Il n’y aura pas d’élections municipales anticipées à Saint-Etienne
En renonçant à leurs délégations respectives en juin pour rejoindre l’opposition, le groupe Saint-Étienne Avant Tout, 9 élus issus de la majorité Perdriau au conseil municipal, avait lancé une séquence suspense dont on attendait le dénouement d’ici le début de l’automne. S’ils s’entendaient avec la gauche (et quelques autres néo opposants de droite) pour une démission – en bloc – de toute l’opposition, l’assemblée pouvait tomber et derrière, des élections anticipées lancées avant la fin 2024. Ce ne sera pas le cas, a annoncé ce matin le groupe présidé par Nicole Peycelon.
C’est non. « Notre réponse unanime est NON. Nous souhaitons vous expliquer pourquoi », annonce ce matin le groupe Saint-Etienne Avant tout. Depuis le départ pour l’opposition des « 9 » en juin dernier, le conseil municipal de Saint-Etienne, en cas de démission massive des opposants, pouvait potentiellement sauter. Il faut, en effet, un tiers vacant des 59 sièges du conseil pour provoquer des élections municipales anticipées d’ici le 31 décembre. Après quoi, à même pas 15 mois des Municipales déjà inscrites au calendrier (en l’occurrence, celle de mars 2026), la loi exige 50 %… Or, entre limogeage et démissions plus ou moins liées à l’affaire de chantage à la vidéo intime et autres départs pour « raisons personnelles », Gaël Perdriau a désormais épuisé sa « réserve » d’élus remplaçants issus de sa liste électorale de 2020.
Depuis septembre 2022, une dizaine d’élus de sa propre majorité réclamait à minima le retrait du maire le temps que Justice passe tout en continuant à voter les délibérations conformes au plan de mandat pour lequel ils ont été élus. Un groupe qui avait fini par prendre son autonomie, en se baptisant « Saint-Etienne Avant tout ». Jacques Guarinos ayant démissionné, il est composé à ce jour, des ex adjoints Nicole Peycelon, Claude Liogier, Robert Karulak, Paul Corrieras, Patrick Michaud et des ex-conseillers délégués Jacques Phromala, Alain Schneider, Jean Jamet, Marie-Eve Goutelle. Si la délégation de Claude Liogier avait été retirée pour « défaut de fidélité » (déjà glaciales, ses relations avec le maire ont atteint un point de non retour via Métropole) le 17 juin, les 8 autres avaient estomaqué Saint-Etienne une semaine plus tard, lors d’une énième séance municipale surréaliste, annonçant à la surprise générale, quitter complètement les rangs de la majorité. Explications détaillées avaient été données deux jours après lors d’une conférence de presse. Durant celle-ci, l’hypothèse de la démission aux côtés de la gauche avait été évidemment évoquée.
« Le risque de livrer notre Ville aux extrêmes »
Nicole Peycelon avait donc répondu à ce sujet : « Ce n’est pas une hypothèse d’actualité : comprenez que ce n’est vraiment, vraiment pas le moment d’ajouter de l’instabilité au regard du contexte national (celle des Législatives anticipées, Ndlr). On verra plus tard, en septembre, en tout cas après les législatives… Mais là, notre récente décision n’est pas de nature politicienne. » L’idée et sa pertinence allaient être sérieusement discutées entre eux mais aussi avec la gauche à la rentrée. C’est apparemment fait. Au moins en interne. Dans un communiqué publié ce matin, Saint-Etienne Avant tout a donc annoncé que l’option n’est pas retenue. Le groupe argue que ses « décisions ont toujours été dictées par des considérations éthiques et notre engagement politique repose sur des valeurs républicaines respectueuses de nos institutions ».
Il ne nous paraît pas opportun d’ouvrir à Saint-Étienne une crise supplémentaire
Il ajoute : « A ce jour, le contexte national étant à l’incertitude, il ne nous paraît pas opportun d’ouvrir à Saint-Étienne une crise supplémentaire. De plus, le résultat des dernières élections fait qu’il n’est pas question de prendre le risque de livrer notre Ville aux extrêmes, qu’elles soient de gauche ou de droite. En effet provoquer une nouvelle élection pourrait avoir une telle conséquence, donc nous ne démissionnerons pas pour l’instant. Notre Ville n’a pas besoin de cela. Aussi nous devons préparer l’avenir sereinement et sans précipitation, en espérant que 2025 verra la justice avancer. Dans cet objectif, nous souhaitons travailler avec toutes celles et tous ceux qui partagent nos valeurs républicaines et notre éthique, pour qu’en 2026, lors des prochaines élections municipales, il y ait un sursaut, et que les Stéphanois retrouvent leur fierté. Fidèles à nos valeurs, nous assumons notre choix et ferons toujours preuve de responsabilité avec comme première préoccupation l’intérêt des Stéphanois. »
Quelles étaient les intentions à gauche ?
Il n’est pas certain que la décision des opposants de droite incommode à 100 % ceux de gauche. Du moins, unanimement, c’est-à-dire chacun de ses 12 élus socialistes, écologistes et communistes répartis en trois groupes distincts. Selon nos informations, la tentation de démissionner et de provoquer des élections était contrebalancée par les risques de désunion éventuelle et donc de « redonner » potentiellement le pouvoir à Gaël Perdriau, voire faciliter, au passage, le terrain à un extrême récemment en vogue qui, lui, n’est pas de gauche. Sans oublier le fait qu’il y avait peut être plus à perdre que gagner : obtenir le pouvoir pour un an et quelques mois (les Municipales « normales » de 2026 auraient lieu dans la foulée) dans un contexte budgétaire moins confortable qu’auparavant, sans parler d’être alarmant, privé du temps nécessaire pour appliquer une politique radicalement différente, exposait aux coups. Tout comme… ne pas démissionner ? Certes, mais là Saint-Etienne Avant Tout vient d’offrir le bouclier. Mise à jour lundi 16, 10 h42 : lors d’un échange avec Isabelle Dumestre, présidente du groupe Saint-Etienne Demain (PS), cette dernière indique que ce débat était tranché et que les 59 lettres de démission étaient sur la table depuis le 5 septembre. Nous développerons cette information et d’autres réactions dans la journée.