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mercredi 24 avril 2024
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« L’Enise reste à Saint-Étienne et le restera toujours »

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Le 1er janvier 2021, l’École nationale d’ingénieurs de Saint-Étienne (Enise) va être intégrée à l’École centrale de Lyon (ECL). Nous avons souhaité savoir ce que ce nouveau statut va changer pour l’école stéphanoise. Rencontre avec son directeur, François-Marie Larrouturou.

L’Enise a été créee en 1961, se situe sur le campus de la Métare et propose trois diplômes de spécialité (génie mécanique, civil et physique) © NB / If Média

Vous avez indiqué dans l’annonce de l’intégration de l’Enise au sein de l’École centrale Lyon que ce projet provenait de deux éléments : d’abord le travail commun entrepris depuis plus de 25 ans entre les deux écoles mais également la demande en 2013 faite par le ministère de l’enseignement supérieur sur la création d’un partenariat futur entre votre école et un autre établissement d’enseignement supérieur du site Lyon/Saint-Étienne. Pourquoi le ministère avait-il fait cette demande ?

François-Marie Larrouturou : Le ministère avait fait cette demande dans le cadre d’une loi nationale (la loi ESR, NDLR) afin que les établissements se regroupent pour avoir une certaine taille. Ce changement permettant d’accéder à une meilleure visibilité au niveau national et international mais également pour le recrutement des étudiants. La ministre, encore actuellement, nous a reproché à nous, directeurs d’écoles, qu’il existait 13 000 formations différentes en France. Il y a un objectif de limiter le nombre d’établissements, que ces derniers soient mieux organisés et fonctionnent bien, en rendant plus cohérente l’offre de formation.

Le nouvel établissement fera partie des 12 plus grandes écoles d’ingénieurs de France par le nombre d’élèves qui se situera à plus de 2500.

Le fait de se rapprocher de Centrale Lyon apparaissait naturel pour l’Enise ?

Oui, à l’époque, quatre dossiers ont été présentés au Conseil d’administration de l’Enise. Tout a été fait de manière très correcte. Il y avait un petit groupe de travail portant chaque proposition. On retrouvait l’École des arts et métiers, proche de l’Enise par les aspects techniques et mécaniques correspondant à la première spécialité de l’Enise lors de sa création en 1961. Un dossier avec l’Université Jean Monnet mettant en avant la proximité et l’existence d’une école interne Télécom. Ensuite, un dossier avec l’École des Mines de Saint-Étienne avec qui nous partageons des sujets de recherche et des partenaires. Enfin, se trouvait le dossier de l’École Centrale de Lyon. Le conseil d’administration a choisi de manière souveraine cette dernière possibilité car il y avait des connivences, des compréhensions et des sujets partagés entre les enseignants-chercheurs des deux sites d’Écully et de Saint-Étienne.

Qu’est-ce que cette fusion va changer pour l’Enise au-delà d’une meilleure visibilité ?

Cela va nous donner de nouvelles forces. Le nouvel établissement fera partie des 12 plus grandes écoles d’ingénieurs de France par le nombre d’élèves qui se situera à plus de 2500. Notre capacité financière va également changer. Notre nouvelle visibilité va nous permettre d’attirer plus de jeunes chez nous aussi bien au niveau régional que national ou international. Mais aussi, cela nous donnera l’opportunité de mettre en place de nouvelles formations, de nouveaux parcours. Les parcours sont une manière de se former à un sujet plus détaillé au sein d’un diplôme. Par exemple, dans le cadre du diplôme « génie civil », on peut développer un parcours « bois mixte » avec davantage de « développement durable ». Les élèves sont enthousiastes à l’idée de ces changements.

Cela va se concrétiser par exemple par des projets immobiliers portés par le nouvel établissement qui sera beaucoup plus solide financièrement.

Concernant la capacité financière, elle va augmenter de combien ?

Cela va se concrétiser par exemple par des projets immobiliers portés par le nouvel établissement qui sera beaucoup plus solide financièrement. Je pense que ce sera effectif d’ici 2 à 3 ans.

Concernant le nombre d’élèves présents à Saint-Étienne, il va augmenter ?

Pour le moment, il n’y aura pas de changement. Nous sommes restreints par la taille de nos locaux actuels. Il n’y aura pas de modification brutale. C’est plutôt dans un an ou deux que nous proposerons à notre tutelle, le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, d’aller vers une augmentation du nombre d’élèves-ingénieurs formés. Cela suit une demande nationale, et que nous avons de la part de nos partenaires industriels. Par exemple, en apprentissage, il y a de nombreuses demandes dans les secteurs du génie civil ou de la mécanique. Le premier objectif pour nous est de réussir cette intégration à l’École Centrale d’un point de vue social mais aussi de bien montrer les excellences des deux sites de ce nouvel établissement. Dans un deuxième temps, il y aura une métamorphose plus complète de l’Enise, tout en conservant son ancrage territorial. Par exemple, nous avons déjà un diplôme commun avec l’École d’architecture de Saint-Étienne… Nous n’avons pas attendu l’intégration pour faire bouger les lignes. Il n’y aura pas une cassure entre le 31 décembre 2020 et le 1er janvier 2021.

Que voudriez-vous répondre à la critique qui pourrait poindre sur le fait que c’est encore une école stéphanoise qui part dans le giron lyonnais ?

C’est une posture un peu irrationnelle. Nous avons tout à gagner de cette intégration. Nous gardons notre nom, nos 3 diplômes, peut-être la possibilité de créer une 4ème spécialité dans quelques années… Nous avons des projets sur le site de Saint-Étienne, notamment grâce à de bonnes collaborations avec toutes les collectivités locales. Il n’est absolument pas question que l’on soit muté de force sur le site d’Écully. Je crois que c’est un faux débat. L’Enise reste à Saint-Étienne et le restera toujours. C’est aussi la force de ce mariage où nous amenons un certain nombre de choses à Centrale Lyon, comme ce lien très intime avec notre territoire. Je rencontre chaque semaine des chefs d’entreprises des secteurs d’activités qui nous concernent. Nous sommes au service de notre territoire et il n’y aucune chance que l’on parte à Lyon.

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