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samedi 18 janvier 2025
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« D’ici Noël, tous les Véliverts seront équipés de systèmes anti-tandem »

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C’est ce que nous indique ce vendredi Luc François, vice-président de Saint-Etienne Métropole en charge des transports au lendemain d’un bilan sur les Véliverts dressé devant le bureau des maires. La possibilité de caler ses pieds à l’arrière pour rouler à deux sur les vélos électriques avec un « passager » debout à l’arrière, est un des dysfonctionnements – mais pas le moindre – expliquant l’embouteillage ayant atteint des sommets cet été au sein d’un service maintenance sous dimensionné. Le nombre de vélos en fonction est depuis remonté et doit atteindre les 800 sur 1 050 fin mars selon les plans. Mais l’élu insiste : l’utilisation du nouveau service est « succès total », dans une proportion et une rapidité inattendues. Et cela a aussi joué.

Lors de l’inauguration du nouveau service Vélivert le 31 mai 2023, ici à Saint-Chamond avec Luc François, v.-p. aux transports de la Métropole et Hervé Reynaud. ©Saint-Etienne Métropole

Les cafouillages au démarrage, les problématiques techniques, le manque de vélos disponibles en stations ou encore de personnel suffisant et, donc, au milieu de tout, ces dégâts en très grande partie attribués à leur utilisation illicite « en tandem sauvage » : tout cela, le vice-président de Saint-Etienne Métropole en charge des transports, Luc François, ne le nie pas. A propos des Véliverts, « chacun de nous constate, chaque jour concernant ces équipements les incivilités et souvent le mauvais usage, qui est dû entre autres, à un défaut de conception qui permet à un deuxième usager de monter debout sur les cale-pieds. Cette pratique est non seulement très dangereuse mais a aussi pour effet de fragiliser et détériorer les Véliverts. Nous vous avions déjà interpellé à ce sujet en juin 2023 quelques semaines après le lancement. Vous nous aviez rassurer en répondant que tout devait rentrer dans l’ordre à court terme (…). Nous souhaiterions connaître  les mesures correctives qui ont ou qui seront mises en place. »

L’interpellation de l’exécutif métropolitain au sujet des Véliverts date du 5 décembre dernier. Elle est de François Boyer, élu stéphanois PS d’opposition nouveau venu au sein l’assemblée de Saint-Etienne Métropole. Une intervention relative au vote d’une décision modificative du budget accordant 290 000 € supplémentaires au budget annexe des transports et de la mobilité. Ajout destiné au service des Véliverts. Luc François, absent lors de cette assemblée, la 1ère vice-présidente Sylvie Fayolle, à la tête de l’intercommunalité par intérim effectuait une réponse rapide : « Nous travaillons à la réparation des vélos. La société prestataire est en train d’adapter des dispositifs pour empêcher de monter à deux ou trois usagers sur les vélos. » Cet été, Le Progrès avaient pointé que sur une flotte de 1 050 vélos électriques, au moment de la publication de son article, moins de … 150 étaient alors disponibles sur l’application sainte.app, 800, environ, étant en maintenance alors que des représentants syndicaux se disaient débordés et sous dotés matériellement comme humainement.

Les chiffres de fréquentation 50 % supérieurs aux prévisions

Au lendemain d’un point bilan effectué sur le nouveau service des vélos électriques lancé il y a 18 mois devant le bureau des maires de la Métropole par Luc François, ce dernier nous a détaillé sa version sur ce qui s’est passé, se passe actuellement et va se passer autour des Véliverts. « Je ne conteste pas qu’au cœur de l’été pendant une grosse semaine, la disponibilité des Veliverts était tombée aussi bas et que nous avions alors énormément de vélos en maintenance. » Mais c’est d’abord un bilan d’utilisation que l’élu souhaite donner en préalable, arguant que le succès enregistré a été d’une telle ampleur qu’il pris de court la Métropole, sur les moyens engagés notamment, le tout doublé d’imprévus techniques. « Les chiffres témoignent d’un succès total : 18 mois après le lancement, ils sont 50 % supérieurs à nos prévisions. Je vous parle de ce très bon bilan, aussi, parce que cela est en grande partie au centre de la situation. » L’arrivée des vélos électriques depuis juin 2023, selon les chiffres transmis par l’élu a donné lieu à ce jour à un million de trajets, 3 millions de kilomètres parcourus pour une estimation de 200 t de CO2 évitées.

Le recours aux Véliverts a été globalement beaucoup plus fort et rapide que prévu. Et effectivement, il y a aussi eu des problématiques techniques.

Luc François

« Nous comptons plus de 1 000 utilisateurs par jour, certes davantage – en tenant compte de la proportion d’équipements – sur Saint-Etienne que dans les 20 autres communes équipées (54 des 105 stations, 99 ouvertes ce 13 décembre selon l’appli sainte.app, Ndlr) pour 25 km parcourus par chaque vélo en service. Un trajet moyen dure 14 min pour 3 km. Rappelons qu’il s’agissait d’un nouveau service innovant (les précédents Véliverts non électriques étaient tombés à moins de 200 exemplaires, Ndlr) avec des éléments se mettant progressivement en place et, fatalement, des enseignements et des corrections à apporter. Mais le recours aux Véliverts a été globalement beaucoup plus fort et rapide que prévu. Et effectivement, il y a aussi eu des problématiques techniques au départ : défaillances électroniques ou encore un certain nombre de stations qui ont carrément été non connectées dans les temps exigés à notre prestataire la société Fifteen et donc le sien, Enedis, obligeant nos équipes à y remplacer les batteries. Il y a, enfin, cette possibilité de se tenir debout en plaçant ses pieds non sur des « cale-pieds » mais les électroaimants servant à accrocher les vélos. »   

Le nombre d’agents augmenté

Conséquence : les vélos sont massivement endommagés – leur roues notamment voilées – par le poids de cet exercice de tandem sauvage aussi dangereux qu’interdit. « Vous savez, Fifteen a équipé les intercommunalités de Marseille et d’Auxerre en même temps que nous sur le même type de vélos électriques. Ils ont le même problème que Saint-Etienne là-bas ». Reste que pour faire face, le service Vélivert déployé par la Métropole était humainement et matériellement insuffisamment dimensionné, avec une demi-douzaine d’agents affectés. « Nous avions prévu de le faire monter en puissance au fur et à mesure d’une utilisation montante mais ne nous attendions pas à une telle ampleur, si rapidement. Nous sommes garants de l’usage de l’argent public : si nous avions d’emblée engagé plus de monde avant d’obtenir de tels résultats – que nous ne soupçonnions pas, encore une fois – on nous l’aurait reproché. Nous embauchons donc pour atteindre une quinzaine de personnes environ dont des fonctionnaires réaffectés ou embauchés. Il a fallu, aussi, former des mécaniciens au métier d’électromécanicien. Tout cela prend du temps mais cela fait longtemps que l’on est plus dans la situation du milieu de l’été. »    

Plus de techniciens donc, mais aussi d’agents d’accueil pour recevoir dans l’agence dédié au service implantée à Châteaucreux et répondre aux mails ou aux appels téléphoniques (« 17 000 » depuis le lancement). Hors ressources humaines, le budget fonctionnement des Véliverts est passé des 205 000 € de 2023 (mais sur 7 mois puisque lancés en juin) à 700 000 € environ en 2024. En 2024, en outre, un investissement de 234 000 € a été effectué pour acquérir des outillages (en particulier pour permettre d’élever en hauteur des vélos beaucoup plus lourds que les précédents sans batterie) et un second véhicule destiné aux opérations de tournée de récupération de vélos / maintenance. Le contrat cadre avec Fifteen, sur 8 ans s’élève à 4 M€, dont 3,075 déjà utilisés pour le lancement : acquisition des 1 050 vélos, mise en place progressive (en septembre 2023, il n’y avait encore que 400 à 500 Véliverts disponibles) du système et des vélos. Le presque million restant pour les 7 ans à venir devant servir à l’achat de vélos neufs et de nouvelles stations si besoin.     

« 420 vélos en service actuellement »

Autre paramètre expliquant des « couacs », et donc cet embouteillage très conséquent à la maintenance, selon Luc François, un défaut de livraisons de pièces de rechanges de la part du prestataire en avril 2024. « Ça a encore compliqué la donne. Mais il y a toujours eu 300 vélos en service en permanence sauf oui, au milieu de cet été, où l’on est tombé encore plus bas : trois jours de suite, 100 vélos sont arrivés en maintenance alors qu’une partie du personnel était, logiquement, en congé. » Où en est-on à la veille de l’hiver selon l’élu ? « Hier, j’étais en mesure de dire aux maires de la Métropole que 420 vélos étaient en service sur notre flotte de 1 050 (à ne pas confondre avec la disponibilité à l’instant T dans les stations : environ 330 ce vendredi 13 Ndlr). Nous visons les 600 pour fin janvier et les 800 fin mars. Les arrivées en maintenance dans notre atelier de réparation ont déjà fortement diminué puisque, actuellement, tombées à un rythme de 20 à 30 par jour contre 100 à 120 au plus fort de la problématique. Il faut dire que, d’ici Noël, tous les Véliverts seront équipés de systèmes anti-tandem et que nous en sommes à 90 % actuellement. On le voit, ce n’est pas sans effets. »

Les arrivées en maintenance ont déjà fortement diminué : elles sont tombées à un rythme de 20 à 30 par jour actuellement contre 100 à 120 au plus fort de la problématique.

Luc François

Afin de remettre le service dans le bon chemin, rattraper le retard sur les réparations, il a été fait appel à une externalisation qui doit rester exceptionnelle et à laquelle ont été confiés 576 vélos. « C’est à cela que servent en grande partie – pour 198 000 € – les 290 000 € votés en décision modificative le 5 décembre, explique Luc François. Le reste porte sur d’autres éléments d’amélioration dont la mise en place d’un système empêchant de caler ses pieds donc coûtant précisément 16,91 € par vélo. » Vis-à-vis du prestataire toutefois, Saint-Etienne Métropole ne veut pas en rester là. Une négociation à l’amiable est en cours pour diminuer les surcoûts occasionnés par ces dysfonctionnements au lancement (bugs électroniques, stations livrées non connectées, pièces détachées non livrées, etc.).

Sollicitée cet après-midi, la société Fifteen confirme les informations données par Luc François et la mise en place de systèmes anti-tandem. « Cette pratique dangereuse – et elle le sera encore beaucoup plus si on persiste avec les ajustements – est au cœur du problème et a entraîné un cercle vicieux : moins de vélos disponibles, plus de tandems illicites, etc. Nous allons lancer une campagne de communication à ce sujet. Effectivement, la politique de prix très abordable de la Métropole a rendu le service victime de son succès. Ce modèle de vélos électriques, nous l’avions déjà lancé dans d’autres agglomérations, comme à Epinal. Et cette utilisation avait été constaté de manière très marginale, mais pas massive comme à Saint-Etienne ou Marseille. »

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