Législatives : (pas tout à fait) Ensemble ! dans la Loire
Dans le cadre de la campagne des élections législatives (et devant la difficulté de traiter de manière globale l’ensemble des candidatures pour chaque circonscription de la Loire), la rédaction de If Saint-Étienne a fait le choix de se concentrer sur les principaux courants/partis présents. Zoom sur la situation du côté d’En Marche parfois confuse entre reproches d’usurpation et de parachutage…
« USURPATION ». Emmanuel Mandon lâche le mot en lettres capitales dans un communiqué envoyé mardi. Plutôt deux en fait puisque celui qu’il signe est assorti d’une lettre d’appui à la fin de laquelle s’affichent les noms des poids-lourds nationaux que sont Richard Ferrand, François Bayrou, Edouard Philippe, Stanislas Guerini, respectivement président, vice-présidents et secrétaire général d’Ensemble !. Cette alliance qui regroupe principalement En Marche (en passe de devenir Renaissance), Horizons, le parti d’Edouard Philippe et le Modem de François Bayrou. « Alors que certains cherchent à semer le doute », le message se veut « très clair » : Emmanuel Mandon est son seul candidat dans la 3e circonscription de la Loire. Extrait :
« Il est le seul qui s’inscrira pleinement dans notre action à l’Assemblée nationale. Si d’autres candidats se revendiquent comme appartenant à la majorité présidentielle, il s’agit alors d’une usurpation. Des procédures seront engagées à leur encontre car cette confusion ne peut persister ». En montrant les crocs, Emmanuel Mandon espère clarifier les choses mettre hors-jeu Éric Le Jaouen. Trop tard ? Habitant L’Etrat, l’ex-président du Medef Loire, 52 ans, entrepreneur – à la tête de petites structures tertiaires, entre autres Ginko RH – a en effet, dans la foulée des désignations officielles d’Ensemble !, le mois dernier, annoncé sa candidature dans la 3e circonscription, précisant qu’il siégerait au sein de la majorité présidentielle.
« J’adhère totalement à la ligne présidentielle »
Jusqu’à fin janvier, Éric Le Jaouen présidait l’Unedic, organisme de co-financement de l’Assurance chômage. Il a ainsi côtoyé le sommet de l’Etat durant 2 ans, en particulier une certaine Elisabeth Borne, ministre du Travail de juillet 2020 jusqu’à son arrivée à Matignon. Il assure que sa nomination a mis fin à ses hésitations sur un premier mandat politique. Contacté par If Saint-Etienne, Éric Le Jaouen s’explique : « Oui, je l’avais en tête depuis longtemps et avec une sensibilité de centre droit, j’adhère totalement à la ligne présidentielle depuis 2016. J’assume mon côté libéral, ma croyance dans l’économie de marché, la liberté d’entreprendre mais pas sans garanties sociales. Cependant quand on préside l’Unedic, on met de côté ses orientations. Je n’y suis plus. Et j’ai bien eu des discussions à partir de mars avec la majorité présidentielle.»
Selon un de ses membres ligériens, cela aurait cependant déjà été le cas en 2017 sans que cela n’aboutisse aussi. Reste qu’Éric Le Jaouen ne veut pas être défini comme « candidat de la dissidence mais comme celui de la société civile », « l’anti » politicien professionnel. « En tant qu’entrepreneur, j’ai l’expérience de la vraie vie. Ça signifie que je peux proposer des choses réalistes, pragmatiques ». Il met en avant parcours enrichi par plusieurs années d’échanges avec les ministères, le Parlement, la Cour des comptes : « J’ai désormais une connaissance assez pointue de l’appareil d’État et de l’appareil législatif. Et c’est parce que je pense que je serai plus utile que le candidat officiel que j’ai souhaité me présenter. »
Le ralliement d’Emmanuel Mandon
Riant jaune de la théorie du sous-marin envoyé en torpille par les LR/UDI – « Des voix, je vais en prendre aussi à Axel Dugua » – le candidat estime le fait que Chrystèle Aguilar, l’ex-attachée parlementaire de la députée sortante d’En Marche dans la 3e soit sa suppléante « est significatif. La candidature d’Emmanuel Mandon relève du tripatouillage politique : on ne change pas de parti comme si c’était une coquille ». Jusqu’à ce qu’il soit désigné par la majorité, Emmanuel Mandon était en effet membre de l’UDI. Il a rejoint Modem, et est donc l’une des candidatures obtenues par le parti allié à Renaissance. Pourtant, celui qui sera son suppléant, son mentor François Rochebloine, député UDF puis UDI de cette 3e circonscription durant 29 ans et dont il fut l’attaché parlementaire aurait aimé le voir candidat des LR/UDI à ces législatives.
J’ai toujours été très proche des idées et de personnalités du Modem.
Emmanuel Mandon, candidat d’Ensemble ! dans la 3e circonscription.
« Il a juste émis un souhait dans la presse, estimant que j’étais l’homme de la situation, explique à If Saint-Etienne Emmanuel Mandon. Ce n’était pas mon intention, ça n’a jamais eu valeur de candidature officielle à la candidature. » Quant au fait de quitter l’UDI pour le Modem… « Cela peut paraître précipité mais déjà j’ai toujours été très proche des idées et de personnalités du Modem. J’aurais adhéré en 2007 si certains n’avaient pas fait en sorte de m’écarter parce que j’étais l’attaché parlementaire de François Rochebloine. J’ai œuvré à un groupe commun Modem/UDI à la Région en 2018. Depuis, je songeais déjà à quitter l’UDI parce qu’il n’est plus dans l’action mais l’observation. Au niveau national, il est incapable de présenter un candidat à la présidentielle. Au niveau local, ce qui vient de se passer avec Gilles Artigues est révélateur. »
David Kauffer mis de côté
Alors Emmanuel Mandon dit avoir été sondé dès le début de l’année par des membres du Modem pour une éventuelle candidature, avant de se la voir fermement proposé début mai. « Membre de la majorité, je porterai son expression centriste, pour une démocratie sociale affirmée. Je crois au dialogue et à la synthèse entre différentes tendances dans un monde en mouvement très difficile à gérer. Balancer sans nuance dans une direction ou une autre, est simpliste et catastrophique. Ce n’est pas ce que je ressens en étant dans la majorité présidentielle, au contraire. D’autre part, au regard du contexte international terriblement inquiétant, Emmanuel Macron est le seul à pouvoir faire face.»
La face, David Kauffer aurait sans doute fini de la perdre en s’indignant dans les médias et/ou en se lançant dans la dissidence. Car contre toute logique, celui qui a été le référent d’En Marche dans la Loire à la Présidentielle, un des principaux maçons dans les fondations du jeune parti dans la Loire et finaliste malheureux à 100 voix près aux législatives de 2017 dans la 4e circonscription, n’a pas été désigné par Ensemble !. Contacté par If Saint-Etienne, David Kauffer, très déçu de la situation selon des Marcheurs ligériens, se dit toujours référent de la majorité et refuse tout autre commentaire que celui-ci : « L’important, c’est de donner une majorité au Président ». A sa place, les instances nationales ont en effet dépêché Shannon Seban, 26 ans, conseillère municipale d’opposition LREM de Rosny-sous-bois, en région parisienne.
L’étiquette de parachutée
Elle est aussi actuellement l’adjointe d’Augustin Cellard, chef de cabinet du ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire. Ce qui lui a valu l’appui vidéo et la visite du ministre en personne – il était à Saint-Etienne vendredi 27 mai – largement relayé sur ses réseaux sur lesquels s’est ajouté le témoignage d’Olivier Véran. Des réseaux où elle se montre extrêmement active avec une petite série vidéo en plusieurs épisodes, La candidate, de sa campagne sur le terrain. Une campagne intense pour décoller son étiquette de parachutée ? « Être parachutée, ce n’est pas forcément quelque chose de négatif. Cependant, il est complètement faux de dire que je n’ai pas d’ancrage sur ce territoire, répond-elle à If. Je suis née à Bagnolet et ai grandi Rosny-sous-bois mais je viens une à deux fois par an depuis toute petite, pour les vacances, dans le Pilat, ma famille ayant des amis très proches là-bas. Et moi aussi. »
Si je suis battue, je resterai habiter dans la circonscription et continuerai à agir pour les autres.
Shannon Seban, candidate d’Ensemble ! dans la 4e circonscription
« D’ailleurs, poursuit-elle, j’ai fait le choix d’étudier à Lyon (à l’EM Lyon et Lyon II avant l’Ena, Ndlr) pour ça. Et j’ai continué à nouer des liens avec des gens du Pilat du Forez, de l’Ondaine. Je ne découvre pas cette circonscription. Si j’y suis battue, j’y resterai et continuerai à agir pour les autres. Face à un député sortant qui veut garder sa bonne planque, je veux apporter un regard neuf. » Et celui qu’aurait pu amener David Kauffer ? « Je ne l’ai pas chassé de sa place. Il y a déjà plusieurs mois que j’avais émis le souhait de candidater ici. On m’a répondu qu’il y avait déjà David Kauffer mais son nom n’a pas été publié par notre mouvement au moment des investitures. Je ne sais pas pourquoi. Ce que je sais, c’est qu’on m’a appelée le 8 mai au soir…» Malgré nos tentatives, impossible d’obtenir une explication de la part d’Ensemble ! au niveau national.
« Notre programme est cohérent avec la Présidentielle »
Shannon Seban assure qu’elle n’est pas là pour simplement relayer le programme de Macron : « Il y a des spécificités du territoire qui doivent remonter et lui permettre de sortir des sentiers battus, de l’immobilisme : sur la désertification médicale qui touche tous les cantons d’une circonscription pourtant hétéroclite, sur la réindustrialisation de l’Ondaine, sur l’insécurité y compris en milieu rural où nous souhaitons mettre en place une brigade de gendarmerie spécifique après la concrétisation des annonces de Gérald Darmanin dans l’Ondaine. Nos actions, je les élaborerai avec les habitants via des ateliers participatifs. » Le programme d’Ensemble ! ?
Les gens qui nous griment en affreux néo-libéraux ont besoin de sortir de chez eux, de voyager.
Jean-Michel Mis, député LREM (et désormais Renaissance) sortant
« Contrairement à la Nupes, il est cohérent avec la Présidentielle, c’est le même, souligne Jean-Michel Mis. L’union de la gauche, elle, a mis des sujets très importants sous le tapis qui ressortiront. ». Le député sortant LREM de la 2e circonscription brigue un second mandat et assume le bilan national : « Je ne pense pas que d’autres auraient réalisé autant avec ce qui nous est tombé dessus en 5 ans (Gilets jaunes, Covid, Ukraine, Ndlr), sur la sécurité, la pauvreté, l’hôpital, la relance économique, le dédoublement des classes en REP… Il reste du boulot et il n’y en aurait pas autant s’il avait été mieux fait les décennies précédentes. Il faut le poursuivre avec notre réalisme et non par des promesses infinançables. Les gens qui nous griment en affreux néo-libéraux ont besoin de sortir de chez eux, de voyager et observer ce qui se passe ailleurs. En France où 65 % du PIB est consacré à la répartition, l’Etat est là. »
La veine de Quentin Bataillon
Très actif sur les questions numériques et de cybersécurité durant son mandat, Jean-Michel Mis tient à dire qu’il l’était aussi, localement. Il n’est pas pour rien dans la venue de Castex « et la restauration des capacités financières du CHU et donc le passage ensuite de 600 CDD en CDI. Ou encore sur l’implantation de services du ministère de l’Intérieur à Saint-Etienne. J’ai été en relations étroites, entre autres avec Gérald Darmanin, via mon investissement dans la commission des lois ». Il le sait cependant : dimanche, la partie sera sans doute plus ardue qu’en 2017 où il avait obtenu 38,75 % au 1er tour (et 57,47 % au second). Cinq ans ont passé depuis le tsunami En Marche que d’anciens électeurs socialistes alors séduits rejettent aujourd’hui. Et surtout, tout le monde n’a pas la chance de bénéficier d’une dissidence de la Nupes dans sa circonscription, a priori principal adversaire.
Cette chance est réservée au jeune Quentin Bataillon, candidat Renaissance (mouvance Agir dont il est le secrétaire général à l’Assemblée) issu des LR qui dans la 1ère circonscription voit se déchirer Pierrick Courbon (dissident PS) et Laetitia Copin (EELV). Âgé de 28 ans, élu jusqu’en décembre de la municipalité LR de Feurs (il a démissionné, reprochant au maire Jean-Pierre Taite des propos qu’il jugeait trop favorables à Zemmour), ex-conseiller du ministre de la Culture, Franck Riester, ex-assistant des députés européens Françoise Grossetête et Jérôme Lavrieux, il fut tête de liste d’En marche aux élections régionales en 2020 dans la Loire. Là aussi, la place était convoitée et parmi les déçus – « qui un coup regardent côté LR, un coup vers nous », tacle un membre de la majorité de la Loire –, on parle parfois de parachutage.
Le CV de Quentin Bataillon affiche cependant une entrée en politique dans le Forez vieille de plus de 10 ans, dès 2011, comme directeur de campagne d’Henri Nigay aux Départementales alors âgé de… 17 ans. Pour les deux circonscriptions restantes, la 5e et la 6e, les sortants Nathalie Sarles et Julien Borowczyk sont respectivement reconduits. Ce dernier a d’ailleurs eu droit au soutien et à l’adoubement de la part d’Edouard Philippe lors d’une visite mi mai puisqu’il a rejoint son parti Horizons.
Les candidats d’Ensemble ! circonscription par circonscription
- 1ère circonscription (cantons nord-est et nord-ouest de Saint-Etienne)
Quentin Bataillon (Renaissance/Agir)
Suppléante : Fabienne Durand
- 2e circonscription (cantons sud et sud-est de Saint-Etienne)
Jean-Michel Mis (Renaissance)
Suppléante : Joëlle Vidal.
- 3e circonscription (cantons du Gier et de l’est stéphanois)
Emmanuel Mandon (Modem)
Suppléant : François Rochebloine.
- 4e circonscription (cantons du Pilat, du haut Forez et d’une partie du Forez)
Shannon Seban (Renaissance)
Suppléant : Jean-Paul Tissot
- 5e circonscription (cantons du Roannais)
Nathalie Sarles (Renaissance)
Suppléant : Bruno Berthelier
- 6e circonscription (cantons du Forez)
Julien Borowczyk (Horizons)
Suppléante : Céline Bennici
J’aurais voté sans problème pour D.Kauffer. Mais a aucun prix je voterai pour une conseillère municipale de ROSNY ss Bois, qui vient en vacances 4 jours par an ds le Pilat!!! Dans ses vidéos , elle veut accompagner les conversions bio, alors que le marché est saturé et que 10% du lait bio est payé au prix du pas bio…ne connait rien au problèmes locaux. Un EGo un peu démesuré ??? il n’y avait aucune raison d’éliminer le candidat local. C’est inadmissible. C’est vraiment de la politique de bas étage….trés bas