La FDSEA veut « que le REV de Caron tourne plutôt au cauchemar »
Les 2es universités d’été de REV (Rassemblement des écologistes pour le vivant) se déroulent ce week-end à Ouches, près de Roanne. Les positions radicales antispécistes et le programme des table-rondes du parti d’Aymeric Caron, son président-fondateur, député de Paris, ulcèrent les agriculteurs de la FDSEA et la Fédération des chasseurs de la Loire. Les premiers interprètent la venue en terre de charolaises, comme une « provocation » choisie. Et les deux annoncent des actions de perturbation. Contacté par If Saint-Etienne, REV dément toute provocation, arguant simplement se rendre là d’où vient la majorité des adhérents / sympathisants : « la ruralité »…
Tenues fluo et trompes de chasse seront de sortie ce week-end à Ouches. La saison ne doit pourtant commencer que le 8 septembre dans le département. Mais mardi, la Fédération des chasseurs de la Loire, via un message personnalisé de son président Gérard Aubret, a lancé un appel à la mobilisation pour ce samedi 24 août, second jour des 2es universités d’été du parti REV (Rassemblement des écologistes pour le vivant) « l’UniREVcité » plus exactement. Rendez-vous est donné en début d’après-midi au Domaine de la Source d’Ouches, à quelques kilomètres à l’ouest de Roanne, choisi par le parti antispéciste pour accueillir quelques centaines de personnes, tout au plus.
« Aymeric Carron, antispéciste, écologiste, élu député à Paris et président du parti REV (Rassemblement des écologistes pour le Vivant) organise ses universités d’été à Ouches. A cette occasion, sera également présent Pierre Rigaux, journaliste et militant contre la chasse qui animera une table ronde « Abolir la chasse ? ». Ce sont ces mouvements qui régulièrement portent des discours extrêmes d’interdiction de la chasse mais également de la pêche, la fermeture des élevages pour la viande… C’est le moment de leur rappeler que la chasse est un art de vivre que nous comptons défendre », clame Gérard Aubret dans son appel. Ce jeudi matin, la Fédération a doublé l’appel d’un communiqué de presse pour étayer sa position. Elle y dénonce « un programme extrémiste », listant les interdictions proposées selon elle par REV. Ajoutant « la limitation de la démographie humaine », « l’instauration d’une alimentation végane obligatoire (ce qui signifierait l’interdiction de l’élevage tout court, Ndlr) ».
« Danger pour la démocratie »
Des éléments tirés, disent les chasseurs, du site web de REV signataire d’un « traité international végétalien ». Pour se faire une idée précise sur ce que propose le parti allié à LFI (Aymeric Caron fait partie de son groupe à l’Assemblée), formation à ses yeux la plus proche de ses convictions, voici le programme exact affiché, thème par thème sur son site. Au regard « du programme de ces universités », il y a aussi une remise en cause de la domesticité des animaux dans son ensemble, s’insurgent les chasseurs arguant être les premiers sur le front du respect de la biodiversité et vilipendant REV et son « monde d’interdiction », « dogmatique », « danger pour la démocratie ». Cette ire est doublée d’une autre, celle des agriculteurs. Du moins ceux du syndicat très majoritaire qu’est la FDSEA, celui des Jeunes agriculteurs, comme d’habitude, à ses côtés. Les deux doivent détailler à la presse demain après-midi, à quelques centaines de mètres de l’université, son point de vue, voire son propre plan d’actions « dans le respect des biens et des personnes », a précisé à nos confrères du Pays François Garrivier, secrétaire général et président de la section bovine à la FDSEA Loire.
Perturbations de la part d’éleveurs oui mais avec, aussi, « les chasseurs, les bouchers ; (…) bien au-delà de ces professionnels, c’est bien l’ensemble de la ruralité qui fera entendre sa voix, afin que le « REV » de Caron, tourne plutôt au cauchemar pour lui et ses sympathisants », annonçait en début de semaine les deux syndicats agricoles dans leur invitation. « Le Roannais est une terre d’élevage et notamment d’élevage charolais. (…) Au-delà de l’importance de l’élevage, c’est bien toute une filière, avec de très nombreux acteurs économiques qui sont présents en terre roannaise. Abattoirs, transformateurs, bouchers, restaurateurs, centres de formation, c’est une économie très importante dans ce bassin de vie de notre belle région. Cette importance de l’élevage, ses bienfaits pour l’environnement, son poids économique, ses traditions, son patrimoine culturel et gastronomique, ce sont ces valeurs que nous tenons à vous rappeler. »
« Absolument pas une provocation »
François Garrivier, contacté par If ce jeudi, estime que le choix d’organiser ces universités dans le Roannais, dans une zone d’élevage de charolaises, n’est sûrement pas un hasard mais au contraire, une véritable « provocation » calculée. Et « pour bien comprendre notre colère et notre volonté de ne pas rester sans voix sur cette venue, il faut mesurer les propos extrêmes, méprisants et insultants vis-à-vis de la ruralité, du monde de l’agriculture tenus par ce parti et Aymeric Caron. Nous parlons de gens qui considèrent nos élevages comme des « camps de concentration », les chasseurs comme de « violents assassins » ou, traitent encore, les agriculteurs de la FDSEA « d’écoterroristes ».» Allusion à l’ultime table-rondes du week-end « Ecoterrorisme : faut-il dissoudre la FNSEA ? » souhaitant démontrer que le principal syndicat agricole entretient un modèle destructeur pour la nature et l’Homme. Ce qui, évidemment n’est pas vraiment du goût du syndicat.
Nous avons proposé à des représentants de la FNSEA de venir débattre à cette table-ronde pour défendre leur position mais n’avons reçu aucune réponse
« Nous avons proposé à des représentants de la FNSEA de venir débattre à cette table-ronde pour défendre leur position mais n’avons reçu aucune réponse (François Garrivier nous rétorque de son côté n’avoir connaissance d’aucune sollicitation, Ndlr), précise à ce sujet REV joint par téléphone mercredi. Nous assumons des prises de positions radicales oui, antispécistes oui. Mais le changement de modèle que nous voulons, nous ne souhaitons pas l’appliquer du jour au lendemain, brusquement, mais par un étroit accompagnement des gens, des économies locales que cela impacte. Nous ne sommes pas des inconscients, déconnectés. » Quant au choix du Roannais, « ce n’est absolument pas une provocation. Comme l’an passé (c’était dans l’Yonne, Ndlr), cela fait sens de tenir ces universités dans un milieu rural car c’est de là que sont issus ou vivent la majorité de nos milliers d’adhérents et sympathisants. »
De plus, « nous voulions aller cette année en Auvergne-Rhône-Alpes parce que c’est dans cette région qu’ils sont les plus nombreux aussi. Après, cela aurait pu être ailleurs dans la région, dans des zones sans élevages à viande. Mais c’est aussi une pure question pratique d’accès et de disponibilité des lieux. Nous espérons que le propriétaire des lieux ne subira pas de pressions, comme nous l’avons constaté l’an passé et que le voisinage ne sera pas dérangé par ces actions annoncées. Pour ce qui nous concerne, cela ne nous surprend pas. Nous y avons eu droit l’an passé, nous y aurons droit l’an prochain. » REV ne communiquera pas le nombre de ses militants attendus ce week-end. Consigne de sécurité de la préfecture oblige. Celle-ci n’avait sans doute pas besoin de ça dans son calendrier. La courte pause estivale s’achève et les JO n’ont sûrement pas résorbé les fractures aussi multiples que croisées du pays. Dans la Loire, ce week-end, on se replonge dans ce bain à Ouches.