Éliminés ou non, voilà pour qui ils appellent à voter ou ne pas voter dans la Loire
Parlant pour leur parti ou en tant que candidats perdants du 1er round, sinon comme figures politiques du département ayant fait part publiquement de leur position, If Saint-Etienne fait le tour leurs consignes, appel ou intentions de vote pour dimanche aux législatives dans la Loire. Là où leur camp ne sera pas présent pour les six finales de dimanche.
D’où viendra « le chaos » ? D’un côté, comme de l’autre, Ensemble ! et la Nupes en font la prédiction en cas de succès de leur principal adversaire dimanche au 2e tour des législatives. Une rhétorique mutuelle déployée au niveau national qui trouve, bien sûr, son écho à l’échelle locale. A commencer par un élu de poids qui n’est pourtant pas de la majorité présidentielle mais LR, bien qu’en froid avec la ligne majoritaire, du moins exécutive, de son parti : Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne. Dans un communiqué envoyé au lendemain du 1er tour, c’est en tant que président de la Métropole qu’il estime « la Nation à la croisée des chemins ».
Selon lui, « les Français doivent être conscients des dangers que fait courir le programme de la Nupes à la France. Programme démagogique qui exploite les peurs sociales des Français en apportant des réponses qui, à terme, ne feront qu’aggraver la situation de nos concitoyens les plus fragiles socialement ». Sans utiliser le mot chaos, le maire de Saint-Etienne par ailleurs embarqué dans un conflit juridique avec la candidate EELV de la Nupes dans sa ville, considère que la victoire de la gauche coalisée porte un « risque inadmissible de régression ». Aussi, il espère que « la Nupes ne remporte pas la moindre circonscription de la Métropole », souhaitant que leurs adversaires d’Ensemble ! Quentin Bataillon, Emmanuel Mandon et Jean-Michel Mis puissent siéger à l’Assemblée Nationale tout comme Le LR Dino Cinieri.
La peur du chaos
Et en dehors de sa métropole, en ce qui concerne les 5e et 6e, là où « des » LR affrontent des « Ensemble ! » ? Comme nous nous y attendions, là, Gaël Perdriau ne répondra pas. Une réponse, le Parti communiste, qui compte un candidat Nupes, Vincent Bony dans la 3e, en a adressé une au maire stéphanois. Dans un communiqué, ses élus d’opposition stéphanois constatent qu’il invoque, à l’instar du président de la République « et de tout sa cour la peur du chaos ». Un chaos justement déjà d’actualité selon eux, car fruit de la politique ultra-libérale (régressions sociales « tandis que l’argent coule à flot pour le capital », faillite de la santé, des services publics) du quinquennat passé au niveau national et doublé localement par celle du président de la Métropole, accusé par exemple, de manquement démocratique, « faisant des assemblées locales des chambres d’enregistrement comme l’est l’Assemblée Nationale ».
Monsieur Perdriau, la folie serait justement de ne rien changer pour maintenir la domination des puissants sur le monde.
Les élus stéphanois du Parti communiste
Idem sur le « chaos environnemental » « oublié par le maire », sur la « régression » des libertés de manifester ou syndicales, sur « l’ordre mondial », responsable de la situation internationale. « Monsieur Perdriau, la folie serait justement de ne rien changer pour maintenir la domination des puissants sur le monde », en déduit le PC qui voit dans les mesures de la Nupes la sagesse tout en se gardant d’évoquer les points d’achoppement avec LFI, voire les autres alliés, sur le nucléaire ou encore sa position floue sur Vladimir Poutine.
De bord à bord, barrage aux extrêmes
Du côté de la majorité présidentielle, à propos de consignes de vote (même si comme tous les politiques de nos jours, ses représentants fuient l’expression), il ne peut y avoir qu’un seul positionnement : celui sur la 4e (Ondaine, Pilat, Haut Forez). Candidate d’Ensemble ! Shannon Seban, médaille de bronze au 1er tour, a appelé dès dimanche soir ses électeurs (et les autres) à faire « barrage à l’extrême gauche » et donc à voter pour le LR Dino Cinieri : « Je n’ai reçu aucune instruction, assure-t-elle à If. Mon appel est unilatéral, local. Nous combattons les extrêmes des deux bords. » Point de vue identique quand on s’adresse à l’un des 5 candidats sur 6 encore en lice pour le 2e tour, Jean-Michel Mis dans la 2e circonscription : « C’est une position personnelle : il faut voter pour les candidats républicains, faire barrage à la Nupes.»
ll faut voter pour les candidats républicains, faire barrage à la Nupes.
Shannon Seban, candidate perdante d’Ensemble ! dans la 4e
L’absence du RN éliminé des débats du 2e tour en partie parce que les voix de Reconquête l’ont privé de 3 finales très probables sur 6 dans la Loire, évite sans doute à la majorité présidentielle d’avoir à adopter une position forcément périlleuse, y compris si celle-ci s’était réduite à du mutisme. Idem pour la Nupes finalement, dont les candidats perdants au 1er tour dans la 5e (Roannais) et de la 6e (Forez) respectivement Ismaël Stevenson et Marie-Paule Olive n’ont pas eu paradoxalement à demander de faire « barrage à l’extrême droite » et donc appeler, même si la phrase n’aurait pas été prononcée telle qu’elle à voter pour un candidat de Renaissance ! ou LR.
LR ou Renaissance !, c’est « identique » pour la Nupes
« Entre Julien Borowczyk (Ensemble !) et Jean-Pierre Taite (LR), difficile de choisir lequel est le moins pire, nous répond l’équipe de campagne de Marie-Paule Olive (6e). La seule chose que nous aurions demandé à nos électeurs, c’est : « pas une voix à l’extrême droite ». » Même analyse de la part Ismaël Stevenson (5e) : « Nathalie Sarles (Ensemble !) ou Antoine Vermorel-Marques (LR), c’est une politique presque identique : capitaliste et antisociale, anti-environnementale. » Pas d’appel au vote du côté de Lutte Ouvrière (LO) qui avec 2 377 électeurs cumulés a fait un peu mieux qu’en 2017 (près de 2 000 voix) malgré l’abstention. Car la Nupes formation réformiste du capitalisme à ses yeux, aussi radicale qu’elle soit, est vouée, au mieux à l’échec, au pire à la trahison à en tant que partie prenante d’un système qu’il convient de renverser par une Révolution.
LR ou Ensemble!, c’est une politique identique.
Ismaël Stevenson, candidat perdant de la Nupes dans la 5e
Et côté centre gauche ? Ce bord quasiment représenté dans la Loire par le seul Parti radical de gauche (PRG) dans 5 circonscriptions sur 6 et qui n’a séduit que très peu d’électeurs. « La seule consigne au niveau national est de faire barrage à l’extrême droite, répond Zahra Bencharif, sa présidente dans la Loire. Il n’y a pas cette situation dans la Loire. Aussi, si à titre purement personnel, dans la 1ère, notre candidate Pascale Fedinger a appelé à voter pour Quentin Bataillon (Ensemble !), notre seule position commune va en faveur de Vincent Bony (Nupes, PC, 3e) qui, nous en sommes convaincus saura, lui, se montrer responsable. »
Le RN appelle sans surprises à voter blanc
Un fil rouge réunit donc une grande partie des acteurs : aucune voix à l’extrême droite. Pas de cas d’école. Et elle, cette extrême droite, que dit-elle ? Michel Lucas, délégué pour la Loire du Rassemblement national (RN) nous confie avoir adressé « un mail à l’ensemble de nos adhérents. Pour vous expliquer ma position, elle rejoint celle de notre mouvement qui a été clarifiée par M. Bardella. Je vais voter blanc. Nous ne pouvons pas accompagner des LR qui sont compatibles avec Macron, des Nupes qui sont carrément à l’opposé de nous ou encore des LREM qui soutiennent Macron dont nous avons dénoncé la politique pendant cette campagne. Donc, non, nous ne donnerons pas de consignes de vote pour l’un ou pour l’autre. Notre position est le vote blanc. »
Nous faisons appel à ceux qui ne sont pas Macro-compatibles chez les LR.
Jean-Baptiste Rouquerol, candidat perdant de Reconquête dans la 4e
Du côté de la concurrence, Jean-Baptiste Rouquerol de Reconquête étaye en trois points la position de son parti. « Le premier est une opposition résolue aux candidats Nupes ou Ensemble. Le deuxième est l’absence de consignes dans le sens où on laisse toute liberté à nos électeurs de faire le meilleur choix possible. Enfin, nous avions lancé un appel à l’union des droites dans la Loire, il y a trois circonscriptions où il y a un candidat LR au 2e tour. Nous faisons donc appel à ceux qui ne sont pas Macro-compatibles chez les LR. Nous n’avons pas de message particulier sur les 4e et 6e. Mais sur la 5e notre candidat Raphael Pessoa sans donner de consignes a partagé le fait qu’il voterait pour Antoine Vermorel-Marques. C’est un candidat qui n’est pas dans une opposition molle à Macron, et ouvert à une union à droite. »
Pas un mot des LR sur « Ensemble ! » ?
Nous avons justement essayé en vain d’obtenir la position officielle des LR sur les trois circonscriptions où elle est absente dimanche (1ère, 2e et 3e), en tentant de contacter à plusieurs reprises son référent pour ces législatives, Jean-Pierre Taite, maire de Feurs et lui-même finaliste face Julien Borowczyk (Ensemble !) dimanche. Membre du parti, le président du Département Georges Ziegler avait, lui, manifesté en début de semaine ses félicitations et son soutien aux membres de son camp encore en lice au 2e tour : Dino Cinieri (4e), Jean-Pierre Taite (6e) donc et Antoine Vermorel-Marques (5e). Il invite les abstentionnistes à se rendre aux urnes ce dimanche 19 juin « pour récompenser leur ancrage local ».
Notons cette conclusion quelque peu laconique de Georges Ziegler faisant allusion à la situation des 1ère, 2e et 3e circonscription : « Enfin, j’appelle avec fermeté à faire barrage à la coalition de façade de Nupes, symbole de divisions et de régression. » Hors de question, bien sûr, d’utiliser le mot Ensemble !