisations de la Platière à Grand-Croix ou encore à Saint-Chamond, les aménagements de cet été sur l’affluent du Gier qu’est le Janon, boulevard Waldeck-Rousseau et qui ont tant impacté la circulation automobile couramiaude pendant des mois. Mais pour assumer cette tâche, si Saint-Etienne Métropole est définitivement le chef d’orchestre, la collectivité n’est pas seule. Les Agences de l’eau concernées (Loire Bretagne ou Rhône Méditerranée-Corse selon le bassin versant) ou encore directement l’Etat via les Papi par exemple subventionnent de 30 et jusqu’à 60 % des investissements. Dans le cas de l’Ondaine cité plus haut, l’aide s’élève à près de 50 %.

L’aspect paysager fait souvent passer au second plan une lutte contre les inondations essentielle. Ici sur les 500 m travaillés entre Le Chambon-Feugerolles et La Ricamarie. © Saint-Etienne Métropole.

« Sans ce type de travaux, il est très probable que des épisodes terribles comme celui de 2008 quand Rive-de-Gier avait été très fortement impactée se seraient reproduits, pointe Julien Luya. Des cotes d’alerte du côté du Gier ont par exemple été atteintes à la fin de cet été. Mais je pense surtout aux crues de novembre 2016 qui sans les nouvelles installations auraient certainement donné lieu à des débordements. Nous avons d’abord porté nos efforts vers Rive-de-Gier à la fin des années 2000. Mais Gier, Ondaine ou Furan : tout le monde est concerné. »

La Gemapi, c’est 30 % de la hausse appliquée à une taxe foncière de 1 400 €

Et de plus en plus. Estimant que le changement climatique, et les épisodes météo violents allant avec, s’intensifient, les investissements annuels effectués dans le cadre des contrats rivières vont doubler pour passer à une moyenne de 9 à 10 M€. La proportion consacrée à la lutte contre les inondations restera de l’ordre de 80 %. L’augmentation de la fiscalité annoncée le 1er septembre doit largement aider à assumer cette ambition. Pour rappel, sur l’effort de 46 € supplémentaires réclamé à une taxe foncière médiane de 1 400 €, 14 €, soit plus de 30 % seront affectés à la Gemapi.

On peut légitimement se demander si cela sera suffisant malgré tout. Le suivi historique des crues depuis le XIXe le prouve : le risque d’inondations brutales liées à des épisodes s’accentue.

Olivier Longeon, élu d’opposition Europe Écologie Les Verts

« On ne peut que se satisfaire de cette prise en charge accrue. Mais on peut légitimement se demander si cela sera suffisant malgré tout. Le suivi historique des crues depuis le XIXe le prouve : le risque d’inondations brutales liées à des épisodes s’accentue, remarque Olivier Longeon, élu d’opposition Europe Ecologie Les Verts à la Métropole contacté par If Saint-Etienne. Notre territoire connaît désormais régulièrement des épisodes cévenoles. Proche de chez nous, on peut douter des capacités de protection sur le nœud autoroutier et ferroviaire de Givors. Et cela, vous le savez est très impactant. Bref, la prise de conscience est certes réelle mais sans doute tardive. Un jour ou l’autre, il y aura un épisode majeur. Il faut donc aller encore plus loin. »

Une lutte liée à la restauration du milieu

A noter cependant que le groupe EELV par la voix du conseiller Jean Duverger était intervenu en conseil métropolitain le 30 septembre pour saluer l’effet bénéfique considérable des contrats rivière sur une biodiversité « que l’on croyait irréversiblement disparues. Je parle des loutres près des sources des affluents, des castors jusqu’à Rive-de-Gier, des aigrettes, et bien sûr de la truite un peu partout. Alors quand il y a des progrès, on se doit de le souligner même s’il reste beaucoup à faire, un ancien puits de mine rempli de produits pétroliers à dépolluer, le terrain des verreries de Rive de Gier à réhabiliter, etc. »  

Les écologistes regrettent seulement un manque de communication et d’association de ces initiatives avec la lutte contre les inondations : « lorsqu’on lutte contre les inondations, on restaure le milieu naturel ». Et vice versa.

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