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mardi 17 septembre 2024
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Sodertex : Loolipo met la main dans la pâte à modeler végétale

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Marque de Sodertex recouvrant l’activité « jeux et loisirs créatifs » de la PME, « Loolipo » se lance dans la fabrication directe. En l’occurrence de pâtes à modeler à base végétale, avec le rachat des machines, du stock et du savoir-faire de Patamode (Bouches-du-Rhône) en liquidation judiciaire. La nouvelle activité a pris place dans les ateliers de La Ricamarie et doit aider Loolipo à passer un cap.     

Agathe Dévoluy, directrice générale de Loolipo et Geoffroy Cizeron, président de Sodertex. ©Xavier Alix/if Saint-Etienne

L’avant et l’après Covid, encore et toujours. « La pandémie a franchement bousculé la demande. Il y a une vraie césure dans la volonté des acheteurs : depuis 2021, dans nos échanges, c’est très souvent « pas de Chine, pas d’Asie ». » Et le constat de Geoffroy Cizeron, à la tête de Sodertex depuis qu’il a rachetée la PME en 1998 – elle était alors une TPE de six collaborateurs – vaut pour les trois activités de son entreprise : pour sa découpe industrielle sur mesure (textile technique, matériaux souples), essentiellement à façon même si Sodertex peut fournir des matières si besoin, pour sa conception et réalisation de packaging ou accessoires et, enfin, voire encore plus, pour celle de jeux et loisirs créatifs, depuis juin 2023 sous la marque « Loolipo ». Une diversification, cheval de bataille de l’entrepreneur, qui peut paraître surprenante, en particulier pour la dernière branche citée.  

Comme son nom l’indique, Sodertex, fondée en 1990, était initialement une « affaire textile », axée en particulier sur la fabrication des rubans de couverture en laine. Marché placardisé depuis longtemps. Mais dès 1998, Geoffroy Cizeron était en quête de cette diversification garante d’une relative, mais indéniablement plus certaine, sécurité économique. De fil en aiguille après le packaging en 2000, son entreprise se lance en 2009 dans les articles de loisirs créatifs en feutrine, « Feutrines by Sodertex ». Alors que la société implantée à La Ricamarie avait ainsi doublé ses effectifs depuis son rachat, c’est le hasard ou presque, en 2010, qui va lui faire mettre un pied plus ferme dans la conception et le négoce des jeux et loisirs créatifs en « B to B », c’est-à-dire vendus aux distributeurs fournissant les milieux scolaire, jeunesse et petite enfance. Non aux consommateurs finaux.

Loolipo représente 50 % du CA de Sodertex

« C’est en répondant à une demande de feutrines que nous avons été bien plus loin dans cet univers. Nous avions décroché un marché chez un distributeur mais ce n’était alors qu’un « dépannage » durant 2 ans », raconte G. Cizeron. Dépannage cependant inspirant : le marché, sa nature récurrente en particulier, pousse Sordetex à ajouter une véritable 3e corde à son arc. Bien senti : 14 ans plus tard, ce qui est devenu la marque Loolipo pour recouvrir et mieux faire identifier ce domaine d’activités spécifique pèse environ 50 % du CA global (3,2 M€ attendus en 2024, soit + 2 % pour une vingtaine de collaborateurs désormais). Elle compte près de 500 références et « n’a jamais perdu un seul client depuis 2012 ». Il s’agit de 80 centrales d’achats dont 29 en Europe même si Loolipo vend, aussi, de façon marginale via les places de marché web dont Amazon. Elle aspire à aller plus loin, à terme, sur le B to C. En attendant, les trois activités de Sodertex permettent plus de transversalité interne qu’il n’y paraît a priori. Mieux : elles la favorisent. Qu’il s’agisse des outils de production ou de l’humain. Les employés, s’ils sont attachés à un créneau en particulier, peuvent être amenés à travailler pour un autre.

C’est en répondant à une demande de feutrines par un distributeur en 2010 que nous avons été bien plus loin dans cet univers des loisirs créatifs.

Geoffroy Cizeon, président de Sodertex

Jusque-là essentiellement créateur des produits à la réalisation sous-traitée (à l’exception de ses rubans), Loolipo passe donc cette année un cap vis-à-vis de sa production propre. Encore, une fois, pas de plan prémédité mais une opportunité : celle de reprendre le savoir-faire et les quatre machines de la TPE Patamode implantée à Lançon-Provence (Bouches-du-Rhône) et fabricant de pâtes à modeler à base végétale (farine de maïs). Face à deux concurrents, Sodertex a fini par remporter la mise au tribunal de commerce de Salon-de-Provence à la fin du printemps dernier. Pas de reprise d’employés : Patamode, en liquidation judiciaire, n’en avait déjà plus. « L’ancien propriétaire a pris le temps de nous former sur place et nous avons transféré ses machines et son stock dans nos ateliers à La Ricamarie, explique G. Cizeron. Ses difficultés étaient liées à sa « monoréférence » : elle avait du coup du mal à rentrer chez les clients malgré les atouts du produit. »  

Des atouts modelés pour le post Covid

Il faudra du temps à Loolipo aussi pour l’imposer – c’est nouveau pour le client potentiel, comme pour le néo producteur qui se veut du coup prudent quant à son déploiement -, mais la marque dispose, elle largement et depuis une décennie, des « entrées » nécessaires pour y arriver. Les « atouts » du produit, dans un marché de la pâte à modeler, évidemment archi dominé par l’industrie chinoise ? Ils collent parfaitement à ce fameux après Covid évoqué par Geoffroy Cizeron : fabrication 100 % française à partir d’ingrédients naturels (garantie sans danger en cas d’ingestion) : eau, farine de maïs, cire, le tout sans conservateurs, arachides, ni même gluten. Trois gammes et leurs coloris sont déjà la vente : « patacire », à base cire présentée comme « ne séchant jamais » et, du coup affranchie de retourner au pot ; « pataqua », à base d’eau, plus souple mais à ne pas laisser traîner ; « patratrou / patasec », destinées en étant « autodurcissante » au bricolage et autres créations d’empreinte.   

Pétrin de boulanger et pétrin thermique viennent d’être apprivoisés pour assurer cette production. ©Loolipo/Sodertex

C’est en modelant que l’on devient modeleur : Sodertex attend d’expérimenter quelques temps sa nouvelle fabrication pour savoir de quelle manière elle fera évoluer son outil de production, en l’améliorant et/ou en achetant de nouvelles machines. « Un investissement de 100 000 €-150 000 € à terme à ce sujet est probable », indique Geoffroy Cizeron. Comme le recrutement de quelques personnes à la production si les ventes suivent comme espéré : « Nous partons sur l’idée d’atteindre environ 1 M€ de CA via les seules pâtes à modeler d’ici 5 ans. A cette même échéance, nous visons les 5 M€ de CA pour l’ensemble de Sodertex. » Avec toujours Loolipo pesant pour au moins la moitié, sinon davantage.

L’export de Loolipo en Europe s’étend

Il faut dire que ses produits semblent avoir la cote comme l’illustre des ventes à l’export en hausse constante depuis 5 ans (+ 46 % entre 2021 et 2022 ; + 17 % entre 2022 et 2023). Export européen : Bénélux, Italie, Autriche, Allemagne (« une grande reconnaissance » dans ce pays où le marché visé est particulièrement mâture), Pologne, Lituanie, Espagne depuis peu et Norvège. « L’objectif prioritaire à l’export qui représente 30 % de l’activité du Loolipo est maintenant de s’implanter dans les pays nordiques : en plus de se développer en Norvège, le Danemark, la Suède et la Finlande », explique Agathe Dévoluy, directrice générale de Loolipo. Les Scandinaves ne seront probablement pas les clients les plus insensibles à la batterie d’arguments RSE déployée par la marque ligérienne qui ne se limitent pas aux pâtes à modeler. Ni même à Loolipo en soi.

Face aux exigences, Sodertex a obtenu une certification Ecovadis (évaluation des performances environnementales, sociales et éthique) et s’est aussi lancée en juin dans l’étude de son bilan carbone pourtant exigé par la loi seulement aux organisations de 500 salariés ou plus. Loolipo développe aussi depuis 2022 des jeux pédagogiques inclusifs : sa roue des émotions LSF, cartes braille et gommettes textures, cartes en mouvement et routinier nomade. Quant à sa « pré-collection 2025 » qui se voit, au passage enrichie d’une gamme de jeux pédagogiques scientifiques autour du système solaire (Astro orbita) et planétaire (Stata terra ; Astro terra), Loolipo annonce 35 produits sourcés en Europe dont 25 français sur 52 nouvelles références, 63 % des produits en carton comme étant recyclés, 50 % des ceux en bois labelisées FSC. Côté emballages, la moitié de ceux en cartons est certifiée FSC et deux tiers de ceux en plastique le sont en recyclés. « Il faut faire comprendre pourquoi l’emballage plastique est du coup moins brillant, moins souple, moins attrayant. » Au client de jouer le jeu aussi.    

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