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vendredi 4 octobre 2024
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Le centre médical des 7 Collines se met dans la peau des personnes obèses

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Le Centre médical mutualiste, propriété du groupe Aésio et auquel appartient aussi la Clinique mutualiste de Bellevue, présentait mercredi une combinaison de simulation permettant de se mettre à la place des personnes obèses. Il s’agit de sensibiliser ses soignants à ce qui est un handicap de tous les instants. Et aussi de mettre en avant le développement de son « centre dédié à l’obésité » prenant en charge, aux 7 Collines, les patients avant et après une opération chirurgicale.

S’habiller, se déshabiller : éprouvant dans cette situation que révèle l’utilisation de ce costume de simulation. ©If Média/Xavier Alix

Ne serait-ce que s’habiller est déjà une épreuve. Et pas la moindre. Personnellement, après avoir bataillé avec les bretelles, on a abandonné le défi que représentait la prétention de remettre nos chaussures : trop montantes, trop difficile. Comme quelques autres journalistes ce mercredi, nous sommes venus essayer la combinaison de simulation de l’obésité « Barisuit ». Elle a été achetée à l’entreprise britannique Benmor Medical par le Centre médical mutualiste des 7 Collines à Saint-Etienne.

Ce « costume » coûte la bagatelle de 1 000 euros. Il est composé de poids et de coussins en mousse. La combinaison permet de se sentir dans la peau d’une personne qui pèserait un peu plus de 200 kg si vous mesurez 1,75 m environ. Objectif pour le centre médical d’Aésio : faire mieux percevoir à ses soignants les effets de l’obésité et ainsi mieux appréhender les besoins des patients qui en souffrent. « Les équipes vont prendre conscience de leurs difficultés quotidiennes, notamment dans la perte de mobilité et expérimenter ainsi les limites du corps obèse. » Le centre entend ainsi améliorer la prise en charge et l’accompagnement des patients obèses qu’il accueille ici dans un service spécifique avant et après les avoir opérés.

La combinaison « Barisuit » vous met dans la peau d’une personne de plus de 200 kg si vous mesurez 1,75 m. ©If Média/Xavier Alix

Un handicap de tous les instants

Avant les médias, des étudiants infirmiers s’essayaient ainsi à l’expérience. On se cogne en franchissant les portes, on a du mal à s’assoir, à monter et descendre les escaliers, à se coucher sur une table d’auscultation puis de s’en relever sans chuter. La position couchée sur le dos est inconfortable, logiquement pesante. « Bien des patients dans cette situation ont beaucoup de mal à se relever sans assistance. Quelqu’un m’a dit une fois que l’idée de chuter lui faisait très peur au cas où une personne ne soit là pour l’aider… Le costume que nous faisons ici essayer pèse en soit 15 kg. Ce n’est d’ailleurs pas tant une question de poids mais plus de volume pour celui qui va le revêtir », note Stéphane Triolaire, psychomotricien aux 7 Collines situé boulevard de la Palle à La Métare.

Ce n’est pas tant une question de poids mais plus de volume pour celui qui essaie la combinaison.

Stéphane Triolaire, psychomotricien

L’obésité est un handicap de tous les instants, explique le Dr Blanc, « pour marcher, déambuler, s’habiller… Les deux vont ensemble. Le costume simule bien une masse graisseuse. C’est réaliste : l’indice de masse corporelle (IMC), calculé sur le rapport poids/taille peut très bien placer quelqu’un parmi les personnes obèses alors qu’en fait, il a une masse maigre, en raison d’une forte musculature. » Pierre Blanc est l’un des trois chirurgiens avec Christophe Breton et Thomas Solé, opérant des patients obèses au sein de la Clinique mutualiste, située elle à Bellevue. L’établissement, lui aussi propriété d’Aésio Santé n’est pas le seul à le faire à Saint-Etienne : le CHU et le CHPL opèrent également cette pathologie.

Cette tentative de se lever d’une table d’auscultation sera suivie d’une chute (sans gravité). ©If Média/Xavier Alix

Opérer oui mais pas sans la « stratégie du tabouret »

Mais sa démarche s’accompagne d’une prise en charge avant et après l’opération assurée, là, au sein des 7 Collines. Il s’agit, en effet, d’un établissement de Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) polyvalent du groupe Aésio Santé. L’établissement comprend un secteur d’hospitalisation complète (98 lits), un hôpital de jour polyvalent de 15 places. Et enfin, un hôpital de jour qui dispose donc d’une mention « affections des systèmes digestifs, métaboliques et endocriniens » de 12 places. « L’obésité est un problème de société de plus en plus présent, souligne Pierre Blanc. 20 % de la population française est en surpoids ou obèse de nos jours selon l’Obépi contre 15 % il y a 10 ans. Seulement 5 % de ces personnes se font opérer. A la Clinique mutualiste avec, certes, un seul chirurgien, nous opérions 50 personnes par an il y a 10 ans. Aujourd’hui, à trois nous opérons 350 personnes chaque année. »

A la Clinique mutualiste, nous opérons 350 personnes chaque année sur l’obésité. 

Dr Pierre Blanc, chirurgien
Pierre Blanc est l’un des trois chirurgiens opérant des patients obèses au sein de la Clinique mutualiste. ©If Média/Xavier Alix

L’opération permet de perdre en moyenne 30 à 50 kg d’un coup et fait gagner, toujours en moyenne 10 ans d’espérance de vie aux hommes, 15 aux femmes en réduisant par exemple les risques d’infarctus, les cancers digestifs ou encore gynécologiques. Mais ce n’est qu’un outil dans un cheminement de long terme très loin de se limiter au seul passage sur le billard, insiste Pierre Blanc. Il s’agit de préparer l’avant et l’après l’opération, pour ne pas reprendre les kilos perdus (ce qui est le cas de 25 % des opérés en moyenne en France) psychologiquement, diététiquement, sportivement. « C’est ce que nous appelons la stratégie du tabouret car assise sur trois piliers : hygiène alimentaire, activité physique adaptée et enfin, bien être, la souffrance vis-à-vis du regard des autres étant très courante alors que les corps ne sont pourtant pas égaux face au risque d’obésité mais une fois que l’on y est… Tout ça, on peut apprendre à le gérer ici. »

Des capacités de prise en charge doublées

La présence derrière les murs des 7 Collines d’un psychiatre, d’un psychomotricien, d’un diététicien, d’un médecin nutritionnel, d’une infirmière spécialisée et d’un psychologue permet de proposer aux patients d’intégrer des programmes de suivi complets. Les postes cités devraient être doublés d’ici la fin du second trimestre de l’année. Le Centre Médical Mutualiste a, en effet, transformé une portion de son espace de restauration, en partie délaissé depuis la pandémie (un espace restauration sera définitivement affecté à chaque étage), pour créer des bureaux dans ce qui sera un véritable « centre dédié à l’obésité » de 150 m2 doublant les capacités de prise en charge actuelles.

Aésio veut ainsi se démarquer de la concurrence avec ici un investissement plus humain que matériel mais qui appartient à un réaménagement d’ensemble aux 7 Collines, rappelle son directeur Lionel Roesch, à la tête aussi de la Clinique mutualiste (et du centre d’addictologie de Saint-Galmier) : « 1,4 M€ a été investi depuis la fin 2021 pour gagner 900 m2. » 

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