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Le chat sauvage a probablement fait irruption dans le Pilat

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Le Parc naturel régional du Pilat a annoncé cette semaine via sa plateforme Pilat Biodiv’ la très probable présence d’un Felis sylvestris en mars. L’arrivée du chat sauvage forestier dans notre Pilat est neuve. Mais ses séduisantes moustaches ne doivent pas occulter le travail de fourmi mené pour évaluer l’ensemble de la biodiversité au sein de son territoire.

Selon le site de la FNE Loire, Felis sylvestris n’était jusque-là présent que dans l’ouest de la Loire. Photo d’illustration. ©Wikimedia Author GrottesdeHan

Non, un acolyte survivant de feu Dick Rivers n’a pas donné un concert clandestin à Bourg-Argental. Mais il y a bien de très grandes chances qu’un véritable chat sauvage (appelé aussi chat forestier) y ait été observé pour la première fois au sein du Pilat. C’était le 13 mars dernier. On le doit à un piège photo. Le cliché a été transmis au Parc naturel régional (PNR) par un particulier, amateur passionné. Un certain « Thibaut G ». 

« Tous les critères morphologiques correspondent bien : queue touffue et annelée, ligne sombre le long du dos, peu rayé », précise le Parc. Qui cependant avertit : « Il est préférable d’utiliser le conditionnel. Seules des analyses génétiques pourraient confirmer avec certitude qu’il s’agit bien de Felis sylvestris. » Et non pas d’un individu issu du croisement entre sauvage et domestique. Reste que l’échange qu’a eu Régis Didier avec la LPO (Ligue de protection des oiseaux, experte en biodiversité et pas seulement volatile) est encourageant.  

On est quasiment sûr. Tous les critères concordes

Régis Didier, chargé de l’observatoire de la biodiversité au sein du PNR du Pilat

Le chat sauvage : une espèce menacée et jusque-là seulement vue dans l’ouest du département

Aussi pour le chargé de l’observatoire de la biodiversité au sein du PNR, « on est quasiment sûr. Tous les critères concordes. » Des Felis sylvestris, nos contrées devaient encore en avoir leur lot il y a quelques siècles. Comme dans toute l’Eurasie. Même si l’animal, gourmand en espace (3 km2 chacun !), n’a jamais été du genre à pulluler. Jusqu’à ce que l’Homme accélère la déforestation à tout va. Car comme son nom l’indique, notre chat sauvage qui fuit l’Homme comme un virus, affectionne les forêts denses. Il a donc bien failli disparaître.

Le chat forestier est toujours considéré comme menacé au niveau européen. Et, depuis les années 1970, c’est une espèce protégée sur l’ensemble de son aire de répartition. « Il était autrefois chassé pour sa fourrure et ses habitats détruits, explique France Nature Environnement Loire sur son site. À partir de 1979, son inscription sur les listes d’espèces protégées contribue à la stabilisation de ses populations. Depuis lors, le chat forestier semble en expansion en France, bien présent dans tout l’ouest ligérien. »

La photo prise le 13 mars à Bourg-Argental par le système d’un particulier Wildcamera. Fournie par la PNR du Pilat.

La plateforme interactive Pilat Biodiv’ relève 3 242 espèces

Dans le Pilat en revanche, son irruption est nouvelle. « Il y a peut-être eu une observation en 2005 mais elle est beaucoup plus incertaine », précise Régis Didier. Felis sylvestris vient en tout cas s’ajouter aux quelque 3 242 espèces relevés par 395 271 observations dans 50 communes illustrées par 7 219 photos que l’on peut retrouver sur la plateforme interactive Pilat Biodiv’. « Nous l’avons créé en décembre 2019 après plusieurs années de travail. C’est un outil libre d’usage, sympa pour le public avec ses photos, ses cartes. Un portail de restitution de données inspiré par le Parc national du Mercantour mais non contributif. La majeure partie des observations ne vont pas plus loin que 2010. »

Le Parc du Pilat coordonne un observatoire de la biodiversité, pour mieux connaître l’état et l’évolution de la faune et de la flore. Il alimente Pilat Biodiv’. Mais le parc se base aussi sur les données de nombreux acteurs : LPO, FNE, CNE, CBNMC, fédérations de chasse et de pêche. Et parfois aussi, quelques particuliers. Des amateurs très éclairés comme dans le cas de notre sauvage moustachu. Si bien que flore, vertébrés et invertébrés ont ici tous droit de cité.

Mesurer l’évolution de la biodiversité ? On manque encore beaucoup de recul

Régis Didier, chargé de l’observatoire de la biodiversité au sein du PNR du Pilat

Une connaissance qui s’affine chaque année

Si un Atlas communal – programme qui a d’ailleurs permis l’émergence de Pilat Biodiv’ – est en cours de finalisation sur l’ensemble des communes du Parc, peut-on se servir de ces outils pour mesurer l’état de la biodiversité ? Voire son évolution au regard du changement climatique ? Des tendances (non analysées finement) sont visualisables ici. Mais « on manque encore beaucoup de recul. C’est trop tôt », tempère Régis Didier.

Le Parc du Pilat dispose, cependant depuis l’an dernier d’une nouvelle carte des végétations. Un outil très utile pour l’aménagement du territoire. Et il propose à des bénévoles de participer à la veille écologique réalisée sur des plantes rares (« Observatoire de la flore »). Enfin, des inventaires ponctuels d’espèces faune ou flore sont réalisés par le Parc, pour améliorer les connaissances naturalistes.

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