Élections législatives : à gauche, il y a des alternatives à la Nupes
Dans le cadre de la campagne des élections législatives (et devant la difficulté de traiter de manière globale l’ensemble des candidatures pour chaque circonscription de la Loire), la rédaction de If Saint-Étienne a fait le choix de se concentrer sur les cinq principaux courants/partis présents. Troisième focus avec les alternatives à la Nupes côté gauche.

Il s’était pris quelques coups de son camp de base et même d’ailleurs pour avoir affiché son parrainage en faveur de Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle. Pierrick Courbon est socialiste et soutenait alors en tant que tel Anne Hidalgo. Des coups, actuellement, le conseiller départemental et municipal stéphanois d’opposition s’en prend logiquement bien plus pour avoir décidé de candidater hors Nupes. L’union de la gauche aux législatives ? Il l’appelait de tous ses vœux début mai après avoir été l’un des principaux protagonistes de sa concrétisation 100 % locale aux Départementales 2021. Mais en 2022 c’est Laëtitia Copin (EELV) que la Nupes a investi dans une 1ère circonscription stéphanoise. Pas lui, le finaliste des municipales 2020 face à Gaël Perdriau.
Comme sacrifié par les négociations nationales – si tant est que son parti y ait accordé une attention – à propos d’une circonscription a priori plutôt favorable à la gauche si on se fie aux dernières élections successives, y compris lors des dernières présidentielles. Elle est tenue par ce bord depuis 2007 via le mentor politique de… Pierrick Courbon : Régis Juanico (PS puis Génération.s) dont il était l’assistant parlementaire. Le député sortant est d’ailleurs son suppléant dans cette candidature dissidente qui vaut à Pierrick Courbon d’être « mis en congé » de son parti. Dans ce contexte houleux cependant, ce dernier ne récolte pas que des coups. Mais, aussi, des soutiens.
« En dépit du bon sens »
Là, ce sont les Radicaux de gauche, qui envoient un communiqué aux rédactions locales pour se dire « perplexes » de la désignation de Laëtitia Copin. « Inconnue sur la première circonscription, une candidature parachutée en dépit de la réalité objective du territoire. Ce mode de désignation en dépit du bon sens ne garantit pas la victoire. En conséquence, nous soutenons le candidat qui répond à deux critères : d’une part, un candidat inscrit réellement sur le territoire et d’autre part, entraînant avec lui, tous les hommes et femmes ayant l’union des forces de progrès chevillée au corps. Ce candidat est Pierrick Courbon. » Ici, c’est la dizaine de membres qui composent les Jeunes socialistes de la Loire qui se déclarent unanimement en sa faveur pour des raisons analogues.
Avec ma candidature, la 1ère circonscription peut rester à gauche.
Pierrick Courbon, candidat PS dissident
L’intéressé brandit lui, un sondage commandé à l’institut parisien ViaVoice sur le territoire de la 1ère circonscription du 11 au 15 mai auprès de 990 personnes, concernant leurs intentions de vote. Il relève 25 % d’intentions de vote pour lui contre 19,6 % en faveur de la candidate Nupes au 1er tour et une victoire au 2e en cas de duel théorique face au candidat d’En Marche avec 56 % des voix. Si Laëtitia Copin devait être à sa place dans ce duel, le sondage estime qu’elle perdrait avec 46,1 %. Soulignant que Laëtitia Copin avait, dans un premier temps, fait part de sa volonté de candidater dans la 2e circonscription, Pierrick Courbon qui assure disposer d’un comité de soutien de 500 personnes assure à If Saint-Etienne que ce sondage, au-delà d’un ressenti de terrain, du retour de nombreux électeurs l’a décidé à se lancer dans la bataille dès le 16 mai.
« On fait le boulot depuis le début »
« La finalité de l’union, c’est d’avoir un maximum de députés de gauche à l’Assemblée. Il est logique de désigner les mieux placés. C’est logique qu’Andrée Taurinya (LFI) soit la candidate dans la 2e. Mais celle de Laëtitia Copin, en dépit du bon sens, ne l’est pas et offre, on le voit avec un sondage sur un plateau la 1ère à En Marche. Avec ma candidature, elle peut rester à gauche. Nos électeurs n’ont pas à être les victimes collatérales d’un jeu de négociations obscure effectué à Paris. Quant au programme, je suis en accord avec plus de 90 % de ce que propose la Nupes. » Le programme, ce n’est pas ce qui a poussé non plus l’Insoumis Louis Caillon à partir en dissidence de la Nupes lui aussi. Dans la 3e circonscription, essentiellement composée par la vallée du Gier, il concurrencera le maire communiste de Rive-de-Gier Vincent Bony.
Lui aussi, se sent sacrifié en « dépit du bon sens ». « On désigne ici un candidat communiste dont le parti n’a fait que 2 % (2,34, Ndlr) dans la Loire ! En 2017, aux législatives, j’ai fait 9,66 %, le PC 1,7. 12 ans que j’anime les Insoumis dans le Gier et le Jarez après y avoir créé le Parti de gauche. Avec les membres et sympathisants, on fait le boulot depuis le début de structuration et menons les combats : c’est nous qui luttons au quotidien, comme dernièrement pour maintenir une classe menacée à l’école de L’Horme. Le PC lui préfère soutenir des projets anti-écolos comme l’A45. Mais comme je ne suis pas en odeur de sainteté auprès d’André Taurinya qui veut contrôler le parti dans le département… Je m’y attendais… Alors, oui, j’y vais. Sinon, on sera forcément perdants, les gens ne se mobiliseront pour le PC dans une circonscription pourtant anormalement à droite au regard de ses fortes difficultés sociales. »
Le PRG en opposition à l’extrême gauche
Le programme de la Nupes, en revanche, c’est bien ce qui motive le PRG (Parti radical de gauche), distinct des Radicaux de gauche cités plus haut, à ne pas participer à une union qui l’avait sollicité dès le départ. Une présence particulièrement marquée dans la Loire puisque le département compte 5 de 118 candidats que le petit parti est parvenu à aligner sur toute la France. Il aurait même pu être le seul à en avoir dans chaque circonscription. « Mais nous n’avons pas voulu envoyer quelqu’un dans la 6e (Forez). Là-bas, un travail de fond de structuration d’avant Nupes entre nous, EELV, le PS et le PC mais pas les Insoumis est en cours. Nous ne voulions pas la tuer dans l’œuf et y créer une confusion », explique la présidente du PRG Zahra Bencharif, elle-même candidate dans la 2e et qui avait été la suppléante en 2017 du député sortant LREM – « un accord purement local » –, Jean-Michel Mis.
Il était hors de question de signer un programme triplement rédhibitoire.
Zahra Bencharif (Parti radical de gauche)
C’est pour porter une voix de gauche « modérée » face à l’extrême que représente pour lui la Nupes que le PRG justifie ses candidatures. Car « il était hors de question de signer un programme triplement rédhibitoire, étaye Zahra Bencharif. Sur l’UE qui n’est pas sans défauts mais apporte énormément aux gens au quotidien, dans les équipements publics notamment, sans qu’ils s’en rendent compte. Sur la laïcité où là, alors que l’on a besoin de rassemblement, de protéger tout le monde sans distinction, LFI se dresse précisément en protecteur d’une catégorie de personnes selon leur religion. C’est une manipulation dangereuse, contraire aux valeurs républicaines et qui les enferme dans un rôle. Paradoxalement, le groupe des Insoumis à l’Assemblée a refusé la reconnaissance du génocide des musulmans ouïghours par la Chine… C’est d’ailleurs le 3e point : des positions inacceptables sur les relations internationales.»
De grappillage en grappillage…
Retraite à 60 ans, revalorisation salariale certes mais pas sans baisse de la TVA sur les produits de premières nécessités, d’hygiène, alimentaires locaux, beaucoup plus de moyens à l’hôpital, à l’école aussi mais en remettant à plat le système éducatif au tronc commun et à l’éducation civique plus qu’appauvris : le tout financé par une taxation plus équilibrée des grands groupes et du revenu du capital vis-à-vis de TPE/PME et des actifs… Le PRG présente aussi un programme de gauche. Ne comptant que très peu d’élus dans la Loire, il n’a pas fait mieux que des scores anecdotiques aux législatives avec une seule candidature il y a 10 et 5 ans : 2,69 % pour Jean-Claude Reymond en 2012 dans la 4e ; 1,25 % pour Mohamed Abdirahman dans la 1ère en 2017. Et Zahra Bencharif n’a obtenu aux Municipales 2020 à Saint-Etienne qu’1,22 %.
Il n’empêche que même en restant à cette hauteur, ces candidatures s’ajoutent à celles de LO qui devrait capter quelques centaines de voix par circonscription. Le parti trotskyste est une fois de plus en mesure d’aligner des candidats dans chacune d’elle afin de faire entendre, dans la continuité de la Présidentielle la nécessité absolue à ses yeux d’une vraie Révolution menée par les travailleurs plutôt que d’une réforme en profondeur du système. Il faut encore déduire, à priori, de la Nupes, les quelques voix que devrait faire le Parti ouvrier indépendant et démocratique dans la 6e , voire la 2e. Enfin, on peut considérer que le Parti animaliste risque de raboter légèrement l’apport EELV à la Nupes. A force de grappillages et de concurrence plus pesante, la note finale risque de dépasser l’anecdotique pour la Nupes. Sachant qu’il faudra obtenir l’équivalent de 12,5 % d’inscrits pour être au 2e tour…
Les candidatures de gauche non Nupes dans la Loire
- 1ère circonscription (cantons nord-est et nord-ouest de Saint-Etienne)
Pascale Fedinger (PRG), suppléant : André Friedenberg
Pierrick Courbon (PS dissident), suppléant : Régis Juanico
Romain Brossard (LO), suppléante : Nora Ibbari
- 2e circonscription (cantons sud et sud-est de Saint-Etienne)
David Jacquemard (Parti animaliste), suppléant : Philippe Fargier
Zahra Bencharif (PRG), suppléant : Jean Darsa
Sophie Dieterich (LO), suppléant : Hervé Cayuela
Bernard Sirot (POI ?), suppléante : Elisabeth Insalaco
- 3e circonscription (cantons du Gier et de l’est stéphanois)
Louis Caillon (LFI dissident), suppléante : Sadia Bouaziz
Mariam Assaoune (PRG), suppléant : Tarik Fadili
Pauline Husseini (LO), suppléant : André Moulin
Catherine Martin (Parti animaliste), suppléante : Manon Daillere
- 4e circonscription (cantons du Pilat, du haut Forez et d’une partie du Forez)
Sauveur Cuadros (LO), suppléante : Maryse Dumas
Sana Belmouden (PRG), suppléant : Jean-Claude Reymond
Véronique Vidal (Parti animaliste), suppléant : Sylvain Maistre-Bazin
- 5e circonscription (cantons du Roannais)
Philippe Granchamp (Parti animaliste), suppléante : Florence Buthod
Édith Roche (LO), suppléant : Alain Vivier
Maryline Emorine (PRG), suppléant : Christophe Pacaud
- 6e circonscription (cantons du Forez)
Yves Petiot (LO), suppléant : Gaëtan Vaumourin
Catherine Briaut (Parti animaliste), suppléante : Muriel Gentil
Jacqueline Marcuccili (POI), suppléant : Jean-François Moriano