Montbrison veut faire rénover 150 logements dans son cœur de ville d’ici 2027
Aux côtés de ses partenaires – Etat, Département, agglomération Loire Forez –, la Ville de Montbrison a présenté le lancement de sa première Opération programmée d’amélioration de l’habitat Renouvellement urbain (OPAH RU). Objectif : ressusciter l’attractivité de son habitat vétuste en « cœur de ville » en incitant au mieux ses propriétaires éligibles à profiter d’une foule d’aides financières pas toujours lisibles.
Ça se croise, s’entrecroise, ça s’empile et ça fourmille. Au détriment de la lisibilité, de l’accessibilité. Les aides nationales et locales aux travaux de rénovation de logements anciens ? Une petite jungle technocratique peuplée de sigles prompte à susciter, davantage encore qu’une déclaration fiscale, une phobie administrative que même un haut cadre des collectivités locales ne nierait pas. Alors pour défricher efficacement, que vous ayez une rémunération de secrétaire d’Etat ou des revenus très modestes, en tant que propriétaire concerné à Montbrison, « deux seules choses à retenir », synthétise Christophe Bazile, maire de Montbrison et président de Loire Forez : un lieu unique pour un numéro d’appel tout aussi unique. C’est-à-dire la MDHL (Maison départementale de l’habitat et du logement) locale, 43, rue de la République que l’on peut contacter au 04 77 96 56 66. Gage à cette porte d’entrée de faire économiser la première salve d’aspirine en orientant là où il faut chaque demande.
Mercredi, la municipalité, Loire Forez, le Département et l’Etat, via la DDT, présentaient le lancement de l’animation de l’Opération programmée d’amélioration de l’habitat renouvellement urbain (OPAH RU) de la Ville de Montbrison et les moyens mobilisés par les collectivités en faveur de la rénovation de l’habitat. Déjà engagée depuis 2018 dans une démarche accompagnée par l’Etat de dynamisation avant tout commerciale et esthétique de son centre-ville par sa sélection au sein du programme national Action cœur de ville, via ce dispositif, Montbrison s’attaque maintenant à ses logements vétustes au sein d’un périmètre correspondant à un centre-ville élargi : intra boulevard, secteur Madeleine, faubourg Saint-Jean, secteur Comtes de Forez.
Le centre-ville de Montbrison a 27 % de logements vacants
Si dans cette zone, vous êtes propriétaire occupant, propriétaire primo accédant sous plafond de ressources du prêt à taux zéro ou propriétaires bailleurs privés (personnes physiques ou SCI) de logements ou immeubles vieux de plus de 15 ans, les travaux que vous envisagez sont éligibles à ces aides. Au sein de la MDHL, les acteurs liés par l’OPAH RU – l’Etat avec son « Anah », l’agglomération Loire Forez, la Ville, l’association Soliha Loire pour monter les dossiers et enfin, « hôte » de tout ce beau monde, le Département de la Loire – se coordonnent, conseillent, tiennent des permanences et accompagnent gratuitement et individuellement chaque projet, susceptible d’obtenir l’accord d’aides financières selon la nature des travaux. Par exemple, une rénovation énergétique, le regroupement de petits appartements en plus grands pour accueillir des familles, la création d’un ascenseur ou tout autre initiative allant dans le sens de l’adaptation et de l’accessibilité d’un logement.
Enfin, en « secteur OPAH, les propriétaires primo accédants peuvent cumuler les aides financières liées aux rénovations avec le prêt à taux 0 % pour l’achat de leur résidence principale ». Voilà l’enjeu à échelle individuelle. A l’échelle collective, celle de la gestion d’une municipalité, il s’agit de lutter contre le dépérissement du centre-ville en réduisant la vacance dont souffrent ses logements. Car même une cité comme Montbrison, pas vraiment réputée pour être la plus en difficulté du département, n’y échappe pas avec 27 % de ses logements vacants en centre-ville, soit plus de 500 qui n’ont pas d’occupants. « Un OPAH RU, c’est une première à Montbrison, souligne Christophe Bazile. Oui, désormais même pour une petite ville moyenne et son agglo comme les nôtres, il y a nécessité de dépenser de l’argent public pour susciter l’investissement privé dans l’habitat. Et c’est bien sûr plus complexe encore qu’un aménagement classique de l’espace public ou la création d’un équipement. »
« Le renoncement au pavillonnaire » se joue là
Depuis le lancement du dispositif Cœur de ville, poursuit Christophe Bazile, « au niveau des locaux commerciaux, on est passé de 13 à 7 % de vacance. Il n’y a donc pas de fatalité et si on tient le même rythme avec les logements à rénover, vétustes, voire indigne, ce sera formidable. Notre objectif est, déjà, d’en avoir rénovés 150 d’ici 2027. » Adopté par la municipalité en décembre dernier, l’OPAH RU de Montbrison, la 8e du département, concerne également une requalification, dans un premier temps (4 sont visés à plus long terme) des deux ilots urbains dit « Martin-Bernard » et « Saint-Jean » par des rachats publics. Il s’agira là plus particulièrement d’améliorer au-delà des logements et des commerces, l’aspect global en « curant » ici ou là, plus qu’en détruisant massivement. Contrairement à ce qui a été trop fait aveuglement dans les années 70, mettant en avant le sous-préfet Jean-Michel Riaux, lors de la présentation mercredi : « Tout cela pour du neuf aux choix architecturaux très contestables, 50 ans après. »
Quitte à être brutal, disons-le : il convient désormais d’abandonner petit à petit le modèle pavillonnaire pour plus de sobriété, notamment foncière.
Jean-Michel Riaux, sous-préfet de Montbrison
Comme un écho assumé aux déclarations hérissantes, pour beaucoup, de l’ex-ministre du Logement, Emmanuelle Wargon en 2021, selon le représentant de l’Etat, ce qui se joue là, « c’est le renoncement indispensable au modèle pavillonnaire dont ce territoire (le Forez Ndlr) a tant abusé ». A l’instar du dispositif Petites villes de demain destiné, lui, à la strate communale juste en dessous, « quitte à être brutal, disons-le : il convient désormais de l’abandonner petit à petit pour plus de sobriété, notamment foncière. En ce sens, cette OPAH RU est exemplaire puisqu’elle vise à redynamiser l’attractivité de la centralité ». C’est-à-dire sa capacité à y faire élire à domicile. Pour ou contre cette orientation écologico-socio-urbaine qui, mécaniquement, épargnera les rétifs les plus riches, le rythme imposé par la loi zéro artificialisation fait que les collectivités n’ont de toute façon pas le choix, avait émis à son adresse Christophe Bazile peu avant. D’où la nécessité d’inciter et donc de se coordonner vite, ici comme ailleurs. A Montbrison, l’OPAH RU donnera lieu dans les années qui viennent à 2,3 M€ d’aides aux particuliers de l’Anah (Etat), 500 000 € de Loire Forez (dans le cadre de son « PIG »), 700 000 € de la Ville.
Permanences à la MDHL (Maison Départementale de l’Habitat et du Logement) 53, rue de la République les 1er et 3e lundis matins du mois, sur rendez-vous avec Soliha Loire. N° d’accueil unique : 04 77 96 56 66.