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mardi 23 avril 2024
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Baptiste Bonnet : « Etre toujours dans la dynamique »

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Baptiste Bonnet, avocat stéphanois de 46 ans spécialisé en droit public, est le premier à enchaîner deux mandats de suite en tant que doyen de la Faculté de droit de l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne. Il nous en dit davantage sur son rôle ainsi que sur les objectifs qu’il souhaite atteindre pour les cinq prochaines années.

Baptiste Bonnet, doyen de la Faculté de droit de Saint-Etienne.

Votre parcours est intimement lié à la faculté de Saint-Etienne ?

« J’ai suivi des études de droit à Saint-Etienne. J’y ai fait mon doctorat. J’ai dû partir à Paris le temps de préparer l’agrégation des Universités. A l’exception de cette formation, j’ai un cursus finalement totalement stéphanois. Je me sens assez à l’aise dans cette faculté car non seulement je connais très bien cette ville que j’apprécie et dans laquelle je vis mais aussi car je sais ce que cela signifie d’être étudiant à Saint-Etienne. De plus, je connais très bien cette maison car j’y ai été étudiant, puis chargé de travaux dirigés, assistant et maître de conférences… Lorsque j’ai été nommé professeur, je l’ai été à Clermont-Ferrand, pendant deux ans, mais je suis rentré à Saint-Etienne car j’aime cette ville et puis j’ai mon cabinet ici. Je fais partie des Stéphanois qui considèrent que cette ville a de très nombreux atouts. »

La Faculté de droit de Saint-Etienne fait-elle partie des plus dynamiques par rapport aux autres ?

« Nous avons une fac de droit assez différente des autres. Je la qualifie souvent de bijou. C’est une faculté qui joue son rôle d’ascenseur social. On reçoit de nombreux jeunes que l’on aide à réussir, peu importe leur milieu d’origine. On voit également son excellence qui s’impose avec une grande professionnalisation. Si vous voulez, les Stéphanois ont là un instrument de réussite sur tous les plans et où les étudiants sont très tutorés. Les étudiants ne sont pas perdus chez nous, nous sommes dans une fac qui considère les individus en tant que femmes, hommes, jeunes gens et non pas en tant que numéros. Par conséquent, la réussite individuelle nous intéresse. C’est une chance d’avoir une institution comme celle-ci à Saint-Etienne, avec un taux d’insertion professionnelle à quasiment 100 %, c’est énorme. La plupart des autres facultés de droit ne sont pas autant tournées vers la professionnalisation. »

Nous avons un peu moins de 2 000 étudiants. […] C’est un chiffre parfait, car il nous donne une certaine puissance et une capacité d’action, tout en restant à taille humaine.

Combien y a-t-il d’étudiants à la Faculté de droit de Saint-Etienne ?

« Nous avons un peu moins de 2 000 étudiants. C’est une fac moyenne et non pas petite. Cela représente environ 700 étudiants en première année. C’est un chiffre parfait, car il nous donne une certaine puissance et une capacité d’action, tout en restant à taille humaine. »

Combien de parcours sont proposés à la Faculté de droit de l’UJM ?

« Quand on possède ma personnalité, on est toujours dans la dynamique. On a toujours envie de développer de nouvelles formations et l’on pense que le fait de rester statique, c’est la mort de l’institution. Il faut donc absolument se renouveler et accepter le changement. Il y a des métiers qui n’existaient pas hier et qui sont là aujourd’hui, comme par exemple dans le secteur du numérique. Mon idée est de nous adapter en permanence, tout en prenant en compte la volonté des jeunes d’avoir de l’insertion professionnelle. Ils ont raison. Lors de mon premier mandat, nous avons développé de manière très importante l’offre de formations. Aujourd’hui, rien qu’en licence, nous avons la licence généraliste, la licence accès santé, la licence administration publique, le collège de droit avec 25 étudiants ayant obtenu des mentions bien ou très bien au bac et sélectionnés pour cette formation d’excellence, l’option JurisPo qui permet d’avoir une « codiplomation » avec Sciences-Po… En master, nous avons ouvert huit parcours. Une telle offre est digne d’une grande faculté. J’ajoute à cela des licences professionnelles destinées aux métiers du notariat, métiers de la territoriale et aux assistants juridiques. Il y a de quoi faire et toutes les professions du droit sont en ligne de mire. »

Quelles sont les missions d’un doyen d’une Faculté de droit ?

« Elles sont lourdes. Vous êtes le capitaine d’un bateau de 2 000 étudiants, de 60 agents titulaires et 150 agents vacataires. Il y a un rôle administratif important de coordination, d’organisation. Le doyen possède une mission politique également, consistant à créer ou maintenir des relations avec les partenaires comme le tribunal judiciaire, les avocats, le Barreau, les collectivités territoriales, les entreprises… Enfin, le doyen possède un rôle très important auprès des étudiants. Je suis présent pour mes étudiants. Par exemple, pendant la période de la pandémie, j’étais à leurs côtés, pour les soutenir moralement et psychologiquement, afin de leur permettre de continuer leurs études du mieux possible, dans un contexte difficile. »

La Faculté de droit de l’Université Jean Monnet compte 2 000 étudiants © IF Média

Sur ce nouveau mandat, quels objectifs souhaitez-vous mener à bien ?

« Je dirais que c’est un second mandat qui s’inscrit dans la continuité du précédent avec le développement de l’offre de formations, la professionnalisation, la prise en compte des étudiants et de leurs demandes et l’entretien des partenariats avec l’ensemble des acteurs socio-économiques locaux. Clairement, j’ai la volonté de mettre en place encore davantage de professionnalisation. Les jeunes entrent à la Faculté de droit pour avoir une formation intellectuelle très importante, mais aussi pour avoir cette immense liberté de choisir l’emploi qui sera le leur. Je souhaite les aider à s’insérer dans le monde professionnel. L’objectif de la Faculté de droit de Saint-Etienne, c’est 100 % d’insertion professionnelle. »

Contrairement à ce que l’on a tendance à dire, notre territoire est attractif avec des cabinets d’avocats, des offices notariaux et des entreprises qui cartonnent.

En 2021, vous aviez d’ailleurs signé une convention avec le Barreau de Saint-Etienne. Y aura-t-il d’autres conventions de ce type à venir ?

« Nous avons déjà signé une convention avec la CPME Loire et nous sommes en pourparlers pour en mettre en place d’autres avec la Police nationale, l’EN3S (Ecole nationale de la sécurité sociale qui se trouve à Saint-Etienne, ndlr), avec l’Etat et l’ensemble des professions du droit. On poursuit cet objectif partenarial qui permet à nos jeunes d’obtenir des stages ou des alternances chez nos partenaires. C’est du gagnant-gagnant car les structures ont intérêt à accueillir nos étudiants, ce sont des ressources humaines de qualité, et pour nos jeunes, c’est une possibilité de mettre un pied rapidement dans le monde professionnel pour vérifier si l’environnement de travail leur convient. Tout ceci peut déboucher sur des embauches. »

80 % des avocats inscrits au Barreau de Saint-Etienne ont été formés à la Faculté de droit de Saint-Etienne. Est-ce la même situation pour les autres professionnels du droit à Saint-Etienne et dans la Loire ? Les étudiants diplômés restent-ils dans la région ?

« Concernant les avocats, cela ne signifie pas que de nombreux autres avocats sont partis faire carrière ailleurs. Il faut prendre la question dans l’autre sens en disant que parmi les avocats qui sont à Saint-Etienne, 80 % ont été formés à la Faculté de droit de Saint-Etienne. C’est un peu moins vrai dans d’autres professions. Mais quand on regarde la « zone de chalandise » de la fac, elle est assez large, avec une partie de la Haute-Loire, de l’Ardèche et même du Rhône, on observe que dans les professions du droit en local, beaucoup de professionnels viennent de la Faculté de droit de Saint-Etienne. Cela est très positif car cela montre une forte dynamique du territoire. Cela démontre que les jeunes formés chez nous ont envie de rester car contrairement à ce que l’on a tendance à dire, notre territoire est attractif avec des cabinets d’avocats, des offices notariaux et des entreprises qui cartonnent. C’est aussi grâce à nos jeunes. Un territoire qui n’a pas la capacité à former ses jeunes ne peut se développer. C’est donc une force que l’on a à Saint-Etienne. »

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