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Le nouveau plan façades de Saint-Etienne va beaucoup plus loin

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Conduit de 2010 à 2021, le précédent plan se concentrait sur un périmètre « centre-nord », c’est-à-dire de la place Carnot à la place du Peuple. En une décennie, 163 immeubles, dont 52 soumis à une obligation, ont fait l’objet d’aides pour mener à bien le ravalement de leurs façades. Le plan 2021-2026 ambitionne une extension sur quatre autres périmètres. L’ensemble du centre-ville, défini ici comme l’intérieur du boulevard urbain est concerné. Objectif : atteindre 235 ravalements pour 310 interventions en seulement 5 ans. Explications.    

Les façades de l’immeuble Le Grand Cercle, situé place de l’Hôtel-de-Ville à Saint-Etienne, ont été ravalées récemment. Elles sont inscrites au Monument historiques depuis 1984 © NB / IF Saint-Etienne.

C’est une question évidente d’esthétique. C’est aussi une question de sécurité et de salubrité. Et selon les cas, les travaux sont plus ou moins lourds et complexes à réaliser. « Par exemple lorsque les éléments de décor sont très altérés (statues, garde-corps, marquises, devantures menuisées…). Ou lorsque des devantures masquent l’architecture d’origine. Le plan façades n’est donc pas seulement un plan de ravalement. Mais, plus largement, un plan de valorisation du patrimoine bâti », en déduisait la majorité municipale dans la présentation de sa délibération au dernier conseil municipal. C’est le 22 novembre que l’assemblée stéphanoise a voté le plan façades 2021-2026.

La mairie avait précisé en conférence de presse avoir consacré un total d’1,6 M€ de subventions dans le précédent – 2010/2021 – pour aider les propriétaires à assumer un impact financier conséquent. De l’incitation pour beaucoup, une obligation pour certains. Sur 163 immeubles ayant bénéficié d’une aide, 52 étaient dans le second cas (le refus de s’y soumettre peut aboutir à des poursuites pénales). Un bilan qui a inspiré en conseil municipal à Laurence Ricciardi, conseillère municipale déléguée à l’urbanisme chargée du dossier, une remarque sur « l’effet levier de l’action. Nous avons calculé que pour 1 euro d’argent public, plus de 4 sont au final engagés pour des travaux. C’est une source d’activité supplémentaire pour nos entreprises locales du BTP. »  

Toutes les façades à l’intérieur du boulevard urbain concernées

Elles pourront encore compter sur ce marché dans les années à venir. Dans l’objectif de mettre en valeur son patrimoine bâti, la Ville de Saint-Etienne a créé ces 20 dernières années cinq sites patrimoniaux remarquables. Les « SPR » de Tarentaize-Beaubrun, du Crêt-de-Roc, Centre nord, Couriot Manufacture et Centre-sud. Leurs statuts complètent les règles locales d’urbanisme par des exigences spécifiques aux façades, menuiseries, toitures, devantures et cours. Le plan façades 2010/2021 s’était concentré sur le seul SPR Centre nord, c’est-à-dire de la place Carnot à la place du Peuple. Celui 2021/2026, sur une durée beaucoup plus réduite, concerne, lui, l’ensemble des SPR. Et donc, en gros, tout le centre-ville stéphanois, au sens large. Soit l’ensemble du bâti à l’intérieur du boulevard urbain. L’objectif est d’atteindre un total de 235 ravalements.

Mais il faudra convaincre : moins de la moitié de ces ravalements visés – 105 – sont obligatoires. Quant au nombre total d’interventions espéré, il s’élève à 310. Aux stricts ravalements, il faut en effet ajouter la mise en conformité de devantures (légers ou lourdes) et la rénovation « d’éléments remarquables » : lambrequins, garde-corps, marquises, statues, devantures menuisées. S’il poursuit le même objectif majeur de préservation et de mise en valeur du patrimoine architectural, le nouveau plan s’attachera « particulièrement à améliorer le traitement des rez-de-chaussée occupés ou vacants et à encourager un traitement d’ensemble de l’immeuble (façades arrière, isolation) ». Lorsque les travaux nécessitent des reprises structurelles entraînant des coûts élevés, une aide plus conséquente pourra être apportée. A signaler que l’appel à un maître d’œuvre est subventionnable.

2,4 M€ investis en subventions d’ici 2026

Nous allons viser de nombreuses passoires thermiques. Alors pourquoi ne pas ajouter à l’aspect esthétique celui thermique ?

Pierrick Courbon, élu d’opposition PS (Saint-Etienne Demain)

A propos des subventions municipales, les versements commenceront en 2022, pour un budget de 480 000 € par an, et donc 2,4 M€ d’ici 2026 compris. Si on compare à la somme totale consacrée au plan 2010/2021, soit 1,6 M€ (mais au rythme de de 300 000 € les dernières années), elle est moindre par « intervention ». Sur la décennie écoulée, il y en a eu 163, soit 9 816 € accordés à chacune d’elle en moyenne. Sur les 5 ans à venir, la subvention sera en moyenne de 7 742 euros par intervention. Cependant, sur les 480 000 consacrés par an, 15 000 seront accordés à la Fondation du patrimoine. Reconnue d’utilité publique, l’association octroie un label aux immeubles d’intérêt architectural. Ce qui ouvre droit à une déduction du revenu imposable de 50 à 100 % des dépenses. Pour pouvoir délivrer ce label, la Fondation du patrimoine verse une subvention aux propriétaires. La Ville a noué un partenariat avec l’association permettant ainsi la labellisation de 5 à 10 immeubles par an (30 à 60 sur l’ensemble du plan donc).

Outre la mise à disposition d’un architecte conseil prêt à accompagner chaque projet (25 000 € par an sur le budget annuel), la Ville renforce son accompagnement humain « avec une chargée de mission affectée sur deux aspects : celui des rez-de-chaussée commerciaux et celui du résidentiel, précise Laurence Ricciardi. Nous aurons une démarche proactive auprès des propriétaires et des syndics. » Les groupes d’opposition de gauche – Le Temps de l’écologie et Saint-Etienne Demain – ont salué la continuité du plan initié sous Maurice Vincent, ses effets positifs visibles et les ambitions du nouveau.

L’esthétique oui, mais le thermique ?

Il faut parfois longuement batailler au sein des périmètres obligatoires, amenant dans certains cas à menacer juridiquement.

Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne

Le socialiste Pierrick Courbon, emboîtant le pas à Olivier Longeon (EELV), estime cependant qu’il aurait pu aller plus loin dans sa dimension écologique : « Le plan façades s’est révélé un outil opérationnel positif même si on a senti un relatif essoufflement quelques années après sa mise en place. Le nouveau est plus ambitieux avec des investissements à la hausse tout comme les plafonds et taux d’intervention ainsi que l’accompagnement humain. Nous allons viser de nombreuses passoires thermiques. Alors pourquoi ne pas ajouter à l’aspect esthétique celui thermique ? Par exemple par un système de bonification s’il y a des travaux d’isolation inclus. Voire en faisant jouer à la Ville le rôle de tiers payant avant de collecter les subventions type Anah, ou du Département liées à ces travaux ? Quitte à expérimenter cela sur une zone restreinte. »

Le maire Gaël Perdriau répondait qu’il n’y a pas eu de véritable « « essoufflement » » mais qu’il faut souvent, « quand on arrive sur la fin, vaincre les résistances. Il faut parfois longuement batailler au sein des périmètres obligatoires, amenant dans certains cas à menacer juridiquement. Comme avec l’hôtel particulier du Grand Cercle par exemple. » Quant à la dimension écologique autour de l’isolation, elle est bien déjà prise en compte, argue la majorité. Ce sera davantage du côté cour (« plus simple à réaliser que côté rue ») mais avec cependant une aide bonifiée de 5 % quand elle rentre en jeu.

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