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Déçus par l’affiche du second tour, pour qui voteront ces Ligériens ?

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Ils n’ont ni glissé un bulletin Marine Le Pen, ni Emmanuel Macron au premier tour. Entre consignes de vote données par leur candidat, déception, et sentiment de déjà vu, ces électeurs Ligériens ont accepté de témoigner et de nous donner une idée de ce que sera leur second tour.

Premier tour Loire

« Il y en a qui disent que voter c’est cautionner, je ne suis pas d’accord »

Morgane*, 27 ans, cheffe de projet commercial :

« J’ai voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour car il avait une vraie chance de se qualifier au second tour. Sinon, j’aurais voté Philippe Poutou ou Yannick Jadot. Seulement voilà, ça ne s’est pas passé comme ça. Quant aux consignes de vote de Jean-Luc Mélenchon, bien sûr qu’il ne va pas directement inciter ses électeurs à voter Macron. Je trouve ça quand même bien qu’il appelle à ne pas voter Le Pen, car j’ai vu un sondage qui disait que 35 % de se sélecteurs allaient voter Le Pen au second tour. Je trouve ça énorme. C’est pour ça que je vais voter Macron. Mais autour de moi, beaucoup ne voteront pas du tout au second tour. Mais ce serait une catastrophe que Marine Le Pen arrive au pouvoir. Je ne suis pas d’accord avec ce que dit Macron, il manque beaucoup de points dans son programme, mais c’est tellement moins pire. Elle s’oppose à l’Europe, elle veut un retour en arrière, notamment sur la condition des femmes aussi. C’est pas possible. Je comprends que l’on puisse ne pas aller voter, ou voter blanc, mais je le comprends moins que l’envie de contrer l’extrême droite. J’espère qu’elle va se planter au débat, que les gens vont l’écouter parler et se dire ‘ah ouais, quand même !’. Il y en a qui disent que voter c’est cautionner, je ne suis pas d’accord. Ne pas voter c’est laisser le choix à d’autres, même si ça va me coûter de voter Macron. Il manque cruellement d’un programme écologique et social, mais il est en faveur de l’Europe, de l’égalité femmes hommes. Elle, ce serait vraiment horrible qu’elle soit au pouvoir ».

Verdict le 24 avril. © Vincent Stroh

« J’en ai marre de faire barrage »

Franck, 51 ans, artisan :

« Je voterai blanc le 24 avril, et ce sera la première fois de ma vie. Cette fois, j’en ai marre de faire barrage. Au premier tour, j’ai voté Roussel. Je savais bien qu’il ne serait pas présent au second tour, mais je ne pensais pas que l’on se retrouverait avec la même affiche qu’en 2017. Je ne comprends pas ce choix des Français, qui râlaient déjà contre ce duel il y a cinq ans. En 2002 déjà, je faisais barrage à Le Pen père. À quoi bon vingt ans après ? Il faut que les politiques prennent conscience que les Français en ont ras-le-bol. Si Macron est élu, qu’il ne pense pas que c’est un vote d’adhésion des Français. Et si Le Pen est élue, et bien ce sera plus la faute des politiques qui dirigent le pays depuis des décennies que de la mienne avec mon vote blanc. Ce sera une catastrophe dans les deux cas. J’ai mis du temps à me décider, mais je suis lassé de voter pour le moins pire qui, de toute façon, n’aura pas entendu le message du peuple. Tous se revendiquent du peuple, aucun ne sait de quoi il parle ».

« LREM est allée tellement loin dans le mépris que certains se disent qu’il n’y a rien à perdre alors que c’est faux »

Mehdi, 42 ans, contrôleur des finances.

« L’extrême droite, ce n’est pas un truc qui s’essaye »

Mehdi, 42 ans, contrôleur des finances :

« J’ai voté à gauche au premier tour. Le candidat a donné une sorte de consigne, mais je n’en ai pas besoin. Sauf qu’au final, j’en suis toujours au même point. Je suis très éloigné des idées d’LREM, mais encore plus des idées du RN. Si le vote blanc était pris en compte, je voterais blanc. Mais je ne suis pas égoïste, je pense à mon gamin, je voterai Macron. Je suis d’une génération qui a connu une autre politique, beaucoup plus traditionnelle, certes qui ne nous a pas toujours apporté. Mais aujourd’hui c’est limite de la dictature capitaliste. Il y a l’affaire Alstom, c’est carrément de la trahison d’Etat. C’est de la criminalité en col blanc. Ils n’ont pas plus mon respect que ceux qui vendent du shit à la Romière, ce ne sont pas eux les bandits ! Je suis né dans un milieu populaire, je me suis hissé jusqu’à la classe moyenne par l’école de la République. J’ai l’impression que je suis né de gauche, en plus je suis issu de l’immigration. Pour moi, quelqu’un qui ne gagne pas 10 000 euros par mois ne peut pas être Macroniste. Quant à l’extrême droite, ce n’est pas un truc qui s’essaye, c’est quelque chose de très dangereux. Mais LREM est allée tellement loin dans le mépris que certains se disent qu’il n’y a rien à perdre alors que c’est faux. Je ne cautionne pas mais j’arrive à comprendre. L’affaire Benalla, les gilets jaunes… beaucoup de trucs me dérangent. Intégrer des gens de la société civile dans le gouvernement c’est bien, mais la politique reste un métier. Il y a toujours eu des magouilles, mais là j’ai l’impression qu’ils les inscrivent dans la loi. Je n’apprécie pas forcément Mélenchon. Si j’avais voté selon mes priorités, j’aurais voté Jadot. Mais il n’avait aucune chance d’être au second tour. Les sondages devraient d’ailleurs être interdits puisqu’ils orientent au départ vers un vote par défaut ».

« J’ai voté Jadot pour donner des voix à l’écologie car tous les candidats ne sont pas tournés vers cette problématique avec pourtant le rapport du Giec qui vient de sortir »

Ninon, 27 ans, cheffe de produit.

« Je crains une forte mobilisation des partisans de Le Pen et Zemmour »

Ninon*, 27 ans, cheffe de produit :

« J’ai voté pour Yannick Jadot au premier tour. Je voterai Macron au second, pas parce que ce sont les consignes données par Yannick Jadot, mais parce que je crains une forte mobilisation des partisans de Le Pen, de Zemmour, de ceux qui sont anti-Macron et voteront Le Pen pour le sanctionner. Et je pense qu’il y aura aussi beaucoup d’abstention. Je ne suis pas anti-Macron, mais ce n’était pas le candidat qui avait le meilleur programme selon moi. J’ai voté Jadot pour donner des voix à l’écologie, car tous les candidats ne sont pas tournés vers cette problématique avec pourtant le rapport du Giec qui vient de sortir et qui nous dit qu’il faut agir maintenant. On n’en parle pas beaucoup dans les débats et il n’y a pas grand chose de fait en ce sens. Or, ça devrait être dans tous les programmes, même si je suis consciente qu’il y a beaucoup de choses à gérer. C’est vrai que Macron n’a pas eu beaucoup de chances, son quinquennat n’a pas été facile, mais il n’a pas fait grand chose pour l’écologie et son programme ne témoigne pas d’une prise de conscience de l’urgence climatique ».

*Les prénoms ont été changés.

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