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Le Parc du Pilat travaille son extension sur la Haute-Loire et l’Ardèche

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24 communes et près de 30 % de sa superficie actuelle pourraient s’ajouter au périmètre actuel du PNR (Parc naturel régional) du Pilat en 2026. Une hypothèse étudiée dans le cadre de la révision de sa charte. Mais son objet ne se limite pas, loin de là, à cette extension. Lancée pour les quatre ans qui viennent, elle doit conduire ses actions pour 15 ans, jusqu’en 2041 et conditionne le renouvellement de sa labellisation par l’Etat.

Le territoire est classé en tant que Parc naturel régional depuis 1974. ©JT

C’est la cinquième fois que le Parc du Pilat se prête à l’exercice. Cette fois-ci, la charte révisée sera valable 15 ans, de 2026 à 2041. Une révision exigeant à elle seule plus de quatre ans de travail et un coût non négligeable en études (200 000 euros dans le cas du Pilat), les législateurs ont jugé bon, en 2016, d’allonger leur durée de trois ans.

À la différence d’un parc national, d’une réserve naturelle ou d’un site classé, le syndicat mixte qu’est un PNR (Parc naturel régional) ne dispose d’aucun pouvoir réglementaire. Mais sa charte conditionne son classement par l’Etat via un décret du Premier ministre et sur proposition du conseil régional, son principal financeur qui a la compétence, si un nombre suffisant de communes la valident. Elle engagera alors les collectivités signataires – communes et intercommunalités mais aussi Département(s) et donc la Région –  à respecter ses recommandations.  

Répondre à la pression foncière qui pèse sur le Pilat

Souvent, ce qui est écrit dans la charte, se retrouve, ensuite, dans les réglementations

Sandrine Gardet, directrice du PNR du Pilat

« Prenons pour exemple, l’engagement à susciter le développement de l’agriculture biologique pour mieux respecter la biodiversité. Elle ne donne lieu à aucune obligation, la charte n’est pas opposable au tiers. Mais souvent, ce qui s’y écrit, se retrouve, ensuite, dans les réglementations », souligne la directrice du Parc du Pilat, Sandrine Gardet. Ayant pour objet la conciliation, la mise en valeur et la protection de patrimoines naturels et humains, un PNR comme le Pilat, par ailleurs déjà très peuplé par rapport à la moyenne est, par exemple, confronté à une forte pression démographique, d’autant plus avec la crise sanitaire, vorace en foncier.

Dans les années 2000, sa charte a anticipé des réglementations pour contrer l’artificialisation croissante des sols que l’on a ensuite retrouvées dans les Scot (Schéma de cohérence territoriale) guidant les Plu (plans locaux d’urbanisme). Résultat : si 380 ha – sur 70 000 ha de superficie totale – ont été artificialisés sur la période 1999-2005, le chiffre est tombé à 200 ha de 2009 à 2018, ne dépassant que de 10 ha les objectifs du parc. La charte actuelle du parc arrive à échéance en 2025. Les 4 ans de travail qui viennent de débuter visent à tirer les enseignements de de la précédente (bilan). Puis à identifier les nouvelles problématiques (diagnostic) avant de définir son nouveau projet de développement durable qu’est la charte).

Il faudra davantage prendre en compte le changement climatique

« Nous avions déjà travaillé à un bilan du précédent document, à mi-parcours, en 2018. Il était conforme à nos espérances avec des bémols que l’on risque de retrouver dans le bilan final. Comme une prise en compte trop lente des défis qu’incombe le changement climatique », note Sandrine Gardet. Le Pilat est, par exemple, de plus en plus confronté aux problématiques autour des ressources en eau. Cette 5e révision innove d’ailleurs en ajoutant aux instances de concertation la « nature », représentée par du moins des structures « officielles » comme l’Office français de la biodiversité, le Conservatoire botanique, le Conservatoire des Espaces Naturels… « Des organismes reconnus pour leur valeur scientifique et leur indépendance. Ils représenteront l’intérêt de la nature lors de l’élaboration du projet de territoire ».

Projet d’aménagement, de développement économique, social, culturel et paysager se voulant respectueux des espaces naturel, la charte détermine les objectifs du parc, les programmes d’équipements, les mesures à adopter, les règles de fonctionnement et de gestion. Mais aussi ses limites spatiales. Or, sa révision étend son périmètre d’étude à 15 communes de l’Ardèche et six de la Haute-Loire ainsi que des nouvelles portions de territoires pour deux du Gier mais situées du côté du Rhône (sur lequel le parc est déjà présent depuis les années 80) et enfin Le Chambon-Feugerolles, déjà « ville porte ».

En vert, le périmètre du parc, en orange l’extension envisagée.

Une extension du PNR du Pilat sur 24 communes

Le PNR du Pilat est un des plus petits de France mais l’idée n’est pas de grossir pour grossir

Sandrine Gardet, directrice du PNR du Pilat

Les territoires de 75 communes – en totalité pour la plupart, en partie pour certaines -, seraient ainsi désormais concernés contre 51 actuellement (en comptant les « villes portes » que sont par exemple aussi Saint-Chamond et Saint-Etienne). L’agrandissement envisagé représente près de 30 % sa superficie et 24 % de sa population actuelles. « Le PNR du Pilat est un des plus petits de France mais l’idée n’est pas de grossir pour grossir, assure Sandrine Gardet. Le massif du Pilat, géographiquement parlant comme pour ses enjeux humains et naturels ne s’arrêtent pas à son périmètre actuel, ni à certaines limites administratives. Une continuité de sa politique sur ces zones soumises aux même problématiques est logique. »

La fusion des Régions Auvergne et Rhône-Alpes qui avait étudié cette possibilité d’extension chez sa voisine en 2008, aide à aller dans ce sens. Aux yeux du parc, il y a une logique géographique : couvrir l’ensemble des communes qui s’inscrivent dans la continuité du massif du Pilat, le long de la ligne de crêtes allant du Mont Monnet au Grand Felletin (Riotord, Saint-Julien-Molhesabate, Saint-Bonnet-Le-Froid, Vanosc, Monestier et Saint-Julien-Vocance). Il y a aussi, une logique environnementale (caractéristiques paysagère et de biodiversité) et humaine (ruralité, économie, Histoire, patrimoine) et donc de continuité des mesures appliquées.

Les communes sollicitées n’en ont pas toutes envie

Mais si une intercommunalité comme Annonay Rhône Agglomération est venue d’elle-même solliciter cette extension pour des communes de son territoire, certaines municipalités de Haute-Loire ou d’Ardèche ne se montrent pas aussi enthousiastes. « A nous de les convaincre que l’intérêt d’adhérer est largement supérieur aux contraintes. Les communes entrantes bénéficieront de nouveaux accompagnements financiers de la part de la Région, de l’Etat ou de l’Europe. »

Après des réunions à Saint Marcel-lès-Annonay puis Trèves il y a une semaine, des ateliers de construction avec les habitants se poursuivent vendredi 8 octobre à Marlhes (salle des fêtes à 18 h 30) puis samedi 9 à la Terrasse-sur-Dorlay (salle des fêtes à 9 h 30) et enfin vendredi 15 octobre à Maclas (salle des fêtes à 18 h 30). L’élaboration du projet sera effectuée en 2022 en concertation avec tous les élus, les acteurs et les habitants du territoire. L’enquête publique en 2024 avant validation finale des collectivités adhérentes puis de l’Etat.

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