Après Claude Liogier, Gaël Perdriau prêt à écarter 8 autres élus de sa majorité ?
A l’issue de cette semaine, Claude Liogier ne sera – peut-être – pas le seul à se voir retirer sa délégation par le maire de Saint-Etienne, comme il lui a été signifié hier. L’adjoint fait partie de ces 9 élus de la majorité de Gaël Perdriau réclamant sa démission ou son retrait de la mairie à la suite des révélations de Mediapart. Au point de constituer un groupe à part – « Saint-Etienne avant tout » – depuis janvier dernier souhaitant marquer sa différence vis-à-vis de l’affaire tout en votant les dossiers du mandat. Parmi eux, Claude Liogier n’est donc plus adjoint en charge de la circulation/mobilité. Or 3 autres adjoints parmi les 8 élus du même groupe (et non les 8 comme dit dans notre publication initiale) dans avaient eux-aussi successivement un rendez-vous – « sans objet » – d’ici la fin de la semaine…
Alors certes, pas besoin d’être près du radiateur, ça chauffe déjà. Cependant, où Claude Liogier va-t-il aller s’assoir ? Reste-t-il un siège, du côté des rangs de l’opposition pour lui faire une place, non loin de là où est assis Lionel Boucher depuis septembre ? Au sein du conseil municipal de Saint-Etienne, l’adjoint UDI en charge des événements avait, lui, fini par être évincé de la majorité Perdriau à laquelle il appartenait. Cela lors d’une séance surréaliste de vidage de sacs généralisé en juin 2023 où il en avait pris pour son grade à plus d’un titre. Cela encore, à force d’interventions systématiques au conseil municipal et à Saint-Etienne Métropole attaquant Gaël Perdriau et les coulisses prêtées à sa gouvernance depuis les révélations de Médiapart sur l’affaire de chantage, lui le lieutenant de Gilles Artigues, devenu, de facto, capitaine de sa propre barque au conseil en plus de l’être déjà pour l’UDI Loire.
Hier, c’est un autre adjoint, le LR Claude Liogier, parallèlement en cours de suspension de son propre parti pour justement être resté un votant favorable aux délibérations de la pleine majorité de Gaël Perdriau, qui s’est vu retirer ses délégations circulation et mobilité. Un communiqué officiel de la part du maire est tombé hier après-midi : « Constatant le manque de confiance réciproque, pourtant nécessaire et indispensable au bon déroulement du plan de mandat municipal, Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, président de Saint-Etienne Métropole, a retiré, ce jour, lundi 17 juin 2024, les délégations d’adjoint chargé de de la circulation et de la mobilité, à monsieur Claude Liogier. » RAS de plus, après notre quête de renseignements pour aller au-delà de cette transmission d’informations on ne peut plus laconique.
« Je paye donc le système Perdriau »
Réponse de Claude Liogier, aussi envoyée à la presse : « Je prends acte de la décision du maire de Saint-Etienne de me retirer ma délégation pour perte de confiance. Je paye mes prises de positions et mon action pour plus transparence dans la politique de la ville et de la métropole ainsi que mon soutien à la 1ère vice-présidente de Saint-Etienne Métropole (Sylvie Fayolle, qui a repris l’intérim de la présidence, Gaël Perdriau étant en retrait total). Je paye donc le système Perdriau. Elu depuis 10 ans au service des Stéphanois et de notre territoire j’ai toujours mis un point d’honneur à accomplir avec abnégation et dévouement les missions qui mettaient confiées. Rien ne justifie une telle décision. Je continuerai d’être actif et disponible pour notre ville et ses habitants. » Contacté avant l’envoi de ce communiqué, il nous avait précisé que continuer à « être actif » ne pourrait plus se faire en cohésion avec la majorité, celle des 35 élus restant 100 % aux côtés de Gaël Perdriau : « Effectivement, il n’y a désormais plus aucune raison pour que je siège avec la majorité. »
Effectivement, il n’y a désormais plus aucune raison pour que je siège avec la majorité.
Claude Liogier
Claude Liogier ajoute : « Je ne comprends pas pourquoi maintenant (la coupure avec Gaël Perdriau est plus que sous-jacente et pas seulement depuis « l’affaire », Ndlr) et je n’ai pas eu de réponse très précise de sa part. C’était très vague. Il a été évoqué ma demande de création à l’assemblée départementale d’une mission d’information sur l’utilisation de la Maison de la Métropole à Paris. J’en ai reparlé le 30 mai, oui mais ce n’était pas la première fois. Rappelons aussi que ma pétition à ce sujet a recueilli 50 signatures dont 11 vice-présidents quand il faut 21 signatures pour une suite… » En froid, si ce n’est en glace, avec Gaël Perdriau depuis plusieurs années selon nos informations (des sources tierces expliquent qu’il aurait perdu sa délégation à la sécurité entre les deux mandats pour des prises de position au sein des LR opposées alors à celle de son maire), Claude Liogier était tout de même très loin de la teneur des prises de paroles publiques systématiques – en assemblées, communiqués, sur les réseaux… – d’un Lionel Boucher. Et celles-ci avaient tout de même, mis dix mois à le faire mettre dehors…
« J’ignore ce qu’il va être dit à chacun »
Surtout, Claude Liogier n’est pas le seul à être convoqué à une entrevue avec le maire… Les 3 autres adjoints membres restant du groupe de 9 élus « dissidents » de la majorité auquel il appartient (Saint-Etienne avant tout issu d’une demande commune de démission ou retrait adressée à Gaël Perdriau), le sont aussi. Chacun à leur tour d’ici la fin de cette semaine. « Nous ne sommes vus hier, oui, à la suite de l’éviction de Claude pour en parler tous ensemble et mettre plusieurs hypothèses sur la table en fonction des échanges que nous aurons avec le maire. Comprenez que nous les gardons pour nous à ce stade, explique Nicole Peycelon, adjointe à la tranquillité publique, LR en suspension aussi et une des membres les plus en vue de ce groupe. Ces rendez-vous avaient été fixés la semaine dernière sans que cela nous mette, jusqu’à il y a peu, la puce à l’oreille. Ils étaient marqués « sans objet ». Mais dans la vie de cette mairie, c’est quelque chose qui arrive parfois avec Gaël Perdriau et, à chaque fois, il s’agit de parler de dossiers de nos délégations, point. Alors, on ne s’est pas dit : « ça y est, c’est pour nous écarter ». Là, j’ignore ce qu’il va être dit à chacun. En attendant, nous ne commenterons pas plus ce sujet. »
Plusieurs hypothèses sont sur la table en fonction des échanges que nous aurons avec le maire. Comprenez que nous les gardons pour nous à ce stade.
Nicole Peycelon, adjointe municipale (groupe Saint-Etienne avant tout)
Pour rappel, en plus de Claude Liogier et Nicole Peycelon, le groupe dissident de la majorité compte actuellement dans ses rangs Patrick Michaud, adjoint à la santé, Robert Karulak, adjoint en charge de l’éducation, Paul Corrieras, adjoint en charge de la démocratie locale et de la vie associative. Ainsi que les conseillers municipaux délégués Jacques Phrommala, Jean Jamet, Alain Schneider et, enfin, Marie-Eve Goutelle. Elu UDI, proche de Gilles Artigues comme Lionel Boucher, Denis Chambe, adjoint décédé le mois dernier, en était aussi. Jacques Guarinos était, au départ, associé. Mais il avait finalement décidé de démissionner du conseil municipal stéphanois, en raison de l’affaire, avant la constitution officielle du groupe en janvier. Si bien que plusieurs colistiers de 2020, en position non éligibles ou presque à l’époque, ont récemment fait leur entrée dans l’assemblée : Colette Ducros et Annick Liotier (aussi pour remplacer Delphine Jusselme qui a démissionné, là pour raisons personnelles).
Gaël Perdriau a des soutiens encore majoritaires
Il reste derrière elles trois noms pouvant encore les imiter : Jean-Philippe Terme, Maryse Durafour et le « M. Livre » de Saint-Etienne, Jacques Plaine. Tous sont assez âgés et selon certaines sources, pas forcément des plus motivés. Il faudra en tout cas que l’un d’eux accepte de rentrer au conseil municipal dont la prochaine séance a lieu ce lundi 24 juin. Ce qu’avait par exemple refusé de faire Omar Ben Abderahmen en position plus haute que les deux nouvelles conseillères sur la liste de 2020. En déduisant de l’ensemble de l’assemblée, les neuf élus dissidents de sa majorité, les 12 élus de « l’opposition originelle » (celles des trois groupes de gauche) ainsi que le LR Antoine Poméon, les UDI Lionel Boucher et bien sûr Gilles Artigues, il resterait alors encore 35 élus (ou 34 sans successuer favorable à Denis Chambe) sur les 59 que compte le conseil municipal de Saint-Etienne toujours fermement aux côtés de Gaël Perdriau.
Ce dernier a donc encore de la marge pour ne pas risquer de perdre sa majorité à l’assemblée municipale s’il décidait de mettre un grand coup de balai dans une partie de ce qui est – plus ou moins donc – son propre camp. Mais pourquoi le faire, là, maintenant ? Dans quel but exactement ? Où donc aurait-il puisé l’inspiration d’un tel chamboulement, brusque, inattendu ? Cela dans un contexte national dont les répercussions locales occupent toute la scène. La séance du 24 juin promet déjà. Les Municipales 2026 aussi…