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vendredi 29 mars 2024
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Covid « long » : de quoi parle-t-on ?

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La majorité LREM dépose ce mercredi à l’Assemblée nationale une proposition de résolution pour la reconnaissance du Covid long. Très insuffisant pour le député stéphanois Génération.s Régis Juanico, derrière une proposition de loi ce même mercredi portant, elle, un fonds d’indemnisation. Mais au fait, qu’est-ce qui définit un Covid long ?

Le CHU de Saint-Etienne © NB / IF Saint-Etienne

Le CHU de Saint-Étienne en saura sans doute plus d’ici six mois. Ce n’est qu’à partir de la semaine prochaine que son service réanimation G médecine intensive commencera à réaliser des points systématiques avec ses patients du Covid ayant séjourné dans ses murs. Ils sont environ 300 depuis le début de l’épidémie. Mais les premiers retours étudiés ne concerneront que ceux de la première vague. Celle du printemps, soit une soixantaine de cas.   

Objectif : distinguer des séquelles « classiques » liées à cette lourde prise en charge (assistance respiratoire, intubation, sédation), de celles qui pourraient être exclusives ou alourdies par le coronavirus. Car « dans les études publiées avant Covid, autour de 50 % des personnes placées en réanimation plusieurs semaines n’ont toujours pas complètement récupéré au bout d’un an », explique Guillaume Thiéry, responsable de service de réanimation médecine intensive au CHU de Saint-Étienne.

Non seulement vous pouvez avoir été cloué dans un lit des semaines durant mais, en plus, des médicaments administrés bloquent totalement l’activité musculaire. 

Guillaume Thiéry, responsable de service de réanimation médecine intensive au CHU de Saint-Étienne

Sans même évoquer les graves affections psychologiques, on constate que « même si les fonctions respiratoires reviennent à la normale, des pertes musculaires considérables par exemple, persistent fréquemment. Rappelons que non seulement vous pouvez avoir été cloué dans un lit des semaines durant, mais qu’en plus, des médicaments administrés bloquent totalement l’activité musculaire. »

L’évaluation scientifique pour savoir ce qu’il en est exactement se poursuit

Et s’il n’y a pas encore d’entité médicale qui définit le Covid long, « oui, on constate une lenteur de la récupération et une prolongation de symptômes pour des patients du Covid ayant été ou non en réanimation, note Guillaume Thiéry. Des patients guéris, ayant connu des formes plus ou moins graves, avec ou sans hospitalisation, continuent à subir, par exemple des fatigues profondes ou une positivité prolongée. Ce que l’on ne voit pas avec la grippe. Il y a probablement un lien avec un système préalablement immunodéprimé. Il y aurait donc plusieurs cas de figures. L’évaluation scientifique pour savoir ce qu’il en est exactement se poursuit. »

« Quand on sort de l’hôpital, ce n’est pas la fin mais le début », témoignait sur sa convalescence le Stéphanois Xavier Riondel dans un reportage de nos confrères de TL7 mi-janvier. L’homme est passé à deux doigts de la réanimation et souffre encore de lourdes fatigues chroniques. Il essaie, petit à petit, de retrouver des fonctions respiratoires normales. Une association #AprèsJ20, basée à Lucé (Eure-et-Loir), s’est, elle, spécifiquement créée pour porter la voix de milliers et milliers de patients souffrant de ce Covid long. Selon elle, il se définit comme « une affection faisant référence aux symptômes prolongés, fluctuants et multi-systémiques (respiratoires, cardiaques, neurologiques, vasculaires, dermatologiques, ORL, digestifs…) qui se développent pendant une infection et qui apparaissent ou persistent après 3 semaines. »

Des parlementaires ligériens s’opposent sur le fond du sujet

Ce mercredi, à l’Assemblée nationale, deux députés LREM dont le Forézien Julien Borowczyk ont déposé une proposition de résolution pour la reconnaissance du Covid long. Objectif : une méthode pour reconnaître les cas et une prise en charge à travers « un parcours identifié ».  Et donc derrière, « les aider à résoudre les soucis professionnels de ces malades, pour beaucoup en arrêt maladie ». Le gouvernement avait publié le 14 septembre un décret permettant à certains personnels soignants atteints dans leur cadre de travail par « une forme grave du Covid-19 ayant nécessité un apport d’oxygène ou ayant entraîné le décès » d’être reconnus au titre des maladies professionnelles.

Entre  5  et  10  %  des  patients  – soit  plusieurs  centaines  de  milliers  de  malades  dans  notre  seul  pays – ne seraient pas tout à fait guéris six mois après leur infection.

Le député ligérien Régis Juanico, citant les travaux du King’s College de Londres

L’ensemble est loin d’être satisfaisant par le député stéphanois Génération.S Régis Juanico : « Ni pour les soignants pour qui la reconnaissance en maladie professionnelle de la Covid-19 n’est, malgré les promesses, ni systématique, ni automatique. Ni pour les autres travailleurs pour qui cette procédure constitue un parcours du combattant. Ni enfin, pour l’ensemble des autres victimes, dont les préjudices dépassent le champ de la maladie professionnelle. » 

Aux côtés du député du Nord, Christian Hutin, il est co-auteur ce même mercredi d’une proposition de loi portant un fonds d’indemnisation des victimes du Covid. Dans sa présentation, le parlementaire ligérien cite les travaux du King’s  College (Londres), selon lesquels « entre  5  et  10  %  des  patients  – soit  plusieurs  centaines  de  milliers  de  malades  dans  notre  seul  pays – ne seraient pas tout à fait guéris six mois après leur infection. » Le fonds d’indemnisation qu’il propose s’inspire directement de celui des victimes de l’amiante (FIVA) créé en 2000. Il s’agit donc, à travers cette indemnisation exceptionnelle, de reconnaître les responsabilités de l’État dans la crise sanitaire actuelle…

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