Covid-19 : une situation « préoccupante » mais « pas alarmante »
Si la situation liée à la reprise de l’expansion du coronavirus dans le département ligérien est « préoccupante », avec notamment la réactivation du plan blanc dans les établissements de santé ligériens, les médecins et la direction du CHU de Saint-Étienne insistent sur le fait qu’une personne ayant besoin de soins ne doit pas attendre pour venir se faire soigner à l’hôpital.
Alors que la métropole stéphanoise vient de passée en zone d’alerte renforcée suite à la déclaration ministérielle d’Olivier Véran, ministre de la Santé, mercredi 23 septembre, la direction du CHU de Saint-Étienne a tenu un point presse ce jeudi. Plusieurs sujets ont été abordés. Tout d’abord, l’inévitable Covid-19 avec une évolution qui inquiète. « Il y a une forte augmentation des hospitalisations liées au Covid depuis ces deux dernières semaines, explique Pascale Mocaër, directrice générale par intérim du CHU Nord de Saint-Étienne. Nous avons aujourd’hui 93 patients qui sont actuellement hospitalisés dans l’ensemble des établissements publics et privés de la Loire pour des cas liés à la Covid. Parmi ces cas, 21 sont en réanimation dont 8 sont au CHU de Saint-Étienne [âgés de 39 à 75 ans, NDLR], alors qu’on en dénombrait 9 il y a une semaine. C’est une situation qui n’est pas alarmante mais clairement préoccupante et qui doit être sous surveillance. » Autre indicateur de la reprise de l’épidémie dans la Loire, le nombre d’appels à destination du SAMU liés à la Covid sont en nette augmentation, étant passé d’environ 5% du nombre total d’appels pendant l’été à 15 à 20% aujourd’hui.
C’est une situation qui n’est pas alarmante mais clairement préoccupante et qui doit être sous surveillance.
Pascale Mocaër, directrice générale par intérim du CHU Nord de Saint-Étienne
Une augmentation du nombre de lits pour les patients Covid
Depuis le 22 septembre, l’ensemble des établissements de santé ligériens ont réactivé leur plan blanc, permettant notamment d’organiser l’accueil et la prise en charge en cas d’afflux de patients liés à la Covid-19. « Au CHU, nous avons actuellement 50 lits en médecine et en gériatrie dédiés à l’accueil de patients liés à la Covid et 10 lits en réanimation, détaille Pascale Mocaër. L’objectif est de passer à 20 lits en réanimation dans les prochains jours. Nous avons également des filières spécifiques à la Covid dans d’autres spécialités telles qu’en pédiatrie, en gynécologie obstétrique ou en psychiatrie. Nous avons aussi des équipes soignantes dédiées qui ont été formées à l’accueil de patients atteints du coronavirus. » Mais l’équipe médicale a également souhaité mettre en garde sur le fait que la remise en route du plan blanc ne règlera pas tout. « Le plan blanc ne va pas faire diminuer le nombre de patients, explique le Professeur Jérôme Morel, chef de service réanimation B. Sans le respect des gestes barrières, nous allons nous faire déborder. » Une dernière idée pour laquelle abonde également le Professeur Berthelot, médecin hygiéniste et chef du service infectiologie : « il faut être clair, les mesures d’hygiène fonctionnent contre la propagation du virus. Se laver les mains régulièrement, porter le masque, maintenir une distanciation… l’ensemble des gestes barrières sont efficaces. »
Un discours anxiogène qui ne doit pas empêcher les patients de venir se faire soigner
Autre point important soulever par l’équipe médicale lors de ce point presse, la nécessité pour les patients non atteints de la Covid-19 mais nécessitant de soins pour d’autres pathologies, de venir se faire soigner, sans attendre et sans crainte. « Nous savons que nous tenons un discours extrêmement anxiogène vis-à-vis de la population, un discours relayé en permanence par les médias, mais nous voudrions dire aux personnes malades et qui ont besoin de soins, qu’elles doivent venir au CHU ou dans leur établissement de santé, rappelle le Professeur Bruno Pozzetto, chef du service du laboratoire des agents infectieux et d’hygiène. Il ne faut pas attendre. Les mesures d’hygiène sont parfaitement respectées à l’hôpital. Les contaminations ici sont anecdotiques en rapport aux risques lorsque l’on a un infarctus, une insuffisance rénale ou un diabète à soigner… »
L’objectif est d’essayer de ne pas avoir de déprogrammation comme nous en avons connues au début de l’année.
Pr. Bruno Pozzetto, chef du service du laboratoire des agents infectieux et d’hygiène
D’autre part, si le plan blanc a été réactivé, signifiant la possibilité pour les établissements de santé de déprogrammer des opérations ou interventions jugées non urgentes, l’objectif affiché n’est clairement pas de reproduire ce type de situation connu lors de la première vague de mars/avril. « Nous allons devoir prioriser les pathologies, explique le professeur Bruno Pozzetto. Mais nous allons prendre en charge les patients Covid tout en assurant un accueil des autres. L’objectif est d’essayer de ne pas avoir de déprogrammation comme nous en avons connues au début de l’année. »
Le CHU annonce également avoir des difficultés à recruter pour renforcer ses équipes de soins et a lancé des appels à candidatures via ses réseaux sociaux :