Gaëlle Regnard, le nouvel atout du Crédit Agricole Loire Haute-Loire
Elle vient de succéder, le 1er avril dernier, à Gérard Ouvrier-Buffet à la tête de la caisse régionale du Crédit Agricole Loire Haute-Loire. Gaëlle Regnard a suivi un parcours en plusieurs temps depuis des études d’agronomie à la direction générale de la Fédération nationale du Crédit Agricole, en passant par plusieurs postes dans les services ministériels. A 48 ans, cette Bretonne ayant grandi à Grenoble a la volonté de se faire une place de choix dans le paysage ligérien et altiligérien, en étant au plus proche du terrain.
Gaëlle Regnard nous reçoit dans une salle du nouveau siège du Crédit Agricole Loire Haute-Loire en cette matinée ensoleillée d’avril avec un grand sourire. Elle a pris son poste de directrice générale de la caisse régionale depuis seulement une petite quinzaine de jours, mais a déjà rencontré une grande partie de ses nouveaux collaborateurs ainsi que de nombreux acteurs locaux. Tout en ayant également pu découvrir le Chaudron et la halle André Vacheresse de Roanne pour assister à un match des Verts et de la Chorale. Cette ingénieure des eaux et forêts et agronome de formation ne cache pas son enthousiasme à l’idée de prendre les rênes du premier réseau bancaire en Loire et Haute-Loire. « C’est un poste dont j’avais vraiment envie, nous confie-t-elle. C’est un aboutissement et une grande fierté pour moi. C’est aussi l’occasion de participer au développement de tout un territoire, en étant utile auprès des différents acteurs socio-économiques qui le composent. »
Matignon c’était génial, car il y avait une forte solidarité dans l’équipe des conseillers. On apprend beaucoup également en comparant les visions afin de construire une proposition d’arbitrage.
Du ministère de l’Agriculture à Matignon
Si elle avoue volontiers ne pas encore bien connaître le territoire, Gaëlle Regnard sait déjà voir le positif de la région dans laquelle elle vient d’arriver : « la Loire et la Haute-Loire recèlent de nombreux trésors ainsi qu’un tissu économique foisonnant et dynamique ». Des atouts qu’elle compte bien mettre en avant et défendre via cette mission qui sonne comme une suite logique dans un parcours professionnel mêlant secteur public et secteur privé. Passée par le ministère de l’Agriculture, le secrétariat général des Affaires européennes ou encore le cabinet du Premier ministre, Gaëlle Regnard a pu se frotter à différentes situations et problématiques, privilégiant toujours un travail d’équipe. « Je suis rentrée élève fonctionnaire aux eaux et forêts. J’ai ensuite travaillé assez naturellement pour l’Etat, d’abord dans la Nièvre, sur le terrain, à la direction départementale de l’agriculture et de la forêt. Je faisais de l’assistance technique pour les élus locaux. J’ai fait trois ans sur le terrain en étant au contact d’ingénieurs forestiers, de techniciens également. C’était une période passionnante, tournée vers l’opérationnel et le concret. »
Après son expérience locale, Gaëlle Regnard intègre le ministère de l’Agriculture pour occuper différents postes, tournés notamment vers l’accompagnement des filières et surtout celle des fruits et légumes. « Cette filière connaissait alors beaucoup de difficultés, une crise conjoncturelle ainsi que des évolutions du cadre réglementaire européen, explique la nouvelle DG du CALHL. J’ai alors beaucoup travaillé avec les professionnels du secteur, mais également avec la Commission européenne. » Se rendant alors compte du poids de l’Europe et de la politique agricole commune sur les affaires agricoles, elle rentre alors au secrétariat général des affaires européennes. « C’est un service du Premier ministre qui doit préparer et coordonner la position française sur les sujets d’agriculture, de pêche et d’alimentation. Un sujet passionnant puisque j’ai pu rentrer dans les négociations sur la PAC et la politique commune de la pêche. »
C’est finalement l’agriculture qui m’a menée à la banque.
Assez vite, Gaëlle Regnard part aux côtés de François Fillon et son équipe en rejoignant le cabinet du Premier ministre pour une période de deux ans et demi à partir de 2008, toujours en travaillant toujours sur le secteur agricole, pêche et alimentaire. « 2008/2009 a été une période avec une succession de crises assez fortes pour le monde agricole, se souvient-elle. Ce fut également le moment de dresser le bilan de santé de la PAC. Il a donc fallu adapter la mise en œuvre de cette politique en France. » Ce passage auprès du Premier ministre est enrichissant, notamment pour son travail en équipe. « Matignon c’était génial, car il y avait une forte solidarité dans l’équipe des conseillers. On apprend beaucoup également en comparant les visions afin de construire une proposition d’arbitrage. »
Une nouvelle orientation vers le secteur bancaire
En 2010 et au bout de deux ans et demi passés au cabinet du Premier ministre, Gaëlle Regnard décide de donner une nouvelle orientation à sa vie professionnelle et d’entrer dans le secteur bancaire. Un choix qui la dirige de manière assez naturelle vers le Crédit Agricole. « J’avais envie de construire autre chose et de partir dans le privé. Je trouvais qu’au Crédit Agricole il y avait une capacité à faire qui était différente de ce que j’avais connu dans l’administration. C’est cela qui m’a plu dans l’idée de travailler pour une banque, cela donne une capacité d’accompagnement d’énormément de projets. Je m’étais rendue compte de cela lors de la gestion des différentes crises qu’on avait connues dans le secteur agricole. J’avais alors beaucoup travaillé avec les banques. » Des établissements bancaires parmi lesquels le CA correspond le plus à ses prérogatives. « Les valeurs du Crédit Agricole m’ont également convaincue : une banque coopérative, mutualiste et très ancrée sur son marché de l’agriculture. C’est finalement l’agriculture qui m’a menée à la banque. Je me suis formée en arrivant au Crédit agricole, en interne. J’ai été accompagnée pour acquérir des compétences. Au Crédit agricole, il existe cet « ascenseur social » grâce à une formation interne très développée, qui permet à tous de pouvoir progresser. »
L’accompagnement en fil rouge
Une possibilité de développement interne dont Gaëlle Regnard va profiter entre 2010 et 2022. Mettant tout d’abord à profit le « canal agricole » qu’elle a patiemment construit au fil des ans dans le secteur public, elle devient à son arrivée « directrice agricole » au sein de la Banque verte. Un poste qu’elle occupe jusqu’en 2016 et qui l’amène à travailler sur l’évolution du marché et de l’offre de la banque auprès des agriculteurs. « Je n’étais pas là pour imaginer tout cela, mais bien pour faciliter la réflexion et mettre en musique, tempère-t-elle. Ce sont les Caisses régionales qui amènent leur savoir-faire et leur vision sur leur territoire. »
Il y a beaucoup de choses à construire sur ce territoire et il y a de nombreux enjeux devant nous, c’est passionnant !
En 2016, nouvelle évolution avec une prise de poste de directrice adjointe du CA Nord de France/Nord Pas-de-Calais. Une fonction où elle prend en charge davantage les entreprises, différentes fonctions support ainsi que certaines filiales de la Caisse régionale en matière d’immobilier et de capital environnement. Au bout de trois années dans le Nord, elle devient directrice générale de la Fédération nationale du Crédit Agricole. Puis arrive en 2022 cette possibilité de prendre la direction générale du CA Loire Haute-Loire, à la suite de Gérard Ouvrier-Buffet. Ce dernier l’ayant dirigé pendant 20 ans. « J’arrive avec beaucoup d’humilité par rapport à lui. J’ai beaucoup de respect pour tout le travail qu’il a entrepris. C’est aussi quelqu’un de très important dans la vie du groupe, au niveau national. » Tout en souhaitant prendre le temps de bien appréhender le fonctionnement de sa nouvelle « maison pro », la directrice générale, passionnée par le vélo de route et la boxe thaï, sait bien la teneur des défis qui se présentent devant elle. « Il y a beaucoup de choses à construire sur ce territoire et il y a de nombreux enjeux devant nous, c’est passionnant ! Il y a d’abord l’évolution des modes de consommation et des besoins de nos clients avec la digitalisation, l’accompagnement après la crise sanitaire ainsi qu’avec les conséquences de la guerre en Ukraine. Ensuite, le deuxième gros enjeu est pour moi la décarbonation de l’économie qui va s’imposer à tous. Je pense que nous pouvons apporter beaucoup de choses sur ce point. » Mais toujours dans l’accompagnement et non « pas dans l’injonction ».