Les intermittents du spectacle reprennent du service
Pour les intermittents de la Loire, hors de question d’attendre que l’orage passe en regardant le noir du ciel. Depuis maintenant près de 3 semaines, plusieurs d’entre eux mettent en effet leurs compétences au service des autres.
Ils sont les premiers à s’être retrouvés sur le banc de touche, avant même le confinement. Privés d’emploi, anxieux à l’idée d’un avenir plus qu’incertain… Dès le début du mois de mars, les intermittents du spectacle ont découvert brutalement l’impuissance, face à une épidémie qui nous dépasse tous. Sauf que dans notre région, ce sentiment n’aura finalement pas duré bien longtemps. Inactivité subie ? Repos forcé ? Non merci, très peu pour eux. Une fois digérée un peu l’angoisse de l’après, les intermittents de la Loire ont décidé de retrousser leurs manches, et de mettre bénévolement leur savoir-faire au service de la solidarité.
« En discutant avec les copains de Lyon, nous sommes arrivés à deux constats. Le premier, c’est que lorsque nous travaillons sur des festivals, nous montons des scènes entières en quelques jours seulement, détaille Gio Garcia, régisseur général et directeur technique pour de très nombreux événements du département. On est aujourd’hui en mesure de monter des chapiteaux, d’alimenter des sites en eau potable et en électricité en très peu de temps. Nous savons faire ça. Le deuxième constat, c’est qu’actuellement, tout le matériel dont on dispose habituellement pour monter des manifestations dort dans des entrepôts… »
Appels au réseau et deux coup de cuillère à pots
Il n’en fallait pas plus qu’une simple discussion entre copains. En quelques appels au réseau et deux coups de cuillère à pots, les coordinateurs du projet ont pu confectionner deux listes, bases de toute action qui pourrait ensuite être menée. Une première, recensait alors tous les intermittents opé’ pour prêter main forte en cas de besoin. Une deuxième, tout le matériel que ces derniers pourraient avoir à disposition. « Nous avons contacté tous nos prestataires habituels, de Mag Scène au Fil, et tous ont joué le jeu en acceptant de nous prêter du matos dès qu’on en aurait besoin. Même chose chez les intermittents techniciens, puisqu’environ 80 d’entre eux sont aujourd’hui volontaires pour donner de leur temps », poursuit le régisseur.
Il y a maintenant près de trois semaines, les intermittents désormais réunis en collectif ont ainsi pu mener leur première action à Saint-Étienne, auprès de la Croix Rouge. En quelques heures, ces derniers ont en effet mis sur pied un sas de décontamination des denrées destinées à être distribuées ensuite par l’association, sous une tente de 3 mètres par 3, autonome en électricité et en eau. Et, quitte à donner un coup de main, ils en ont profité pour carrément intégrer les équipes de bénévoles, et participer aussi à la décontamination et à la distribution des colis.
À Sainté, une grande famille d’intermittents solidaires
« Aujourd’hui, nous sommes au point structurellement, souligne Gio. Nous nous sommes faits connaître auprès du Département, au cas où d’autres structures auraient besoin de nous. A Lyon par exemple, le collectif a de son côté monté une couverture de scène pour que le Samu puisse laver et désinfecter ses ambulances. En attendant d’autres missions, deux équipes d’intermittents se relaient auprès de la Croix Rouge pour l’aider dans ses tâches quotidiennes. Ce n’était pas notre volonté première, mais nous sommes finalement très contents de pouvoir aussi démontrer qu’à Sainté, les intermittents sont avant tout une grande famille solidaire. »