Les Couramiauds renouent aussi avec leur Notre-Dame en attendant davantage
Elu maire il y a un an, Axel Dugua tenait au « pari » d’une réouverture de l’église Notre-Dame au public dès les fêtes de Noël 2024. Emblématique de Saint-Chamond du fait de sa situation, son allure de cathédrale, sa stature, le bâtiment désacralisé par le diocèse sera désormais consacré à des activités culturelles avec même la programmation d’une saison spécifique au printemps. En attendant, 20 ans après la fermeture des portes, le pari de la réouverture a été tenu. La population est invitée à y mettre ou remettre les pieds ce samedi 21 décembre.
Ce dossier aussi n’est pas sans stigmates… Récents, sinon passés, et pas seulement pour les commentaires qui ont accompagné les images de cette imposante statue du Christ décrochée cet été de sa colonne pour être empaquetée et « rendue » au diocèse. Pour ce qui est du futur, du moins celui là, il est clair : l’église Notre-Dame est un bâtiment 100 % laïc, 100 % municipal, extérieur comme intérieur, qui prendra dès le printemps prochain une dimension culturelle et sera d’ailleurs carrément doté de sa propre saison durant quelques mois aux beaux jours. Pour rappel, le dossier sur lequel nous avons publié plusieurs articles depuis 2022, est une arlésienne locale, plus ou moins animée selon les périodes, en tout cas vieille de quatre décennies, qui vient enfin de trouver son dénouement.
Erigé place de la Liberté au début des années 1880 en lieu et place d’une précédente église du début du XVIIe siècle baroque et analogue à celle de Saint-Pierre à Saint-Chamond, l’édifice ne manque pas d’allure et de proportions – analogues à une cathédrale : plus de 1260 m2, 20 m sous plafond – mais a longtemps manqué de solidité. Sa pierre friable, a terriblement subi l’usure du temps et d’un environnement urbain peu clément. L’église a été flanquée d’échafaudages des années 1980 au tournant des années 2000 quand la municipalité Ducarre décide de lancer de lourds travaux de rénovation. Mais la technique utilisée – par injection de pierres – se révéla dangereusement inadaptée. A la suite d’un risque d’effondrement, en 2004, la flèche de l’un des clochers avait d’ailleurs été démontée. La même année s’y est tenue son ultime cérémonie catholique, pour le Pentecôte. Depuis, les portes ont fermé au public pour ne jamais rouvrir.
D’autres travaux dans les cartons
Sous la majorité de Philippe Kizirian, un référendum avait demandé en 2009 aux Saint-Chamonais s’il ne valait mieux pas arrêter les frais là et carrément démolir. Ce sera non : 80 % des votants ayant opté pour que la restauration – aussi coûteuse qu’une démolition en investissement mais scellant un entretien de nos jours à 500 000 € par an – soit achevée. 6 M€ auront été finalement engloutis en travaux sur les 20 dernières années dans le bâtiment dont 1,2 M€ pour le sécuriser définitivement sur la fin du premier mandat d’Hervé Reynaud. A cette époque, le diocèse faisait le constat qu’il lui était impossible de poursuivre le chauffage et l’entretien intérieur (sa part du « contrat », le bâtiment rentrant dans le compromis de la loi de séparation Eglise / Etat de 1905) alors même que la fréquentation en déclin de ses offices était très loin d’exiger la réouverture des lieux.
Elle a donc été désacralisée discrètement par le diocèse en avril 2022 pour donner entièrement les mains à la municipalité. La préfecture a officialisé le nouveau statut en septembre de la même année et donc la sortie de Notre-Dame de Saint-Chamond de la loi 1905. Il y avait très peu de chances que le serpent de mer se tourne vers un autre scenario : la municipalité Reynaud réfléchissait d’ailleurs depuis des années à investir dans une rénovation / requalification intérieures conséquentes, évoquant une somme de plus de 4 M€ à y consacrer sans acter pour autant un projet en attendant la décision de l’Eglise. Cette dernière prise, c’est le contexte politico-financier qui a amené le report de ces travaux sine die, avant même qu’Axel Dugua ne succède il y maintenant 14 mois à Hervé Reynaud à la tête de la mairie couramiaude. L’idée, à un moment envisagé, d’y installer l’office de tourisme métropolitain, semble de côté.
« Nous continuerons à appeler les lieux Notre-Dame »
Rapidement toutefois, « j’ai demandé aux services patrimoniaux et culturels de tout faire pour que les Saint-Chamonais puissent remettre ou mettre les pieds dans Notre-Dame lors des vacances de Noël. Nous savons que l’attente autour de ce bâtiment, pour le redécouvrir est très forte et que la réouverture, donc sa réappropriation ne doivent pas attendre », a recontextualisé début décembre Axel Dugua, annonçant un créneau d’ouverture au public, ce samedi pour le début des vacances scolaires comme il le projetait déjà devant la presse il y a un an. « Bon… quand je l’ai demandé, on m’a regardé avec des gros yeux, sourit-il. Ce n’était effectivement pas quelque chose de simple mais le pari a bien été tenu, merci à nos équipes. » Il ne s’agit donc que d’une étape, en préambule, rappelle la municipalité en attendant de déterminer la nature des travaux suivants et dans quelle ampleur. Etape à 377 000 € tout de même pour rendre légalement et décemment possibles l’accueil de 300 personnes à la fois maximum. Cela avec le soutien de l’Etat au titre de la DSIL pour 153 000 €.
Il s’agissait de purger les voûtes, nettoyer une impressionnante couche de poussière, rendre accessible aux PMR – d’où la porte et l’ouverture créées et fondues dans le décor rue du Presbytère – et enfin, de procéder à une mise aux normes électriques. La surprenante charpente métallique façon Eiffel d’époque exposant en effet l’ensemble aux dangers beaucoup plus fortement qu’une charpente en bois massif. Un nouvel éclairage led a été enfin mis en place : de grandes auréoles, qui évidemment font référence au, désormais, passé des lieux. Si des statues ont été « rendues » au diocèse, l’autel et le pupitres démontés, nombre d’éléments du sacré chrétien restent : les vitraux pour commencer mais aussi ce qui appartient, gravé ou bâti, à la pierre ou encore du mobilier, comme les confessionnaux. « Nous continuerons à appeler les lieux Notre-Dame et il hors de question de nier cet aspect, et l’histoire des lieux », a répété début décembre Axel Dugua.
Une première saison test en 2025
Reste que dans le fond, ce ne sera plus un chœur qui fera face à des fidèles mais une scène plate toute trouvée de 260 m2 face à des spectateurs. Après une cérémonie de coupage de ruban vendredi 20 décembre réservée aux officiels, c’est le lendemain de 17 h à 20 h que les Saint-Chamonais et autres sont invités à venir visiter, ou revisiter, les lieux par le biais d’un spectacle de lumières. Un autre, gratuit – le premier profane en 140 ans –, celui de la compagnie Voltaïk qui finit là sa résidence municipale, doit enchaîner dans la soirée mais celui-ci était déjà complet à l’heure où la municipalité rencontrait les médias locaux. De la danse et des concerts donc avec cet écueil de l’acoustique difficile qui n’a pas échappé aux oreilles de François Morange, conseiller délégué patrimoine, et des services culturels. La musique qui sera jouée ici doit y être adaptée au mieux, sans rentrer « en concurrence » avec ce qui se joue déjà Saint-Pierre. Notre-Dame a pour elle cet atout que représente un harmonium de haute valeur patrimoniale, remis en état aux frais de la mairie.
D’autre part, d’autres travaux complémentaires pourraient prochainement intervenir pour améliorer l’acoustique en posant des revêtements en liège sur les murs du chœur. Autre angle culturel : l’espace d’exposition créé ici : 1 000 m2 qui ne seront pas de trop, affirme encore la municipalité au regard des dizaines de sollicitations du monde associatif qu’elle assure avoir reçues. Au point de lancer la création d’une petite saison culturelle annuelle spécifique aux lieux printemps/été. Le premier opus, 2025 donc, à valeur de test, est en cours d’élaboration avec une quinzaine d’associations locales les plus enthousiastes.