Il n’y a pas que « trois blocs », voici les autres options
Tsunami express. Confrontée, comme les QG locaux des partis politiques, au calendrier démentiel provoqué par la dissolution, la rédaction d’If Saint-Etienne ne sera pas en mesure d’être aussi exhaustive qu’en 2022, année à double échéance électorale. Néanmoins, notre site a essayé de contacter, dans la mesure du possible, un maximum de formations afin de comprendre leur stratégie, leur présence sur l’ensemble du département et leurs propositions d’ici le 1er tour ce dimanche.
Dans ce cinquième volet, nous regroupons les formations / partis / candidats, extrêmes ou pas, qui ne sont ni du Front populaire, ni du RN, ni du « camp présidentiel », sinon LR tendance anti-ciottistes auxquels nous avons déjà chacun consacré un article à l’échelle départementale.
Par Xavier Alix et Julie Tadduni
Comme le RN, eux aussi étaient immédiatement prêts. Contrairement aux formations de la gauche unie, du « camp présidentiel » ou encore des LR, une vue d’ensemble des candidats Lutte Ouvrière (LO) dans la Loire a été très rapidement transmise aux rédactions locales à la suite de la dissolution. Malgré leur 0,98 % à l’échelle du département en 2022, les représentants du parti trotskyste révolutionnaire ne sont toujours pas découragés, plutôt encouragés même, disent-ils par le feuilleton de la rue sur les retraites : ils seront à nouveau présents dans chacune des six circonscriptions de la Loire. Seuls le Nouveau Front populaire et le RN peuvent en dire autant. Avec toujours cette volonté assumée de promouvoir via un scrutin la nécessité d’une « prise de conscience » que le pouvoir doit être pris via la Révolution, pas par les urnes…
Ce qui n’empêche pas, un programme sur des mesures immédiates en cas d’élection : « Indexer tous les revenus – salaires, retraites, allocations – sur le coût de la vie, mois par mois, semaine par semaine si nécessaire et fixer le SMIC à 2 000 € nets, grand minimum. Même avec des loyers plus bas dans la Loire, il est impossible de vivre décemment en dessous de cette somme », clame Romain Brossard, enseignant stéphanois en mathématiques, 47 ans et principale figure du parti dans le département, lui-même de nouveau candidat dans la 1ère circonscription. Second angle d’attaque : « Lutter contre la guerre qui vient, plutôt qui s’étend puisqu’elle est déjà présente partout dans le monde. Le système capitaliste qui tient l’impérialisme des grandes puissances condamne l’Humanité à la 3e Guerre Mondiale, nous devons l’arrêter. Si tu veux la paix, prépare la Révolution, dit-on à LO. Hors de questions de mourir pour le profit de banquiers et grands industriels qui ont la réalité du pouvoir. »
L’immigration comme cheval de bataille
La conquête du pouvoir prend l’allure d’une reconquête aux yeux du parti éponyme, 4,46 % des votes ligériens – 10 840 voix- en 2022 (5,47 % aux Européennes). Deux jours après le 9 juin, les Français ont cru assister à une alliance du parti avec le RN. Jusqu’à ce que Marion Maréchal annonce soutenir publiquement le bloc RN / Ciotti. Dans la Loire, Yvan Guy-Mercier, représentant de Reconquête et également candidat dans la 6e circonscription, a aussi cru à cette alliance. « Tout le monde était pour l’union des droites. Eric Zemmour a mis un genou à terre pour le faire mais il n’est pas dans l’intérêt politique. La vérité c’est qu’il y a moins de différence entre un LR, un RN et un Reconquête qu’entre le NPA et les socialistes républicains ». Issu du monde de l’entreprise, le candidat travaille dans l’export dans la réfrigération. Il a vécu cinq ans en Pologne et sera l’un des deux représentants du parti dans la Loire, avec Robert Lachaud, dans la 5e. Lui, a travaillé essentiellement à l’étranger, dans la construction. Pour Yvan Guy-Mercier, la mesure principale de Reconquête est sa politique migratoire.
« L’immigration, le changement civilisationnel, le sentiment d’étouffement des Français, qui sont très loin d’être racistes, mais qui subissent un stress important. On sait qu’il y a des problèmes évidents dans les quartiers, on nous a expliqué pendant des années que c’était une vue de l’esprit, que l’on était raciste. Le grand remplacement est un fait, on nous impose des coutumes qui ne sont pas les nôtres. Ce sujet est le cheval de bataille de Reconquête car c’est le plus urgent. A Saint-Etienne, la population n’est plus du tout la même et les gens l’ont vu à l’échelle d’une vie. Aujourd’hui c’est comme si on traitait de la rouille avec un coup de peinture. Il est temps d’avoir des gens responsables au pouvoir, et ce n’est pas être extrême que de réaliser ça. » Pour autant, le candidat n’envisage pas de dépasser les 3 % et soutiendra un candidat de droite au second tour, sans forcément penser au RN, précisant qu’il se sent plus proche de Jean-Pierre Taite sur les sujets économiques.
A titre personnel, il aimerait voir se concrétiser une mesure : « Aujourd’hui payer quelqu’un 100 € coûte 200 € à une entreprise. On peut continuer ce système mais, en contrepartie d’un allègement de charge de 20 %, qui sera reversé aux salariés. Cela entraînera une hausse du pouvoir d’achat, on ne change ni les minimas sociaux, ni les règles du chômage, mais il y aura un vrai écart entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas. »
Professions de foi
En dehors de cette présence marquante aux deux extrêmes, d’autres candidatures s’ajoutent selon les circonscriptions bien que presque deux fois moins nombreux qu’en 2022. Ce site d’Etat donne accès aux « professions de foi » en ligne de chaque candidat, lorsqu’elles ont été déposées. Nous mettons un lien sur le nom des candidats en question lorsque ce dépôt avait été fait au moment de publier. Ce qui n’est pas le cas de ces trois candidats (Nathalie Douspis dans la 2e, Florence Nayme dans la 5e Sandra Haury dans la 6e) d’obédience commune, semblant pouvoir être désignés comme « divers écologiste ». Leurs noms apparaissaient en effet aux Européennes via le « La Ruche citoyenne ». Pour les Législatives, ils ont été estampillés dans un premier temps « Les Ecologistes » au lendemain du tirage au sort de l’ordre de présentation des candidats de la Loire à la préfecture, au grand dam de la composante verte du Nouveau Front populaire EELV en passe justement de devenir « Les Ecologistes » (une demande de rectification avait été adressée aux rédactions).
Dans la 1ère circonscription (Saint-Etienne), Xavier Kemlin, héritier parmi d’autres de la famille Guichard, sera de la partie après avoir tout fait pour dénoncer les terribles errements, pointe-t-il, de la gestion de Casino par Naouri et les conditions de la vente du groupe et ses conséquences ainsi que les nouveaux propriétaires. Habitué à partir en Justice, il a lui-même été assigné par l’ASSE et Saint-Etienne Métropole pour son affiche qui place sa personne avec les gradins du stade Geoffroy-Guichard dans son dos… Le candidat semble épouser, si nous saisissons bien, une ligne droite pro ciottiste, présentée comme le « Rassemblement des droites et Républicains » mettant le paquet sur le cas Casino et vilipendant systématiquement à propos de ce dossier le député sortant Renaissance Quentin Bataillon. Dans la 1ère encore, notons la candidature de François Chord, ingénieur hospitalier et sur la liste aux dernières Européennes du mouvement Alliance rurale mené par Jean Lassalle.
Deux centristes dans « la 2 »
Dans la 2e circonscription (Saint-Etienne), deux « candidats centristes » à signaler. « Centre droit », précise Martial Mossmann dans un communiqué que nous avions reçu le 17 juin sous le couvert du parti « Alliance centriste ». Ce natif de Saint-Etienne, âgé de 33 ans, espère contribuer à la fin de « 40 ans » de « même soupe », « à tel point que nos responsables politiques sont devenus hors sol » et donc la nécessité de « nouvelle vision », d’un « leadership fort ». Se disant centriste aussi mais sans donner de penchant, Quentin Fontvieille, déjà là en 2022, se présente aussi dans la 2e : « Sans être affiliés à un parti politique, nous sommes simplement deux citoyens (son suppléant est Gaël Bogdan) ayant profondément ancrées en eux les valeurs qui sont communes aux chrétiens, aux juifs, aux musulmans et à tous ceux qui les partagent : justice pour tous, liberté des citoyens, préservation des valeurs familiales, considération de la dignité humaine dans toutes ses dimensions. (…) Nous appelons à la Concorde nationale. » Dans une vidéo youtube, Quentin Fontvieille dénonce l’impossibilité d’avoir pu envoyer sa profession de foi version papier pour une question de grammage très légèrement dépassé.
D’un extrême à l’autre
Dans la 3e (Gier / Est stéphanois) Rachid Daoud, chef d’entreprise dans les transports, conseiller Prud’hommes et administrateur CPAM, présenté par certains de nos confrères comme tendance divers gauche, entend « en finir avec cette mascarade démocratique ». Agé de 55 ans, il est officiellement candidat sans étiquette revendiquant son indépendance. Dans la 5e (Roannais), Yann Esteveny, est un autre candidat que l’on peut, a priori, placer à l’extrême droite de l’échiquier puisque représentant « Civitas » en 2022 (0,5 % obtenu), mouvement fondamentaliste catholique devenu parti officiellement dissous en France mi 2023. Mais le Sacré cœur reste malgré tout de sortie dans le Roannais si on en croit les réseaux via des affiches et la devise « Dieu, Patrie, Famille »… Enfin, dans la 6e Norbert Trichard est candidat pour le Parti des travailleurs (considéré comme divers extrême gauche) critiquant en priorité RN / Ciottistes et Emmanuel Macron mais aussi la future incapacité du Nouveau Front populaire à agir efficacement en cas de cohabitation avec le Président, jugeant que l’aide financière et militaire à l’Ukraine doit cesser au nom de la paix.
Ces « autres options » récapitulées
1ère circonscription (Saint-Etienne)
- Xavier Kemlin (DVD ? EXTD) avec Anne Perrot en suppléante
- Romain Brossard pour Lutte ouvrière (LO) avec Thierry Araud en suppléant
- François Chord (Alliance Rurale), avec Noël Lassale en suppléant
2e circonscription (Saint-Etienne)
- Martial Mossmann (Alliance centriste) avec Nathalie Pothée en suppléante
- Sophie Dieterich pour Lutte ouvrière (LO) avec Hervé Cayuela en suppléant
- Quentin Fontvieille « pour le Centre » et Gaël Bogdan en suppléant
- Nathalie Douspis (Divers écologistes) avec Jérôme Raoult en suppléant
3e circonscription
- Rachid Daoud, candidat sans étiquette, avec Jean-Louis Valente en suppléant
- Pauline Husseini pour Lutte ouvrière (LO) avec André Moulin en suppléant
4e circonscription
- Nora Ibbari pour Lutte ouvrière (LO) avec Louis Duvivier en suppléant
5e circonscription
- Florence Nayme (Divers écologistes) avec Roger Mir en suppléant
- Edith Roche pour Lutte ouvrière (LO) avec Alain Vivier en suppléant
- Robert Lachaud pour Reconquête avec Fabien Villard en suppléant
- Yann Esteveny, candidat sans étiquette (EXTD), avec Annick Bonnet en suppléant
6e circonscription
- Norbert Trichard (Parti des travailleurs) avec Jacqueline Marucuccilli en suppléante
- Sandra Haury (Divers écologistes) avec Sylvain Rocle en suppléant
- Yves Petiot pour Lutte ouvrière (LO) avec Gaëtan Vaumourin en suppléant
- Yvan Guy-Mercier pour Reconquête avec Renée Barbier en suppléante