Opposition à la réforme des retraites : « Aucune raison pour que ça s’arrête »
Huitième journée de mobilisation demain dans la Loire comme dans tout le pays. La première un mercredi. Et ce n’est pas un hasard puisque se tient le même jour – à huis clos – la commission mixte paritaire sur la réforme des retraites. Le texte qui en sortira sera, jeudi, soumis au vote du Sénat puis de l’Assemblée nationale à moins qu’un 49.3 ne s’impose… Dans la Loire, l’intersyndicale entend toujours et encore ne rien lâcher.
Ce n’est pas vraiment une France et donc une Loire à l’arrêt, ni même une « économie à genoux » que l’on observe depuis mardi dernier. Question de temps ? En attendant de savoir si la « phase II » fera ou non long feu, les actions, grèves, débrayages et autres mouvements localisés depuis une semaine seraient cela dit un peu long à tenter de recueillir et lister exhaustivement. Dans le privé ou dans le public, ils se comptent, tous confondus, en dizaines de cas, estime l’intersyndicale Loire. Au-delà des grèves, si visibles dans les transports (SNCF certes et Stas), l’université, celles au sein des collectivités, agents routiers du Département ou encore blocage du Centre technique municipal de Saint-Etienne, citons cependant les initiatives spectaculaires ou menaçant de l’être de la part de la CGT Mines-Energies déjà relatées ici et là, ou plus récemment au niveau du site RTE avec la coupure des distributeurs de banques et terminaux de paiement à Saint-Étienne selon Le Progrès.
Les menaces ? on les laisse au Président vis-à-vis de sa propre majorité.
Mireille Carrot, secrétaire générale de l’UD CGT
« Encore une fois, en tant qu’intersyndicale nous ne contrôlons pas et n’avons pas à contrôler ces initiatives. Il n’y a pas de coordination de notre part. Mais oui, la colère face au mépris peut aller loin. Ce ne sera pas notre responsabilité. Nous, on ne menace pas. On laisse les menaces au Président vis-à-vis de sa propre majorité… Quant à nos appels à manifester, il n’y a aucune raison pour que ça s’arrête », relève Mireille Carrot, secrétaire générale de l’UD CGT Loire. Peu importe l’ampleur variable de toute façon attendue des mobilisations, les hauts comme le 7 mars ou les bas comme le 11. Peu importe aussi, la bataille police vs syndicat, si marquée à Saint-Etienne, sur les chiffres, l’intersyndicale martèle encore et encore en quoi elle juge cette réforme injuste, en quoi elle a des contre-propositions : fin des exonérations sur les cotisations salariales « obtenues par les grandes entreprises sans contrepartie », fiscalité plus juste entre petites et grandes entreprises, sur les revenus du capital, lutte contre l’évasion fiscale, égalité salariale homme-femmes, politique de maintien en activité des seniors…
Cinq députés sur six rencontrés
Tout cela pourrait largement ramener les milliards qui finiront, certes, reconnaît-elle par manquer mais sans qu’il y ait péril dans la demeure, a redit, mardi, l’intersyndicale Loire au moment de présenter la suite du mouvement. « Au regard du rapport du Cor, de la non-urgence de cette réforme étant donné le déficit du régime générales, de ces mesures violentes sur les salariés alors qu’il existe de nombreuses solutions, des caisses complémentaires en excédent, du revirement du Président sur le report de l’âge par rapport à l’avant Covid, il s’agit d’utiliser cette réforme pour financer autre chose », conclut Jocelyne Roche de la CFE-CGC. Anthony Giraud de l’UNSA Loire ajoute : « Il y a quand même une sacrée incohérence à n’avoir pas résolu le maintien dans l’emploi des seniors et derrière vouloir reporter de 2 ans l’âge de la retraite ! Ce qui va se passer, ce sont des coûts publics qui vont exploser sur le chômage, la maladie, le RSA avec là, pas de cotisations pour les retraites… »
Si le « mépris du gouvernement » vis-à-vis du mouvement d’opposition est manifeste aux yeux de l’intersyndicale nationale comme celles locales, ses représentants de la Loire sont cependant parvenus à rencontrer cinq députés sur six du département à ce sujet, comme elle l’avait annoncée il y a un mois pour connaître (et leur rappeler si besoin) leur choix : « Bon, avec Andrée Taurinya (LFI, Ndlr), on savait déjà ce qu’il en était ! Les LR Jean-Pierre Taite et Dino Cinieri nous ont indiqué qu’ils voteraient contre, le second affirmant qu’il est opposé à la retraite depuis le début. Antoine Vermorel Marques (LR) et Emmanuel Mandon (Modem, majorité présidentielle) louvoient, ne donnent pas une position claire et précise sur ce qu’ils vont voter. Enfin, nous n’arrivons pas à rencontrer Quentin Bataillon (Renaissance) qui a annulé à plusieurs reprises, parfois le matin même le rendez-vous qui avait été fixé… »
Arrêt devant le siège du Medef Loire
Face à « 7 Français sur 10, et même 9 actifs sur 10, contre », « cette attitude méprisante du gouvernement est déplorable, juge Dominique Haon (FO). Avoir fait croire, en plus, que les gens auront grâce à cette réforme un minimum de 1 200 €. Je pense à cette grand-mère d’une collègue qui avec ses 900 € de pension y croyait encore, jusqu’à ce que, cette semaine, sa petite-fille lui explique qu’elle n’y aura en fait pas droit… » Pour Laurent Picoto, secrétaire régional CFDT « le déni démocratique » menace : « Passer là-dessus avec un très probable 49.3, ce sera un grave vice démocratique. Ce texte et la manière dont il va être adopté va laisser des traces indélébiles, dans la démocratie, la société, chez les travailleurs, les syndicats. L’Histoire s’en souviendra… » C’était à la CFDT que revenait mardi l’accueil des médias et l’explication du parcours stéphanois de mercredi : rendez-vous à Châteaucreux, direction Geoffroy-Guichard.
Ce texte et la manière dont il va être adopté va laisser des traces indélébiles, dans la démocratie.
Laurent Picoto, secrétaire régional CFDT
Sur le chemin, un long arrêt est prévu devant le siège du Medef Loire, rue de l’Informatique, où les syndicats liront chacun un texte. Pourquoi le Medef ? « Parce qu’il s’est clairement prononcé pour cette réforme. Ce n’est pas étonnant, les grandes entreprises ne sont obsédées que par leurs seuls profits, qu’il faut sans cesse augmenter, sans se poser d’autres questions, y compris sur les difficultés qu’ils vont avoir en tant qu’employeurs. » A défaut de positionnement officiel localisé, « on ne peut pas en dire autant d’autres organisations patronales comme la CPME, la FBTP ou la Capeb qui savent bien qu’il est irresponsable d’envoyer sur les chantiers des personnes de 64 ans. »